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mardi 16 novembre 2010

Antony Hegarty - Le cygne soul (5)


Entre la vie et la mort

Une frontière ténue, et on ne peut pas dire que nombreux sont les artistes plébiscités par les médias qui l’aient explorée. C’est ce que fait Antony, après avoir encore laissé passé quatre ans de collaboration diverses dont celle avec Hercules and the Love Affair. Un groupe très dancefloor et décalé qui est le genre de second souffle dont a besoin Hegarty. « Je ne veux pas rester immobile parce que j’ai peur qu’on en profite pour me critiquer ». Un peu l’image de la colombe, qui symbolise tant lorsqu’elle bat des ailes mais perd tout son sens une fois perchée. 
La principale critique que l’on peut lui faire, profitant sournoisement d’un moment où il cesserait de nous enchanter, c’est de dire qu’il se prend trop au sérieux. Et c’est vrai, rares sont ceux dont l’aura projette autant un sens dramatique. Il ne parle jamais de sa musique à demi-mots, et emploie plutôt « tragique », »choquant », « mort », « amour », parce qu’il est sûr que ces mots signifient quelque chose, au moins pour lui, lorsque il déploie les ailes. « Quand vous mettez en avant une chose qui vous interpelle, ou envers laquelle vous éprouvez de la sincérité, il y a un risque. Les gens peuvent dire ce qu’ils veulent à votre sujet, mais le potentiel est là pour un dialogue réjouissant avec le monde. Et c’est dans cet esprit que je fais le travail que je fais ».
Plus que jamais sur The Crying Light, sa voix sert de fil conducteur. Il n’a jamais autant exploré les pôles, depuis le murmure de rancœur jusqu’à la joie capable d’éclater littéralement dans son timbre. On le compare à Nina Simone, à Scott Walker. Chez ce dernier, la voix a la particularité de ne pas éclaircir le sens morceaux, mais de les charger d’encore davantage de mystère.

Dès l’entrée en matière, Her Eyes Are Underneath the Ground, The Crying Light est insondable. “Cette chanson, c’est à propos de la manière dont les enfants s’inquiètent que leurs parents vont mourir un jour, le moment où vous réalisez que personne ne va durer pour toujours » « Puis j’ai pensé que c’était peut-être ma mère qui chantait à propos de sa mère, et ainsi de suite, parce que je suis très intéressé par l’idée d’être le bout d’une ligne de vie qui remonte au début de la création ».  Un « drôle » de jeu de poupées russes, en somme. « Je suis un enfant de la terre, et la terre est ma mère, ou une figure maternelle. Donc dans un sens, la chanson raconte le deuil et la manière dont nous sommes affectés des problèmes d’écologie de notre mère la terre, comme l’est l’enfant affligé pour sa mère ». Epilepsy is Dancing est encore plus surprenante ; mais mieux vaut voir la vidéo réalisée pour cette chanson par les frères Wackovski (Matrix) pour en saisir, sinon le sens, au moins l’idée esthétique. « C’est l’histoire d’une personne qui a des crises. La chanson raconte comment elle est happée par le chaos mais en réchappe ensuite, et elle commence à y voir un motif, à en saisir la chorégraphie ».
Ce qui ramène à la pochette du disque. Elle ressemble assez à celle de son prédécesseur, I Am a Bird Now. Ce dernier représentait une photographie en noir et blanc du performer travesti Candy Darling, égérie de Warhol, sur son lit de mort à l’hôpital ; cette fois, on a une image encore plus désolée du danseur de Butoh japonais Kazuo Ohno, un héros d’Antony Hegarty depuis qu’il le remarqua pour la première fois sur un affiche alors qu’il étudiait en France, étant adolescent. Le plus gros de ce que l’image de Darling représente – l’identité de genre, la performance artistique, l’underground New-Yorkais autour de la Factory de Warhol – est reflété dans la largesse stylistique de  I Am a Bird Now, ainsi que dans son usage d’invités qui incarnaient ces thèmes, comme Lou Reed et Boy George. Le symbolisme de l’image de Ohno est plus simple. Le danseur, cité par Hegarty comme un modèle de «vieillir en tant qu’artiste » a 102 ans et ne peut plus bouger ni parler ; il apparaît dans les limbes entre deux mondes. « Il s’est entraîné jusqu’à ce qu’il ne puisse plus bouger », a expliqué Hegarty au magazine The Wire en décembre 2008. « Ensuite il a continué à effectuer les bons pas au fond de sa tête ».

En mouvement

Si Hegarty est resté un excentrique même chez lui, c’est parce qu’il se sent davantage comme un citoyen du monde ; prêt à chanter en islandais dans ce duo avec Bjork sur son nouvel album Swanlights (2010). Sa relation avec la chanteuse islandaise, icône des années 1990, est révélatrice. Lorsqu’elle lui a proposé deux duos sur sa dernière lubie, Volta (2007), c’était la chance inespérée pour lui de séduire enfin un plus large public que ses propres disques n’avaient pas su toucher. Hegarty  accompagnera la chanteuse sur scène, et sera enchanté par les déguisements dévolus aux danseuses… Antony pourrait être aux années 2000 ce que Bjork était aux années 1990. D’abord une surprise, puis, sur la durée, une sensation qui reste légèrement extraterrestre.

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