Parution : 9 novembre 2009
Label : Something in Construction
Genre : Electro, Experimental
A écouter : Bicycle, Swimming Field
Note : 6.50/10
Qualités : fait main, original, rétro, onirique
Les paragraphes en italique sont de Nick Fenn, publié sur le site No Ripcord.
J'aime écouter de la musique en mouvement. Randonnée pédestre, voiture, trajets aériens, footing, ça n'a pas d'importance, il y a simplement quelque chose qui se produit lorsqu’on se déplace à travers un paysage, une alchimie qui fonctionne bien avec de la musique. Voyager est aussi le moyen idéal pour découvrir de la nouvelle musique, sans autre stop qu’une destination prévisible. Vous pouvez vraiment vous concentrer sur la musique que vous passez. C'est une grande opportunité de réévaluer d’anciennes écoutes et des morceaux inconnus dont vous n’êtes pas sûr.
Seek Magic, de Memory Tapes, a été un grand disque alors que je conduisais dans le New Hampshire, depuis le Maine, avec ma copine, la semaine dernière. La Nouvelle-Angleterre est un endroit à la beauté d’automne stéréotypée, et la vision de tous ces ors et ces rouges alors que le soleil se couchait a été incroyable. Plus que cela, en regardant par la vitre, à un moment j'ai aperçu le lac le plus placide que j’aie jamais vu, posé là, entouré d'arbres, avec la lumière mourante qui le frappait. C'était la vision parfaite au moment parfait. Il y a quelque chose de suscité sur Seek Magic qui a renforcé le sentiment que j’ai eu là bas. Quelque chose d'organique, de vital.
Seek Magic est constitué de seulement huit morceaux, mais fait 40 minutes. Cela permet aux pistes de respirer et de progresser, sans aucune hâte. La majorité de la musique se fait ici aux claviers, à l’aide de boucles de batterie, guitare et basse.
Chaque morceau se développe ici de manière vraiment surprenante. Prenez Bicycles, par exemple, qui commence par une rythmique d’ambiance de fin de soirée et se termine par un chœur synthétique qui s’envole, accompagné d'un solo de guitare à la New Order. Le morceau suivant, Green Knight, tourne en faux départ pendant une minute, passant d’une house mutante à quelque chose de bien plus funky, avec « I want to give you my love » mis en évidence comme un appât. Ces moments d’innovation et de surprise font que les écoutes répétées de Seek Magic sont récompensées.
Mes moments préférés viennent à la fin, cependant, avec les deux dernières pistes, Plain Material et Run Out. Le premier est un rock électro Cure-esque qui se fait rattraper par blips et synthés épais, l’autre un down-tempo instrumental qui amène à une conclusion distordue, mais sans jamais perdre le fil, c’est-à-dire une séquence d'accords de guitare qui lie le tout.
J'ai commencé cette chronique en évoquant combien j'aime écouter de la musique pendant que je voyage, mais il serait plus juste de terminer en suggérant Seek Magic est un disque fait pour le voyage. C'est le genre d'album qui ne vous donnera pas tout d’un seul coup mais qui se révèle si vous l'emportez ailleurs avec vous. C'est de la musique pour ces moments particuliers où l’on peut vraiment être attentif.
Seek Magic fait pénétrer dans un endroit singulier ; un monde disco-club synthétique de fantaisie, avec Dayve Hawke qui pose sa voix comme un cheveu sur la soupe. Ca ne manque pas de charme. L’air de rien, l’artiste originaire de New Jersey ne cesse d’emprunter des nouvelles directions, plus étonnantes les unes que les autres, ne cédant jamais complètement à la léthargie. Sa torpeur et l’apparente paresse qui caractérise son mélange nostalgique de sonorités à l’esthétique eighties et de collages sincères est source de micro-exaspérations autant que la raison d’ y retourner, subjugué par son originalité de ton. Ses méthodes évoquent Bradford Cox, de Atlas Sound. Seek Magic est peut-être facile à détester, en y jetant une oreille distraite, mais il y a tout un monde à explorer derrière son aspect légèrement décrépit. L’existence d’un deuxième disque contenant l’instrumental de 22 minutes Treeship dans quelque édition anglaise de l’album confirme que Hawke est un talent à surveiller.