“…you can hear whatever you want to hear in it, in a way that’s personal to you.”

James Vincent MCMORROW

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Genres de musique

Trip Tips - Fanzine musical !

lundi 2 mai 2011

Steve Earle & Allison Moorer



Mockingbird

Parution : février 2008
Label : New Line Records
Genre : Country, Folk, Chanson
A écouter : Dancin' Barefoot, Revelator, Orphan Train

7.75/10
Qualités : varié, lyrique

I'll Never Get of this World Alive

Parution : avril 2011
Label : New West
Genre : Country, Folk, Folk-Rock
A écouter : Every Part of Me, Waiting on the Sky, This City

7.50/10
Qualités : sensible, apaisé, doux-amer


L’auteur de chansons américain Steve Earle a toujours une histoire à raconter. Sur Bob Dylan, dont il est prêt à défendre le timbre voix contre tous ceux qui disent qu’il ne sait pas chanter. Quand à son culot :  « Il faut des couilles pour réécrire Rollin’ and Tumbin [sur Modern Times, 2006]. Il n’y a pas un seul mot de l’original à part le premier vers, [...] et maintenant c’est sa chanson. Il peut la prendre et se tirer parce que c’est ce putain de Bob Dylan ! » Il aime raconter comment Bruce Springsteen, un artiste de sa génération, l’a influencé lorsqu’il a enregistré, à 31 ans, son premier album – un succès – Guitar Town, en 1986. Comme déclencheur, il y eut d’abord Born to the USA, mais surtout Nebraska. « Nebraska m’a frappé parce qu’il [Springsteen] s’est finalement rendu et l’a sorti comme il était. Il y a des versions de ces chansons avec le groupe. Ils ont essayé mais ça ne marchait pas. Le contenu était si sombre. Je pense que c’était trop sombre pour le E Street Band ». Outre l’intensité de Hillbilly Highway, Guitar Town faisait aussi un signe en direction de Hank Williams ou Willie Nelson par le biais de My Old Friend the Blues.

Ses relations affectives et personnelles avec l’un ou l’autre des grands musiciens américains se sont multipliées depuis la fin des années 80. « Elvis Costello m’a ramené au rock ». Il se fait un plaisir d’analyser les talents, les différents visages de ces musiciens qui résonnent en lui. Se montre critique de toute une part de la scène américaine : « Je ne pense pas que Kiss n’aient jamais été cool, que Lynyrd Skynyrd n’ait jamais été cool. Je pense que ce sont de dangereux révisionnistes. Et ils avaient le plus mauvais batteur de toute l’histoire de la musique. […] Remarquez, je suis un fan des Allman Brothers, mais ça ne signifie pas que Greg Allman ne soit pas un redneck. Il a dit  la chose la plus ignorante que j’aie jamais entendue de la part d’un musicien talentueux. Il avait l’habitude de dire que le rap était de la musique de merde. C’est ne rien comprendre. Il faut garder à l’esprit que c’est de la musique folklorique. […] Le meilleur de cette musique possède la même vibration que la folk music. N’importe qui peut  essayer d’en faire. »  Sur Washington Square Serenade (2007), l’un de ses grands disques, il mélange instruments acoustiques et beats issus justement de la culture hip-hop. « Un type est devenu fou quand nous avons commencé avec les platines. J’ai presque dit, « I don’t believe you ». Réponse faite par Dylan lorsqu’on le traita de Judas en 1966.

Steve Earle est lui-même devenu  une grande figure de la chanson américaine. S’il porte la scène qui l’entoure autant de regards, de réflexions, c’est qu’il se sent autant musicien que raconteur d’histoires en général, écrivant des pièces de théâtre, de la poésie, des nouvelles, des romans de fiction. Celui qu’il vient de terminer, comme son nouvel album, s’appelle non sans humour I’ll Never get Out of This World Alive, d’après une chanson de Hank Williams. En outre, grâce à ses chansons, il est encore le mieux placé pour raconter sa vie mouvementée de troubadour, même s’il prend autant de plaisir à créer des personnages de toutes pièces. Pour tout l’amusement et la sagesse qu’il en retire, Steve Earle a eu une vie d’extrêmes, parsemée de controverses. Il a notamment été emprisonné pour détention de drogues, dont la consommation avait clairement influencé The Hard Way (1990). Libéré, il se releva avec grâce et deux albums parurent coup sur coup, dont train a Coming qui rafla un Grammy Award.  Partageant l’engagement politique et l’optimisme de Springteen, il endosse comme lui le rôle d’une certaine vision de l’Amérique à condition d’en combattre certains clichés. « Pourquoi devons-nous être numéro un ? Nous sommes encore des hommes blancs essayant de dominer le monde », confiait t-il dans une interview d’avant Obama. Des albums comme Jerusalem (2000) ou The Revolution Starts Now (2004) traduisent cette vision politique explicite s’opposant à la guerre en Irak et à la manipulation de l’opinion publique. Interrogé, il raconte avec beaucoup de sincérité sa bataille un démon « implanté » en lui, le racisme, et les efforts qu’il fait pour ne pas transmettre de valeurs de ce genre à ses enfants. « Il ne faut qu’une génération pour s’en débarrasser », remarque t-il.

Etant donné le respect et l’intérêt qu’il voue à ses collègues musiciens, ce n’est pas un hasard si l’un de ses disques les plus révélateurs est  un ensemble de reprises de Townes Van Zant, qu’il considère comme l’un de ses mentors. Ce disque est paru en 2009 au beau milieu d’un période de paix et de félicité – une nouvelle étape dans la vie de Earle maintenant marié à sa septième femme, Allison Moorer. Elle aussi est une musicienne talentueuse, de surcroît dotée d’une voix merveilleuse. Sœur cadette de Shelby Lynne, et élevée par elle après la disparition de leurs parents, Allison se façonna une réputation d’auteure de chansons solide, notamment après Miss Fortune en 2002. Avec Mockingbird (2008), elle franchit un nouveau pas, enregistrant un disque qui célèbre le seul bonheur de chanter – et Allison Moorer a cette capacité de pouvoir tout chanter – et nous donnant envie d’explorer avec discernement le passé et le présent de la vocation musicale américaine et de ses grandes ambassadrices, de Patti Smith à Kate Mc Garrigle, de June Carter à Nina Simone et Gillian Welch*. Son registre va sur ce disque du rock au blues, du jazz au folk avec une fluidité organique ; son interprétation de Dancin’ Barefoot, une chanson exprimant un profond désir juste au moment où toutes les défenses tombent pour ne laisser que le besoin d’être aimé, reste durablement à l’esprit. Orphan Train est encore plus émouvant quand on connaît l'histoire personnelle de Moorer. Elle semble aussi affectionner les balades au piano, particulièrement poignantes sur Crows (2010).

Elle et Earle partagent un profond respect pour la musique country ; à eux deux, ils aiment à habiter un genre aujourd’hui sous-estimé.  « J’étais à Nashville, témoigne Earle, et mon disque [Guitar Town] a été perçu comme un disque country. » Malgré sa propension à changer d’apparence régulièrement – aussi bien gardien de l’esprit d’un Lennon que de Lemmy – il ne se débarrassera jamais de l’étiquette country. Après vingt – cinq années de musique variée, son nouvel album démarre d’ailleurs comme un disque country triomphant, une forme de pied-de-nez à ceux qui l’avait rangés dans une boîte, pour un musicien des plus ouverts d’esprit. Un peu plus loin, une superbe chanson d’amour: « I love you with all my heart/all my soul and every part of me ».

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