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jeudi 20 janvier 2011

John Lennon - Live Peace in Toronto (1969)


Voir aussi : Double Fantasy (1980)

Les Beatles, paraît t-il, n’avaient rien d’exceptionnel en live. Ce qui rend ce Live Peace in Toronto d’autant plus intéressant. De nombreuses choses en font déjà un document exceptionnel. Le concert en question, le Toronto Rock Revival, est rentré dans l’histoire : les plus gros groupes du moment y ont participé, comme le Doors ou Alice Cooper, aux côtés de héros locaux ; 20 000 personnes y ont assisté. Mais surtout, l’idée du festival était de faire renaître les icônes du rock n’ roll des années 50, telles Little Richard, Chuck Berry, Bo Diddley et Jerry Lee Lewis, qui étaient alors largement ringardisées par l’arrivée de nouveau dieux come Jimi Hendrix, Led Zeppelin ou Frank Zappa. Ces parrains et saints patrons partageaient la scène avec les nouveaux trublions de la décadence psychédélique. Un geste fort que l’on pourrait imaginer se reproduire, à l’heure de la dispersion, de la dilution musicale. C’est imaginer PJ Harvey en plein Bercy, les Pixies dans un stade de foot. Mais bien sûr, le rock n’ roll des années 50 est loin d’être désuet aujourd’hui – Chuck Berry et Jerry Lee Lewis sont encore là pour l’incarner. Parution : 1969
Et Lennon dans tout ça ? Avec barbe fournie et costume blanc, il engageait son premier concert en trois ans, sa première apparition scénique après les Beatles – dont ce concert allait, pour beaucoup, signifier la fin. Let it Be n’était pas sorti, mais Lennon avait déjà sa nouvelle vie sur les rails, et il suffisait d’une pichenette pour lui donner l’envie nécessaire à s’intéresser exclusivement à lui, à Yoko Ono et à leur projet de paix mondiale. Le concert est taillé sur mesure pour lui, lui qui a toujours crié son amour pour Elvis Presley et le rock n’ roll. Ici accompagné par la première mouture d’un groupe constitué d’Eric Clapton – toujours d’attaque – à la guitare, du bassiste Klauss Voorman (Manfreed Man) et du batteur Alan White (qui allait rejoindre Yes), et harcelé par la danse d’une Yoko Ono survoltée habillée d’un sac blanc – le film du concert existe aussi – LennonDizzy Miss Lizzy,  Money (That’s What I Want) et Blue Suede Shoes) – et reprend l’une de ses compositions les plus intenses pour les Beatles, Yer Blues (sur le White Album, 1968). Cold Turkey, jouée à l’emporte-pièce attend encore de sortir en single.
Le groupe n’a répété que dans l’avion qui les conduisait au concert, et ça s’entend. John Lennon explique qu’ils vont reprendre des morceaux “faciles” étant donné le manque de travail en commun : “we’re just gonna do numbers that we know, because we’ve never played together before.” Rien n’est vraiment en place, mais le cœur y est, à entendre la voix puissante d’un Lennon qui s’égosille – sa prestation donne l’occasion de prendre plaisir à écouter ce qui s’apparente vraiment à un enregistrement des années 50. Il s’agit bien pour lui de chasser la pop de la liste des choses qui peuvent se passer ce soir. Si, de manière générale, Lennon a tenté de se débarrasser du maximum, voire de perdre certaines de ses précieuses qualités de compositeur en s’éloignant du groupe mythique qu’il a incarné avec Paul Mc Cartney, ce sentiment d’abandon à double tranchant commence maintenant. Le chanteur est dans une situation incongrue, en sandwich dans un concert surprise comme a pu l’être Jerry Lee Lewis le même soir, quelle que soit l’impétuosité dont celui-ci avait fait preuve ce soir-là (mais il est probable qu’il n’a pas pu s’empêcher de se prendre encore pour le meilleur).
C’est une habitude que de critiquer la prestation de Yoko Ono – hululements, chuintements, gémissements et simulations diverses – sur la deuxième moitié de ce disque, mais, en détournant ainsi l’attention de manière aussi inattendue, elle prend plutôt habilement le contrepied de Lennon en donnant un air d’avant-garde à sa récréation. Ecouter l’hallucinant Dizzy Miss Lizzy, dans lequel la béatitude d’un Lennon en perdition est transformée en moment d’hystérie surréaliste grâce à l’organe de Yoko Ono qui occupe l’arrière plan. Et ce n’est que le début du rôle de transfiguration de celle-ci, culminant sur les douze minutes de John, John (Let’s Hope for Peace) où elle entre en pâmoison. La nouvelle compagne de Lennon est aussi à l’origine du Plastic Ono Band, qui devait accompagner les vrais musiciens d’une installation constituée d’un faux groupe de boîtes en plastique. L’idée, sans doute un peu trop iconoclaste pour aller avec un Lennon épris de viscéralité, lui permet de toute façon d’enregistrer son premier album solo, l’acclamé Plastic Ono Band (1970). Lennon trouve aux côtés de sa compagne une nouvelle raison d’être. C’est le sens que l’on peut donner à son assertion que « this is what we came here for » au début de Give Peace a Chance, une chanson dont le thème préfigure Imagine et ses actions controversées pour la paix.

Label : Apple
Producteur : John Lennon, Yoko Ono
Genre : Rock n’ roll, avant-garde
A écouter : Dizzy Miss Lizzy, Yer Blues

6.50/10
Qualité : spontané, groovy, engagé

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