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mercredi 2 mars 2011

{archive} THE AFGHAN WHIGS - Gentlemen (1993)





Parutionoctobre 1993
LabelElektra
GenreRock
A écouterDebonair, Gentlemen
/107.50
Qualitésintense, sensuel, sensible


Voir aussi : Biographie Greg Dulli
Voir aussi : Chronique Dynamite Steps
Voir aussi : Chronique Black Love 
Voir aussi : Chronique Congregation 

« Cela prend du temps pour des musiciens pour se développer et saisir leur propre originalité […]. Personne n’a la patience de faire grandir un groupe dans leur vie aujourd’hui. » Ces mots sont de John Curley, le guitariste des Afghan Whigs tout au long de leur dix années de carrière. Gentlemen lui donne raison. Cet album met à peine quelques minutes à atteindre son apogée, avec Debonair, l’un des morceaux les plus implacables et intenses jamais écrits par le chanteur/guitariste Greg Dulli à ce jour : « Tonight i go to hell/For what i've done to you ». Gentlemen n’est peut-être pas la déflagration constituée par son prédécesseur Congregation (1992), mais il est plus constant, et tient la vision de ce qu’est le groupe tout au long du disque en rassemblant les qualités de l’écriture féroce et passionnée de Dulli avec une précision et une inspiration musicale rarement rivalisée dans ce genre de musique, au moment de sa sortie et depuis lors. Il constitue sans doute l’un des grands disques de rock des années 1990.

L’immédiateté de certains morceaux est une accroche essentielle pour un groupe certes issu d’une scène plutôt bruyante. Gentlemen est ce que les américains appellent un slow burner, le genre d’album dont les quelques qualités immédiates ne sont rien en comparaison de l’ampleur de ce qui révèleront au fil du temps. Votre patience sera récompensée et vous adopterez le disque et le groupe, vous familiarisant autant que possible avec le personnage de Greg Dulli, le genre d’artiste qui gagne à être découvert encore 20 ans après avoir commencé – parce qu’il continue, non pas avec le même groupe, mais avec la même application et la même sincérité en 2011. Dulli a un don pour le romantisme cru, de type « Lady let tell you about myself/I got a dick for a brain/and my brain is gonna sell my ass too »

La ferveur et la passion, Dulli les délivre avec un manque d’humour quasi-héroïque. Gentlemen raconte la relation énigmatique du chanteur à ses chansons aux textes intimes, presque embarrassants, et sa confrontation au reste du groupe, concentré, tendu.

Ce qui démarque Gentlemen, outre la personnalité de Greg Dulli, c’est  qu’il s’agit d’un album aussi réfléchi que leurs précédents efforts étaient bruts, bien qu’il ne perde en cela qu'une petite parcelle de son énergie. John  Curley témoigne : « Après Uptown Avondale (un disque de reprises de morceaux soul au travers desquelles le groupe livrait certains secrets originaux de leur inspirations) tandis que Earle [le premier batteur du groupe Steve Earle], l’un des membres originaux qui avaient contribué au son du groupe, nous quittait, et le reste d’entre nous s’éparpillant, tout en entretenant des objectifs pour continuer ce que nous avions commencé, il était évident que le prochain album deviendrait plus comme un concept album fait de pièces réfléchies puisque il ne s’agissait plus d’un groupe de gars grandissant ensemble dans la même ville mais d’un groupe d’adultes ayant leur propre travail… C’était une étape logique dans la progression car l’aspect positif de la maturité était la passion que nous avions de voir les choses aboutir. ».

Leur musique  reflétait leurs goûts pour les grooves de rythm and blues et la nostalgie de la musique soul tout en restant celle d'un groupe à guitares affirmé, et était habilement couplée au pouvoir de mots qui n’auraient pu être écrits en d’autres circonstances. 

mardi 14 décembre 2010

Cee lo Green - The Lady Killer (2010)


Chronique parue dans Trip Tips n°9

En 2006, Cee lo Green – de son vrai nom Thomas Decarlo Callaway - constate, un peu incrédule, que le single Crazy est en train de devenir un gros succès, dont le clip en forme de test de Rorshach se répand sur internet sans contrôle. Le morceau est extrait d’un disque de Gnarls Barkley – duo constitué de lui-même, musicien, producteur, chanteur acrobatique, associé avec Danger Mouse, un autre producteur et musicien hors du commun. Il décrit le contenu plutôt sombre du morceau et du disque comme « La façon dont vous plaisantez pour dire la réalité ». Jack White, d’un autre duo américain bien connu, les Whites Stripes, en fait son morceau préféré de 2006. Et Cee lo Green de reconnaître, sous l’influence du très cultivé Danger Mouse et alors qu’il se fait de nouveaux amis de tous bords, lui qui n’en a jamais beaucoup eu, qu’il écoute aussi bien ABC que R.E.M.
Avant Gnarls Barkley, Cee lo avait sorti deux très bons disques solo, Cee lo Green and his Perfect Imperfections en 2002 (qu’il décrira comme « un enchaînement de hauts et de bas […] qui symbolisent d’être en vie »), et Cee lo Green is the Soul Machine en 2004. Avec, toujours, la volonté de combiner le R&B moderne et la soul. « Ma schizophrénie créative […] est en réalité l’évidence d’un esprit très sain » se défend t-il de ceux qui ne comprennent pas sa révolution depuis le premier cercle de l’action vers un romantisme plus fantasque tel qu’on peut en faire l’expérience sur The Lady Killer.  
Enfant turbulent, Cee lo se dirige vers la musique influencé par les vieux disques soul et funk de sa tante, The Emotions ou Earth, Wind and Fire. Il tombe au début des années 1990 dans la culture hip-hop et rap avec le combo Goodie Mob à Atlanta. « La communauté, la culture, la couleur, la confrontation… » Une petite armée comptant huit membres, qu’il voit comme une prolongation de De la Soul, des Jungle Brothers ou de A Tribe Called Quest. Ils seront considérés comme des pionniers de la scène hip-hop Dirty South avec Outkast. Au moment d’enregistrer Soul Food, qui paraîtra en 1995, Cee lo Green a 18 ans et regarde sa mère mourir à petit feu alors qu’elle souffre depuis deux ans de paraplégie. « Et maintenant je passe le reste de ma vie à en faire une femme très fière », souligne t-il aujourd’hui. Il avait déjà perdu son père à deux ans.
Malgré son image de mauvais garçon, Cee lo est au sein de Goodie Mob l’élément réfléchi, sensible. « J’étais comme un verre d’eau froide, j’étais l’instant de clarté qui dit simplement « regardez, c’est ça qu’on essaie de dire ». Sa lucidité, son intégrité, sa modestie lui permettent d’avoir de nouvelles expériences, de continuer d’avancer malgré ses doutes. « Si je pouvais le supporter peut-être que j’arrêterais complètement. J’irais parler à mon chien. Mais j’ai heureusement quantité de choses à dire ». Le succès, il s’en est moqué lorsque ses deux albums solos, malgré le succès critique, n’ont pas rencontré un franc succès. Et St. Elsewhere a été une expérience délibérément amère, qui cachait bien son angoisse au détour de morceaux pop accrocheurs. D’où l’envie de Cee lo Green de se consacrer à un thème qu’il affectionne particulièrement. « Cee lo Green is the Lady Killer, c’est un titre caricatural, mais c’est vraiment un disque de chansons d’amour. Je suis plus « Lady Killer » quotidiennement, que je ne suis « Gnarls Barkley », si vous voyez ce que je veux dire. » En gros, il a envie d’être à la fois touchant et séducteur. Il réussit sur The Lady Killer avec la flamboyance de Freddie Mercury. « Jouez Bohemian Rhapsody aux enfants d’aujourd’hui, faites leur écouter. Montrez-leur les possibilités ». Produit entre autres par Salaam Remi (Back to Black de Amy Winehouse) et gonflé de la présence de quantité d’intervenants divers, The Lady Killer est un vaste projet conceptuel, couteux sans doute mais dont le résultat sur la brèche convainc aussitôt. Il est juste à la bonne distance entre débordements indigestes et vraies fêlures sentimentales. 
Cee lo Green a mis six ans pour terminer ce disque fleur bleue totalement assumé, amené par un premier single abrupt qui a refait l’effet Crazy. « Ca m’a pris trois ans pour trouver Fuck You. Mais dans l’intervalle, j’ai enregistré plus de 70 morceaux. Si je l’avais trouvé trop tôt, je me serais arrêté là… » Le clip de Bright Lights Bigger City, superbe dans ses claviers à l’ancienne et sa basse piquée à Billie Jean, rappelle les scènes du film Superfly ; et le son, immanquablement, la bande originale légendaire de Curtis Mayfield (en 1972, l’un des concept-albums pionniers de la musique soul avec What’s Going On de Marvin Gaye). Il y a aussi là une phrase excellente : « Sometimes you wanna go where everyone knows your name »It’s Ok ou Satisfied nous replongent dans les lumières de la soul Stax/Motown, Bodies est une sorte de référence à l’univers de Twin Peaks et les intros et outros à Tarantino. Please est un duo avec la toute jeune (21 ans) chanteuse belge Selah Sue, et Fool for You du Supertramp sous stéroïdes. Chaque morceau ou presque est mélodiquement imparable et richement référencé, avec une prédilection pour les soul classiques qui ont fait le succès de Winehouse en 2006.
Sous forme de petit films, déjà trois extraits à la décadence toute californienne, avec voitures de luxe et jolie filles. Mais tout cet appareil sied bien à Cee lo Green. Il se sert de cette folie comme d’un levier dramatique, rendant sa musique plus vivante. Dès le départ et cette phrase ridicule, « when it comes to the ladies i have a licence to kill » on sait que rien ne l’arrêtera. Comme pour d’autres à qui la formule a particulièrement bien réussi, pour lui moins n’est jamais plus.  A la fin, Old Fashioned est un numéro à l’ancienne dans lequel la voix légèrement nasale et très puissante de Cee lo rend les choses vraies et palpables une dernière fois. Cette voix gagne à tous les coups.

  • Parution : novembre 2010
  • Label : Elektra
  • Producteur : Salaam Remi, etc.
  • Genre : Modern R&B, Soul
  • A écouter : Bright Lights Bigger City, Wildflower, It’s Ok, Fuck You



  • Note : 7.25/10
  • Qualités : sensuel, élégant, attachant
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