OOO
spontané, extravagant, attachant
folk, freak rock
La voix sans compromis de Marc Bolan est à découvrir dans ce premier album de Tyranosaurus Rex. La voix et les bongos : c'est les excentricités qui avaient attiré l'attention du producteur Toni Visconti. Aujourd'hui Devendra Banhart a imité cette extravagance et fondé la scène « freak folk ». Avant le glam rock, Bolan a d'abord fabriqué le « freak rock ».
Avec 400 livres, Visconti enregistrera en 4 jours l'album constitué du répertoire de concert de son nouveau poulain, persuadé dès qu'il l'a vu à Tottenham Court Road que Bolan avait le destin d'une star. La configuration en duo, avec le multi-instrumentiste Steve 'Perigrin' Took, acheva de le convaincre. Il envisagea qu'il serait possible d'enregistrer leur musique pour une somme dérisoire, ce que ces 400 livres représentaient, et cela n'aurait pas été le cas avec un groupe classique de quatre musiciens. Sur scène, ils semblaient vraiment complémentaires : le second tapageur avec les percussions mais aussi habilité à produire des backing vocals bien sentis pour le premier. Ils deviennent de belles harmonies sur Child Star ou Graceful Fat Sheba.
Malheureusement, la qualité sonore médiocre de l'album poussera pendant trop longtemps l'artiste (disparu en 1977) et son producteur à défier quiconque de trouver un intérêt à cet album. Il sera remastérisé avec les dernières technologies, pour ressortir en 2015. Visconti n'y verra ainsi plus un gâchis déprimant, mais le véritable potentiel d'un album transcrivant fidèlement le talent du jeune rockeur. La musique du duo est de nature mi-enfantine mi-folklorique, et joue sur un canevas fantaisiste alliant les fables héroïques, des intrigues entre Amérique du Sud et le Proche-Orient. Un ensemble d'inflorescences charmeuses qui séduisent rapidement un public, notamment de jeunes filles avides de divertissement. Il y a pourtant une ombre au tableau, une gravité, celle d'un artiste hanté.
My people were fair and had sky in their hair... se démarque par l'omniprésence d'une guitare acoustique dans le style acid folk, une dynamique qui voit les vignettes s’enchaîner d'une traite, les passages répétés ne sont pas nombreux. On peut toujours s'accrocher à Child Star ou Wielder of Words pour détecter les prémices du glam-rock que T. Rex développera dans sa prochaine incarnation. Mélange d'onomatopées, de phrases spontanées trempées dans sa propre mythologie, les textes entièrement écrits par Bolan peuvent paraître datés, mais ils sont associés à un son sans espace ni temps ni tempo déterminé. C'est un album dont il ne reviendra jamais, ne regardant désormais plus en arrière, et l'auditeur non plus : à la fin, Frowning Atahuallpa (My Inca Love) offre l'un des moments les plus charmants et dépaysants d'une expérience vraiment transcendantale.
Les dernière quarante secondes n'ont que l'apparence d'une bribe inachevée. Contrairement aux albums de Syd Barrett, pour lesquels il fut impossible d'obtenir satisfaction, une fois le son de ce premier album restauré, il apparaît vraiment achevé, comme premier chapitre d'une destinée marquée par la maîtrise de paradoxes et de pôles contraires, Electric Warrior révélant au grand jour cette bataille à peine fantaisiste entre les forces occultes et les séduction spontanées dans la musique de Bolan. Un clair obscur richement détaillé.
Les dernière quarante secondes n'ont que l'apparence d'une bribe inachevée. Contrairement aux albums de Syd Barrett, pour lesquels il fut impossible d'obtenir satisfaction, une fois le son de ce premier album restauré, il apparaît vraiment achevé, comme premier chapitre d'une destinée marquée par la maîtrise de paradoxes et de pôles contraires, Electric Warrior révélant au grand jour cette bataille à peine fantaisiste entre les forces occultes et les séduction spontanées dans la musique de Bolan. Un clair obscur richement détaillé.
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