Interview réalisée par mail.
Comment s’est passé l’enregistrement de The Royal We et qu’est-ce qui était différent de tes autres disques ?
Mes deux premiers albums ont été enregistrés en 4 pistes, donc ils étaient logiquement plus minimalistes. J’y jouais tous les instruments. The Royal We a été un travail énorme. Utiliser un ordinateur pour enregistrer m’a donné un nombre illimité de pistes, et j’ai fini par y inclure toutes sortes de musiciens talentueux qui vivent autour de Seattle, pour participer à l’enregistrement. Le résultat final était beaucoup plus professionnel, mais une partie de moi-même continue de regretter l’enregistrement analogique parce que j’aime ce son plus organique et doux qui résulte de la bande analogique.
Pourquoi as tu décidé d’enregistrer dans un sous-sol ? (Je pense que cela te donne cette voix particuliere sur le disque…)
J’ai enregistré dans un sous-sol parce que c’était la seule pîèce disponible dans ma maison de Seattle. Il y avait aussi un autre pièce bizarre, sans portes, mais j’ai accroché des couvertures dans les encadrements et je l’ai transformée en studio et salle de répétition pour le groupe.
Est-ce que tu penses être un songwriter qui envisage directement les chansons ou plutôt quelqu’un qui entretient un journal et le transforme finalement en musique ?
Le façon dont j’écris les chansons et très inconsciente… on m’a demandé cela auparavant et c’est très difficile de répondre car je ne sais pas si j’ai moi-même la réponse. Je suppose que je ne pense pas tout de suite à une chanson quand j’écris, c’est plus spontané que mental.
Est-ce qu’il y a des thèmes que tu veux explorer en tant qu’artiste et que tu veux développer d’un album à l’autre ?
Dans mes prochains disques je prévois d’abandonner mon nom pour démarrer un nouveau projet. En même temps, je veux arrêter d’écrire à propos de mes propres relations et peines de cœur quelque chose que je n’ai jamais fait exprès, mais qui s’est juste déclenché comme pour réagir à mes émotions spontanées), je veux cesser d’utiliser le « je » et commencer à écrire de manière plus globale. J’ai un nouveau cycle de chansons qui utilise les métaphores concernant les animaux, et les descriptions de paysages vaguement surréalistes. J’ai aussi commencé à écrire davantage à propos de rêves.
J’ai l’impression que ta musique a un pouvoir de soin. Faire de la musique t’affecte t-il ?
Lorsque je fais de la musique je me sens mieux. Donc peut-être qu’elle a un pouvoir de soin.
Je pense que les boîtes à rythmes peuvent avoir un effet aussi intéressant qu’une véritable batterie (comme c’est le cas sur ton disque), mais je ne sais vraiment pas pourquoi… As-tu une idée là-dessus ?
J’aime inclure des rythmiques bizarres dans mes chansons de temps en temps. Je pense que c’est une conséquence d’avoir été élevée dans un environnement musical classique et strict. La musique classique est très belle, mais très rigide. J’ai toujours voulu tester, expérimenter, m’amuser, chose que je ne pouvais pas faire autant que je voulais avec ma formation classique. J’ai l’impression que la « bonne » musique peut être n’importe quoi – ça peut être quelque chose de vraiment inattendu, comme un beat de synthétiseur grossier plutôt qu’une véritable batterie. La musique « alternative » ou « indie » suppose à l’origine que les musiciens sont suffisamment libres pour choisir des alternatives, réinventer les concepts musicaux, et essayer des choses qui n’ont jamais été tentées jusque là. Quelquefois quand je mets un échantillon bizarre dans un chanson, ou que j’utilise des instrumentations étranges, c’est juste que je m’amuse et que je profite d’une liberté musicale.
Est-ce que tu penses qu’il y a un aspect dans The Royal We qui soit particulièrement important et que l’auditeur risque de ne pas saisir ?
Je pense que l’on peut entendre ce que l’on veut dans un morceau de musique. The Royal We est un album de rupture, comme Everything Starts to Sing l’était avant lui. Ca parle aussi de quitter le nord-ouest de la côte pacifique pour rejoindre la Californie où les jours sont meilleurs. Je suppose qu’il s’agit d’un bon disque pour quelqu’un qui traverse un bouleversement personnel ou qui doit dire au revoir à une certaine personne, une ville ou à un moment de sa vie.
Comment c’était de tourner en Europe pour la première fois ?
C’était super !
Est-ce que tu penses monter un groupe pour t’accompagner maintenant ?
Oui, je prévois de commencer un nouveau projet, avec un nouveau nom sans plus utiliser mon propre nom pour mes disques. J’espère appeler ce projet « Songs for Animals », et j’aimerais que ce soit un groupe collaboratif large et désordonné, avec beaucoup d’instruments différents. J’ai beaucoup joué dans des groupes avec les traditionnels basse/batterie, et c’est fantastioque, mais j’aimerais aussi d’autres instruments moins souvent utilisés en plus. Ca va prendre quelque temps pour que ce projet voie le jour, et mon prochain disque ne sortira pas avant quelques années, mais j’ai le sentiment que quand il va le faire, ce sera le meilleur jusque-là.
Dans le prochain numéro de Trip Tips, je vais parler de Shearwater, Girls, Owen Pallett, Serena Maneesh (un groupe norvégien), John Grant, Dave Rawlings, Eels, The Fall et Hawkwind… Je me demandais si tu les connaissais, et si tu pouvais avoir un commentaire à leur sujet ?
J’ai entendu Eels quand j’étais au collège… Je me souviens d’avoir entendu une chanson qu’il a écrite à propos de son père, et j’ai pensé que c’était bien.