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lundi 8 février 2010

Pixies

Les Pixies sont peut être ceux qui incarnent le mieux l’esprit du mouvement grunge. C’est notamment Joey Santiago, combinant « espagnolade et guitare surf » qui va terminer le règne des synthétiseurs – et recentrer l’ambition artistique sur la musique plutôt que sur les déguisements en vogue auparavant. Même s’il fera preuve d’une certaine désinvolture en appellant le groupe les « farfadets » (Pixies en français) d’après le premier mot qu’il trouva dans un dictionnaire, Santiago et son ami Charles Thompson (qui va devenir Black Francis) ont une vision de grandeur aiguisée comme une lame de rasoir.
 
Kurt Cobain a cité « leurs dynamiques douces et calmes, puis bruyantes et dures » comme sa principale influence. Il n’y à qu’a voir la manière dont les morceaux de Nirvana alternent effectivement des couplets étouffés et des refrains revanchards pour savoir que cette affirmation est vraie. Et Cobain d’estimer qu’il aurait du «être membre des Pixies ou du moins d’un groupe de reprises des Pixies ».
 
Nous sommes en 1987. Les Pixies n’ont pas le look de l’emploi ; apparence anodine, effacée, ils portent des vestes en jean et se cachent derrière des lunettes noires. C’est peut-être méticuleusement réfléchi. C’est une époque où l’on se préoccupe autant de son style que de sa musique, pour des résultats parfois désopilants – Florent Mazzoleni cite, dans l’Odyssee du rock, les Sigue Sigue Sputnik – et les Pixies font l’inverse. Et ils se transforment en messies quand il s’agit de musique, la préférant à l’état brut, parvennant à créer un cocktail explosif, énergique et frais, remettant la guitare bien au cœur du rock. Black Francis, le parolier, est réputé pour écrire être très prolifique, et aussi pour ses prestations vocales particulièrement intenses et personnelles. Come On Pilgrim sort en 1987, après que le groupe ait enregistré dix-sept morceaux en trois jours – l’urgence reste, si l’on considère l’ensemble de leur travail, leur principale arme. L’année suivante, c’est Surfer Rosa (1988), qui, comme annoncé, redonne au rock sa spontanéité. Doolittle (1989) ne fait que confirmer le telant d’une formation sans équivalents et qui mérite bien son succès populaire.
 
L’adresse des Pixies est de présenter de manière chaotique une musique en réalité longuement délibérée, et qui gravite autour des obsessions très esthétiques de Black Francis – et le travail de Vaughan Olivier (cf encadré). Le vivier du groupe est constitué de textes surréalistes, et interroge le catholicisme, les déviances psychiques, l'auto-mutilation ou l'inceste avec une vigueur gloutonne. Les enveloppes bestiales des morceaux permettent alors seulement de vulgariser un discours à la précision érudite ? Pas vraiment, les Pixies, récupèrent seulement à bon compte « toutes les bizarreries du néant culturel américain ». La place grandissante laissée à la science-fiction n’arrange rien pour donner aux Pixies une image nettement moins terre-à-terre que celle qui sied au grunge. D’ailleurs, Francis ne compte pas s’engadouiller trop longtemps : « Je ne crois pas que nous soyons faits pour rester inconnus, nous sommes plus proches de U2 que des groupes underground. Je crois que notre musique, telle qu’elle est, suffira. J’espère ne pas avoir à changer pour connaître le succès ». U2, cette bande d’irlandais bientôt milliardaires qui ont publié The Joshua Tree (1987), représente alors le summun de la renommée et de l’accomplissement en termes d’ambition.
 
C’est l’ambition, voire la megalomanie de Black Francis qui va précipiter la fin – provisoire - du groupe. « Maintenant que nous avons enregistré des disques nous-mêmes, notre ambition est d’en sortir des tonnes, qu’ils soient bons et qu’ils se vendent, des disques qui soient ma fierté ». Seulement cinq disques en tout paraîtront. Et cette déclaration montre bien que Francis était persuadé d’être en possession des Pixies – un peu comme Waters avec Pink Floyd, mais en plus grossier. Les derniers temps du groupe seront difficiles et insensés.
 
Et bizarrement, le groupe s’est reformé depuis 2004 pour allécher un nouvelle fois un public en manque de vrais héros et aussi pour revisiter avec bonheur leurs plus grands classiques, exercice dans lequel il faut leur reconnaître une certaine sincérité.

 
Bertrand Redon
 
 
 
Discographie sélective
 
  • 1986 Come On Pilgrim
  • 1987 Surfer Rosa
  • 1988 Doolittle

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