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James Vincent MCMORROW

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dimanche 29 octobre 2017

KING KRULE - The Ooz (2017)





OO
Envoûtant, expérimental, onirique
Beat making, rock alternatif

À l'exception de quelques sursauts inattendus et de moment de groove punk (Half Man Half Shark), cet album imprégné de paranoïa est traversé de tempos lents à en devenir envoûtant. En dehors de ces moments ou la basse de James Wilson bondit, où les percussions révèlent toute l'agressivité de textures indus, métalliques. C'est une amertume, une rancœur intranquille qu’exsude The Ooz, l’œuvre d'un jeune londonien de 24 ans déjà surpris par la solitude et séduit par le sentiment d'altérité.


C’est une amertume, une rancœur qu’exsude The Ooz, l’œuvre d’un jeune londonien de 24 ans déjà surpris par la solitude et séduit par le sentiment d’altérité. Il joue dans cet album à devenir autre.
On se détache de sa voix grave, si peu accordée à son physique. Le londonien des bas-fonds que tous ses amis ont abandonné pour aller vivre en périphérie, c’est un peu l’effet que fait King Krule, goule solitaire sur Slush Puppy.
Sur Lonely Blue, sa voix frémit, dégage une formidable énergie, en dépit d’une palette restreinte. Il s’efface pour nous laisser envelopper des explorations sonores. Il fabrique une galaxie, utilise l’espace pour se décentrer, utilise des voix étrangères et des chœurs.

Andy Marshall est dévoué à produire un disque personnel, reflet de son intégrité, et il ramène la musique à son univers poétique plus qu’il ne la joue, sa pulsation et sa fragilité un thème de l’album. En tout, une quinzaine de participants, musiciens et chanteurs de backing vocals, contribuent à restituer ce rêve de musique.

À première écoute un album monocorde, The Ooz laisse peu à peu échapper le travail acharné pour faire rimer les textures dans une chorale de sons, de sensations qui se télescopent de plus en plus aux alentours pluvieux de la chanson titre. Sa générosité, sa longueur à brûler est bienvenue pour émanciper l'artiste et l'auditeur du malaise de se faire face à face quand l'un exprime un désarroi auquel l'autre n'est pas préparé. Lonely Blue et The Ooz sont de ces ballades hypnotiques. 

Sur Czech One encore, les beats, les voix distordues, les échos déroulent une mélancolie très narrative et urbaine, à tel point que rapidement, on est convaincu de The Ooz raconte une histoire. Les claquements de doigts et le saxophone évoquent un David Lynch, un peu en désuétude. Cadet Limbo, dans son titre évoque In Limbo sur Kid A. Les effets de guitare sur Emergency Blimp renvoient sans plus de doute au kador des groupes anglais. Souvent, le swing de shuffles jazz vient parachever le sentiment urbain, architecture ouverte laissant l'album dans son jus expérimental, respirant. Dans cette veine, Midnight 01 (Deap Sea Diver) qui contient un sample de Temptation Sensation, composition pour série de Heinz Kiessling. La musique de film n'est pas étrangère au travail très illustratif d'Andy Marshall.

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