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jeudi 9 juin 2011

Booker T Jones - The Road From Memphis (2011)


Parution : mai 2011
Label : Anti-
Genre : Soul, Instrumental, Pop
A écouter : Walking Papers, Progress, Representing Memphis

7.75/10
Qualités : groovy, funky, ludique


The Road From Memphis, c’est ce qui arrive lorsqu’un musicien de 66 ans, l’une des meilleures valeurs du label soul américain Stax au cours des années 1960, autrefois accompagnateur avec son groupe des voix les plus superbes (Otis Redding, Wilson Pickett, Carla Thomas, Albert King…), continue sur le chemin de la réinvention, encouragé par Potato Hole (2009), son précédent disque (et premier pour le label Anti-, maison de Tom Waits ou Mavis Staples) qui récolta un Grammy. Il fit alors preuve d’audace en remplaçant ses MG’s – ceux là mêmes avec qui il a enregistré les instrumentaux imparables Green Onions (1962), Hip-Hug Her et Time is Tight (1969), avant de s'en départir en 1971 - pour les rockers de Drive-by Truckers et la guitare de Neil Young (dont les MG’s ont servi de backing band en tournée en 1993). Imaginez Allen Toussaint changeant pour les Black Crowes.

Ce nouveau disque change avantageusement la donne, annonçant dès le titre un stratagème ; c’est la route depuis Memphis, l’origine de Jones, et non celle qui y retournerait : un éventail de destinations peut encore se profiler. The Road… donne l’impression que Jones n’a jamais été aussi aventureux, et, assez paradoxalement, n’a jamais eu la main aussi sûre. La passion et le talent de nouvelles générations de chanteurs et musiciens soul mettent en exergue la force et la personnalité d’un ancien. Sont invités comme vocalistes de premier choix Sharon Jones (de Sharon Jones & The Dap Kings), Matt Beringer (The National), l’affable Lou Reed et surtout Yim Yames, de My Morning Jacket (non content d’être avec son groupe très au goût du jour), qui parvient à saisir le mieux sur Progress l’essence du disque : l’interprétation est claire, directe et mémorable. Avec la touche soul de rigueur, pour l’âme du disque et la satisfaction de l’auditeur. Ces participations diversifient la palette chromatique de Jones et ne sont pas tellement étonnantes quand on pense aux gloires derrière lesquelles il rendait auparavant les circonvolutions de son orgue Hammond B3. Jones se prend au jeu en chantant lui-même de sa voix de baryton ce bout d’autobiographie poignante qu’est Down in Memphis. Une ville dont Jones arpenta les scènes pendant tant d’années.   

Les instrumentaux ont cependant le plus beau rôle. Les Roots de Philadelphie (à qui l’on doit cette collaboration avec John Legend pour le gros succès Wake Up ! en 2010) ont pris le rôle du backing band – c’est la guitare jazz de Captain Kirk Douglas -, avec le batteur ?uestlove Thompson à la co-production. Il serait tentant de dire que leur travail rythmique et musical, emprunt d’un professionnalisme moderne, de motifs de guitares et de basse funky, nets et précis, de batterie plus alerte que jamais, renouvelle l’alchimie des anciens MG’s. Il y a là une sensation de fraîcheur équivalente à celle qui distinguait en leur temps les Meters comme les plus funky des backing bands – une réputation qu’aucun amateur de musique funk n’a oubliée. Il y a des choses qui font date, et utiliser les Roots dans ce rôle à la fois discret et rigoureux n’est pas un choix artistique d’étourdi. On parie déjà sur les disques passés que celui-ci restera celui d’un retour au lustre d’antan, et l’ont peut miser sur l’avenir tant cette nouvelle dynamique est prometteuse.  Les Roots ont t-ils glissé deux mots de leur expérience hip-hop à Booker Jones ? Quoi qu’il en soit, là où ses MG’s reprenaient de façon quelque peu éculée les Beatles (sur Mclemore Avenue), on a ici des rendus du Crazy  de Gnarls Barkley (2006) et du Everything is Everything de Lauryn Hill (1998), deux grandes chansons à peine datées. Deux moments qui sont, de façon surprenante, l’occasion pour Jones de faire preuve d’une inventivité qui rajeunit son jeu. Toute propension au karaoké est ici futile.  

Ce jeu-là est toujours économe, précis, chaleureux et mélodique. Sur l’entrée en matière, Walking Papers, il reproduit, au détour d’une relecture du Who’s Making Love de Johnnie Taylor, un vieux tour imparable ; ce crescendo qui distinguait Time is Tight. The Hive, plus rapide, Rent Party, The Vamp et l’imprévisible Harlem House prouvent que dans les tours de main de Jones réside la vraie richesse de l’album, sa singularité, son âme ; parfois à la limite de l’improvisation, le musicien est toujours là à temps pour de petites mélodies entraînantes, qui par le jeu sensuel et stimulant des Roots fait autorité. C’est dans ces instrumentaux que le travail de l’instrumentiste, le plus difficile, est rendu avec le plus de naturel. Une seule note maintenue enfoncée quelques secondes peut créer des ravages dans cet univers à la légèreté soigneusement dosée.

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