Parution : avril 2012
Label : Hometapes
Genre : Synth-pop, rock New-Yorkais
A écouter : The Reflection of You, Sinful Nature, World of Freakout
°
Qualités : doux-amer, ludique, sensuel
En 2009, le quatuor n'avait pas besoin d'insérer le mot 'cool' dans le nom de leur deuxième album, Beast Rest Forth Mouth, pour l'être. En se fondant les unes dans les autres, les chansons dominées par des synthétiseurs puissants racontaient des destins adolescents chantés par de jeunes adultes. Une progression dramatique parfaitement séquencée portait l'auditeur d'une mélodie imparable à une autre, jusqu'au milieu de l'album avec Ultimate Satifaction. Il paraissait après que MGMT aient tâté le terrain avec le très intéressant Oracular Spectacular (2008) et son duo de singles désenchantés. Depuis, le genre s'est enrichi d'un nouveau MGMT moitié moins bien que le précédent, et d'Hurry Up, We're Dreaming (M83, 2011). On pouvait craindre que le groupe New-Yorkais ne se mette à trop réfléchir sur la suite à donner à Beast rest Forth Mouth, l'ambition rampante vivant dans chacune de leurs compositions menaçant de transformer quelques idées alignées en concept album.
I Love You, It's Cool y réchappe de peu ; on sent une volonté irrépressible de faire un album générationnel, et cela fonctionne, sans doute, à l'échelle de New-York. Cet album est peu être destiné à être écouté très fort en buvant beaucoup de Red Bull, comme le conseille le groupe sur son site internet, mais un telle méthode ne fera qu'incommoder les voisins, et produira l'effet inverse du consensus planétaire que semblent réclamer des titres tels que The Reflection of You (« Look into my eyes/You see the reflection of you/In me/On me” and “Here I am/There you are/Just inches away.) ou World of Freakout. I Love You, It's Cool donne parfois l'impression, d'u album narcissique, d'un vide qui nous contemple. Cet album est conçu pour se propager comme les nappes de clavier les plus insidieuses de Vangelis ou les atmosphères les plus bizarrement enlevées de Tangerine Dream. L'album semblait prédestiné à la petite expérience qu'a menée le groupe à sa sortie ; un stream sur Internet qui laissait entendre une version de l'oeuvre étirée au point de s'étaler sur 247 heures – comme une hélice d'ADN sur laquelle on aurait tiré en vain pour tenter de créer une nouvelle espèce. Cependant I Love You It's Cool est attachant parce qu'il est humain.
Le stream donnait une longue plainte rendant hommage à leurs inluences drone et ambient.Il s'agissait d'un geste de dérission et de réflection sur les nouveaux impératifs de promotion numérique. Les Bear in Heaven auraient pu faire beaucoupo mieux pour la sortie de cet album. Ils aurient pu multiplier les audaces visuelles – dans la continuité de la pochette, surprendre et créer le 'buzz'. Le visuel aurait du être aussi important que le contenu.
Rien ici n'attend l'impact de Lovesick Teenagers ou le magnétisme pop de You do You de l'album précédent. On est cependant très heureux de retrouver la voix suave à reverberation tunnel de John Philipot, d'autant plus qu'elle se débat à présent sur des trames plus musclées, voire agressives comme du Trans Am. On ne comprendra pas grand-chose de ce qui va se dérouler, les paroles étant avalées par la palette sonore richissime – des sons qui font 'swooooshh' ou 'wiiiiiiiizzzz'. Le groupe s'est pourtant, anecdote à l'appui, récemment recentré sous forme de un trio. “Il nous a quitté sous de bons auspices et c'est toujours un ami proche. Il a réalisé la jaquette de l'album, il est toujours très investi dans le groupe. Il nous a rejoints dans notre salle de répétition une nuit, il avait trop bu et il avait laissé des dessins derrière lui. Sur l'un d'entre eux était écrit : I Love You, It's Cool. Nous en étions à un point de l'enregistrement où nous travaillions très dur, nous étions tendus. En un instant, ce dessin est entré en résonnance avec nous. Nous avons fait une pause et trouvé qu'il résumait tout ce que nous pensions du disque.” Le message donne l'aspect d'une célébration de chaque instant à leur travail.
L'album évolue, de la sensualité de The Reflection of You jusqu'aux climats plus obscurs qui se développent à partir de Sinful Nature, construit autour d'une batterie solide et syncopée et d'une basse génétiquement modifiée, et agrémenté de guitares psychédéliques réminiscentes des Smashing Pumpkins de Gish. Comme parfois auparavant, le groupe semble hésiter entre plusieurs directions, et même l'humeur général de l'album est difficile à définir – mais peut-être est-ce justement ce qui le rend 'cool'. A la fois menaçant et amical, sérieux à l'aune de sa dérision existencielle, sur I Love You... le groupe semble avoir gommé les expérimentations du temps du premier album, poli le son pour nous offrir un résultat un peu lisse. Leur pop futuriste gagnerait à laisser la place aux nappes en errance de leur premier album, plutôt que de finir par assomer l'auditeur sous un déluge de stimuli et de textures.
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