OO
intense, sensible
pop, indie rock, hardcore
Un album concis, prenant le parti d'aller directement vers ce qui provoquera chez leurs jeunes auditeurs le réconfort au milieu de leur désarroi. Sorority Noise abandonne toutes les poses indie rock, les prétentions par lesquelles beaucoup d'autres tentent d'être pris au sérieux. Ce qu'ils ont à faire est tourné vers l'intérieur, nous parle de résolution et de résilience. Et pour bien se situer, entre ses pensées les plus sombres et l'auditeur, le chanteur Cameron Boucher semble émerger à contrecoeur d'un sommeil difficilement gagné. « The last week/ I've slept eight hours total. » commence t-il sur No Halo. Il embrasse la mélodie mieux que jamais, chose remarquable étant donné le ton qu'il prend, celui d'une conversation morne. Ce décalage caractérise la plus belle qualité de l'album, le peu d'efforts qu'il met à atteindre des sommets. Sorority Noise humanise les sentiments que d'autres se contentent d'interpréter. La production atmosphérique, presque douce par moments, fait briller les moindres revirements et donne un relief vertigineux à des chansons pourtant réduites au plus strict nécessaire. Ils excellent avec les tempos lents et suscitent une sérénité sourde avec First Letter From St Sean ou Leave the Fan On.
Cameron Boucher a vécu avec une impuissance encore plus grande, question de génération, ce que Neil Young avait exprimé avec Tonight's the Night : les dommages létaux de la drogue sur son entourage. Plus un suicide, certains diront que ça revient au même, mais pas ici. Chaque cas dépeint dans ces chansons de pop hurlée est éprouvé avec une distinction et une délicatesse que l'on imagine aisément entrer en résonance avec le public 'trash' sensible américain. Cameron Boucher sait pourtant si bien nous engager, à chaque hurlement. Avec l'art d'être frontal tout en nous donnant l'impression d'une apaisante maîtrise, cet album est un tour de force.
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