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mardi 19 octobre 2010

Antony and the Johnsons - The Crying Light (2009)




Parutionjanvier 2009
LabelSecretly Canadian
GenreFolk alternatif
A écouterEpilepsy is Dancing, Aeon, Another World
OOO
Qualitésoriginal, habité

Traduit de Pitchfork à l’exception du premier paragraphe.
Dès l’entrée en matière, Her Eyes Are Underneath the Ground, The Crying Light est insondable. Cette chanson, c’est à propos de la manière dont les enfants s’inquiètent que leurs parents vont mourir un jour, le moment où vous réalisez que personne ne va durer pour toujours » « Puis j’ai pensé que c’était peut-être ma mère qui chantait à propos de sa mère, et ainsi de suite, parce que je suis très intéressé par l’idée d’être le bout d’une ligne de vie qui remonte au début de la création ».  Un « drôle » de jeu de poupées russes, en somme. « Je suis un enfant de la terre, et la terre est ma mère, ou une figure maternelle. Donc dans un sens, la chanson raconte le deuil et la manière dont nous sommes affectés des problèmes d’écologie de notre mère la terre, comme l’est l’enfant affligé pour sa mère ». Epilepsy is Dancing est encore plus surprenante ; mais mieux vaut voir la vidéo réalisée pour cette chanson par les frères Wackovski (Matrix) pour en saisir, sinon le sens, au moins l’idée esthétique. « C’est l’histoire d’une personne qui a des crises. La chanson raconte comment elle est happée par le chaos mais en réchappe ensuite, et elle commence à y voir un motif, à en saisir la chorégraphie ».
Ce qui ramène à la pochette du disque. Elle ressemble assez à celle de son prédécesseur, l’acclamé I Am a Bird Now (2005). Ce dernier représentait une photographie en noir et blanc du performer travesti Candy Darling sur son lit de mort à l’hôpital ; cette fois, on a une image encore plus désolée du danseur de Butoh japonais Kazuo Ohno, un héros d’Antony Hegarty depuis qu’il le remarqua pour la première fois sur un affiche alors qu’il étudiait en France, étant adolescent. Tandis qu’Ohno se penche en arrière, ridé et apparemment proche de la mort lui aussi, la fleur dans ses cheveux  pointe la même direction que les bouquets clairs qui entourent Darling.
Mais c’est les différences entre ces deux photos qui en disent le plus sur The Crying Light. Le plus gros de ce que l’image de Darling représente – l’identité de genre, la performance artistique, l’underground New-Yorkais autour de la Factory de Warhol – est reflété dans la largesse stylistique de  I Am a Bird Now, ainsi que dans son usage d’invités qui incarnaient ces thèmes, comme Lou Reed et Boy George. Le symbolisme de l’image de Ohno est plus simple. Le danseur, cité par Hegarty comme un modèle de «vieillir en tant qu’artiste » a 102 ans et ne peut plus bouger ni parler ; il apparaît dans les limbes entre deux mondes. « Il s’est entraîné jusqu’à ce qu’il ne puisse plus bouger », a expliqué Hegarty au magazine The Wire en décembre 2008. « Ensuite il a continué à effectuer les bons pas au fond de sa tête ».
Sur The Crying Light, Hegarty est fasciné par ces pas – les transitions et les chevauchements entre la vie et la mort, la mort et la vie, ce monde et le suivant. « From your skin i am born again », chante t-il sur One Dove, une ode pour un oiseau qui vient de l’ « autre côté » pour « apporter un peu de paix ». Plus loin, Aeon illustre l’éternité comme un jeune garçon né pour prendre soin de son père, alors que le temps mélange les générations. Des concepts similaires parcourent chaque chanson. Avec un touche adroite, Hegarty utilise en les répétant  des mots comme « utérus » « tombe » et « lumière » et il revient aux métaphores primales – l’eau pour la vie, la poussière pour la mort, la terre comme endroit à la fois pour l’enterrement et la renaissance. « I’m only a child/born upon a grave », insiste t-il sur Kiss my Name, capturant presque l’album entier dans une seule déclaration puissante.
Bien que faciles à résumer, ces idées ne sont pas moins complexes que celles sur I Am a Bird Now. En fait, elles sont plus vastes et universelles que les perspectives New-Yorkaises de ce précédent disque. Mais elles ont aussi poussé Hegarty à créer des chansons plus simples et subtiles. A la fois épuré et riche, The Crying Light atteint une grande intensité avec un mélange relativement minimal de mélodies basiques, de paroles concises, et d’arrangements sous estimés. C’est difficile de croire qu’un disque qui crédite quatre arrangeurs et deux demi douzaines de musiciens puisse être minimal. Mais la façon qu’a Hegarty de choisir leurs contributions est plutôt question de précision que de volume, davantage de moments attentivement choisis que de voix multiples. Le sombre violoncelle qui termine Her Eyes are Underneath The Ground par exemple, ou la douce floraison de vents au milieu de Epilepsy is Dancing, ou encore les claquements de doigts qui donnent une dimension charnelle et spirituelle au morceau titre.
Peut-être qu’Hegarty a enregistré des prises avec plus de chair pour ensuite en supprimer des parties, laissant leurs échos flotter dans les limbes qu’il chante. Quel que soit son procédé, l’utilisation qu’Hegarty fait de l’orchestration pour accentuer et souligner crée un pouvoir indéniable, le genre qu’une densité sonore plus grande n’aurait pas pu contenir.

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