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dimanche 22 août 2010

Hans Zimmer - B.O. Inception (2010)



Parution : 2010
Label : WaterTower Scores
Genre : Bande Originale, Electronique, Orchestral
A écouter : Dream Within a Dream, Waiting for a Train, Old Souls

6.50/10
Le score pour l’un des blockbusters les plus en vue de l’été, par Hans Zimmer. Compositeur de musiques de film prolifique et respecté, c’est aussi un habitué des films à gros budget et à grand spectacle, même si ce sont souvent plutôt des réussites. De ce point de vue, on peut considérer que Zimmer prend un minimum de risques en se liant d’amitié avec la plupart des réalisateurs à la fois exigeants et ayant la volonté de toucher un large public, comme Terence Malik (La Ligne Rouge), Ridley Scott (pour Gladiator, Les Associés) et maintenant Christopher Nolan (Batman Begins, The Dark Night et Inception, trois films intéressants sans être complètement satisfaisants). Le compositeur est maintenant considéré à l’égal de James Newton Howard, Howard Shore (le Seigneur des Anneaux et Bilbo le Hobbit en 2011, les films de Cronenberg et de Fincher. Une sorte de « dream team » (le terme est plutôt bien choisi étant donné le thème d’Inception) à qui l’on confie de sonoriser la plupart des films américains les plus ambitieux. 

Les assertions de Nolan comme quoi Zimmer serait « l’un des talents essentiels dans le milieu cinématographique » sont justifiées, surtout, à mon sens, depuis le score du film Gladiator en 2000. Une partition houleuse, d’une beauté tout en chaud et froid, l’une des meilleures de ces vingt dernières années. Pour le reste, Zimmer a contribué à une floppée de longs métrages, entre trois et six par an depuis une vingtaine d’années. 

Autodidacte, il a la particularité de s’être d’abord plongé dans la musique électronique (dorigine Allemande, il y a passé sa jeunesse au pays au moment du Krautrock). Pour Travail au Noir, sa première bande originale en 1982, il enregistre ce genre de musique. Il va par la suite co-composer le temps de se faire un nom, puis développer progressivement un son, une empreinte qui est beaucoup plus classique de forme que ces influences de jeunesse – mais qui ne manque pas, quelque part, de toucher à la « pop music ». Les scores de Zimmer seraient un genre de rock symphonique, des variations telles celles d’Elgar (compositeur anglais qui a inspiré le travail de rob Dougan pour la bande originale de Matrix) mais pour l’ère du riff.  Elles seraient en outre capables d’inspirer des musiciens rock qui s’attachent à développer des atmosphères de grande ampleur. 

Pour Inception, il parvient à créer un univers à niveaux multiples, tout en laissant la partition plutôt simple. Plus synthétique qu’à l’époque des salves cuivrées de Gladiator, le disque profite du travail guitaristique de Johnny Marr (Ex-Smiths) comme Gladiator avait profité de celui de Lisa Gerrard, moitié du défunt Dead Can Dance. Zimmer semble avoir préféré un score efficace et minimaliste qui privilégie les textures électroniques – ondulantes comme une réalité fragile. Ici, les thèmes – parfois clairement inspirés de Vangelis et de son travail sur Blade Runner, une influence avoué à la fois du compositeur et de Nolan – ne sont pas nombreux – et c’est pour le thème principal qui parcourt le film que l’on retiendra ce nouveau travail. Quelques tons parviennent à créer une ambiance fantastique spectaculaire au premier abord, et plus sombre et intime lorsque l’on entre dans le détail des titres les plus longs. Comme sur tout travail de ce calibre, les pièces plus courtes sont plutôt illustratives, tandis que les plus longues peuvent être appréciées comme des compositions autonomes. La cohésion générale n’est pas forcément de mise. 

Ici, un morceau comme Mombasa dénote par rapport au reste, mais il ne faut pas oublier qu’Inception est un film qui alterne de manière assez abrupte des scènes de drame nostalgique et d’autres d’action, plus conventionnelles. C’est surtout le thème général – le rêve – qui fait d’Inception une aventure musicale sûrement intéressante pour Zimmer.

Celui-ci n’avait vu aucune scène du film quand il s’est mis à composer ce score. Il s’est mis à représenter en quelque sorte ce qui serait sa propre vision d’un monde de rêves. C’est au moment où il illustre ce qu’est cette autre réalité qu’il s’en sort le mieux. 

C’est sur Dream is Collapsing  que commence à monter une tension spectaculaire dont on peut n’apprécier la portée, comme souvent chez Zimmer, qu’en se projetant des images mentales, pour l’accompagner. C’est trop tard pour moi pour dire si cela est possible sans avoir vu le film, c’est probablement d’une expérience intéressante. Dream is Collapsing introduit le thème qui deviendra central sur Dream Within a Dream. Sur Radical  Notion, quatre accords suffisent à installer lourdeur et suspense. Les arpèges et les cordes frottées, le travelling évolue (inévitablement) vers un crescendo – mais il n’y aura pas d’explosion cette fois-ci… Il n’est même pas sûr que la tension devienne insoutenable, mais plutôt qu’elle reste constante. Cette tension, c’est le meilleur moteur de composition de Zimmer ; et il peut d’autant plus la mettre à profit quand on sait que dans le film la musique est omniprésente – elle envahit tout l’espace, englobe spectateur et image dans une même expérience. La musique a, comme le film, cette qualité de quasiment se nourrir de notre affect, en quelque sorte, de nous empêcher de penser – mais pas de ressentir. 

La musique joue sur l’intensité dramatique, un levier très classique mais poussé ici à une sorte de paroxysme, et perd parfois l’auditeur à force de ressembler à une contemplation d’un monde encore relativement clos. C’est une musique qui semble consommer une énergie extraordinaire – elle ne pourrait être reproduite que par un véritable orchestre, comme la plupart des scores d’ailleurs – et qui épuise les ressources mélodiques qu’on lui insuffle avec une gloutonnerie rare. L’objectif certain : un impact maximal. 

C’est un lieu inquiétant, organique et vaguement romantique, dont l’évocation  culmine avec Waiting for a Train, un morceau complexe de neuf minutes où l’on entend Piaf chanter « Non je ne regrette rien » (c'est une allégorique du film qui entre en jeu).  




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