orchestral, intense, épique
rock, soul
Un album où le rock et la soul sont projetés à plein volume, combinant la densité des émotions, l’audace des arrangements et l’imagination. Les personnes ayant entendu cet album si rare sont restées longtemps parmi les intimes de Kimberley Briggs. La chanteuse, originaire de Nashville, est plus connue pour sa carrière sous le nom de Kim Tolliver, qui enregistrera plus tard une musique un moins échevelée, des ballades chargées de résignation dans la veine de ce qu’elle écrit ici : He’s Still on My Mind et If i Could Work a Miracle.
Un large casting de musiciens produisent une instrumentation tonitruante couvrant presque toute la palette de l’orchestre. La production confiée à Freddie Briggs, alors mari de la chanteuse, parvient encore à faire vivre la subtilité des mélodies malgré l’utilisation de cette pléthore de sons. La présence d’une harpe est révélatrice de cette volonté de profondeur et d’épaisseur musicales. Mais l’intensité de narrations évite Passing Clouds de paraître surproduit. C’est toujours le cas sur le moment le plus extrême de l’album, les neuf minutes de What in This World’s Happening to Love. Kimberley Briggs s’interroge dans l’introduction du morceau, ponctuée de cris stridents et des « hey ! » punchy d’un chœur masculin. La basse rampante, une guitare électrique graisseuse et de l’orgue, créent une atmosphère pleine d’appréhension.
Enfin, Kimberley Briggs introduit son chant le plus mélodieux, de façon théâtrale. Des chœurs en extase font virer l’atmosphère vers une transe spirituelle. La basse, la batterie marquent le tempo, lent et bien funky, tandis que le piano se taille une part des plus importantes dans la mélodie. L’orgue, en exergue, souligne l’exultation d’un chanteur à la voix inquiétante : « Wake up world ! Ouahahahah.... » Le deuxième partie du morceau est l’occasion pour Briggs de hurler presque son message communion. Cette chanson n’est pas la plus évidente à aimer sur l’album : les revirements, et en particulier, les éléments psychédéliques la rendent difficile à saisir. Elle devient au fil des écoutes l’un des moments les plus originaux et intenses de l’album.
La seconde moitié du disque est une suite exaltant la forme narrative. Girl Talk With Parents raconte le début de l’histoire : une jeune femme qui tente d’éloigner son petit ami des excès et des autres femmes. Briggs est autoritaire, sa voix plus grave, un peu rauque, un timbre unique, dans un style parler poussé à son summum. L’orgue, le piano et les bruitages produisent une ambiance de film noir, servant de transition narrative vers la chanson suivante, une version de The Letter très différente de la version plus tardive de Melanie sur Photograph (1976).
Encore une chanson épique, une version possédant bien plus de souffle que celle des Box Tops, qui l’ont popularisée. Le changement de rythme propulse un nouveau groove spatial et laisse s’évanouir la mélancolie si juste du morceau. Mais on la retrouvera sur l’une des plus belles chansons, Leaving on a Jet Plane, dont les notes égrainées à la basse agissent comme un stimulant spirituel.
Une chanson de John Denver, avec une interprète servant sur un plateau sa maturité émotionnelle hors normes.
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