De son vrai nom Charles Michael Kittridge Thompson IV, membre fondateur des Pixies, né en 1965 dans la Massachusetts. En 1986, étudiant à Boston, il prend le pseudonyme de Black Francis et fonde les Pixies avec son colocataire, le guitariste Joey Santiago, recrutant Kim Deal à la basse et David Lovering à la batterie. En quelques années et quatre albums historiques, cette formation va changer la face du rock indépendant américain, permettant l’éclosion d’une nouvelle vague de groupes fortement influencés par leur son et leur attitude. Ainsi Kurt Cobain ne cachera jamais tout ce que Nirvana doit aux Pixies.
En 1992, au moment de la séparation du groupe, Black Francis change son pseudo en Franck Black.
Avec l’aide d’Eric Drew Feldman (Captain Beefheart, Père Ubu), il publie en 1993, après le lancement d’une inattendue reprise électro de Hang On To Your Ego des Beach Boys (extrait de leur album Pet Sounds), son premier album, Frank Black, salué par la critique.
En dehors d’un hommage aux Ramones (le lyrique I Heard Ramona Sing : « The speed they’re travelling/They are the only thing ») et de la reprise de Brian Wilson, on retrouve dans ce premier album les thèmes favoris de l’ex-leader des Pixies : extraterrestres, planètes lointaines, distorsions spatio-temporelles, folie douce, ésotérisme, etc. Frank Black s’y essaye à différents styles de chant (du langoureux Everytime I Go Around Here au hurlant Ten Percenter), y compris parfois dans un seul et même morceau (Parry The Wind High, Low). Il poursuit, avec une orchestration élargie (cordes, cuivres), les expérimentations déjà perceptibles dans les deux derniers albums des Pixies, Bossanova (1990) et Trompe le monde (1991) et semble gagner en ambition et en puissance vocale ce qu’il perd en légèreté et efficacité.
Avec le très dense Teenager Of The Year, sorti un an plus tard, la prolixité de Frank Black se change en gloutonnerie : 23 morceaux inégaux s’y succèdent à un rythme échevelé. D’une chanson à l’autre, on change d’univers sonore et mélodique, F. Black s’amusant à multiplier les ruptures de style, passant d’un court morceau hardcore (Thalassocracy) à une douceâtre chanson reggae (Fiddle Riddle) puis à une composition aérienne indécidable (The Vanishing Spies), etc. Les thèmes, eux, ne varient pas : astrophysique, science fiction, caprices de l’espace physique, etc.
Si Teenager Of The Year reste aujourd’hui l’un des albums préférés des fans de Frank Black, à cause sans doute de sa largesse, l’album est un échec commercial. Frank Black traverse alors une période de crise d’inspiration et renoue avec ses premières amours, le punk-rock hardcore, s’appliquant à composer des titres moins ambitieux.
Sur sa lancée, F. Black s’adjoint un groupe, The Catholics, et fait paraître un disque tout aussi brutal et électrique, Frank Black and The Catholics, dans lequel le morceau The Man Who Was Too Loud fait office de confession sur les raisons de ce tournant musical (« He’s not the man that he used to be »). L’unique ballade de l’album, Dog Gone, est une des plus personnelles et déchirantes de l’auteur.
F. Black se sépare se remarie dans les années 2000 avec la bassiste et chanteuse Violet Clark, avec qui il aura plusieurs enfants et fondera quelques années plus tard le duo Grand Duchy. Il abandonne son groupe les Catholics et part enregistrer à Nashville, en compagnie d’un certain nombre de grands noms (le légendaire guitariste Steve Cropper, Buddy Miller, Reggie Young, le bassiste David Hood), l’album Honeycomb, à ce jour sans doute sa plus grande réussite. Doux-amer mais serein, dépouillé de toute explosion de rage, Honeycomb explore avec tendresse et professionnalisme divers aspects de l’americana : country, folk, soul. F. Black y interprète une version très réussie du célèbre At The Dark End Of The Street de James Carr.
Courant 2006, Frank Black reprend son pseudonyme du temps des Pixies et redevient Black Francis.
Discographie sélective :
Pour une discographie complète et commentée, voir Wikipédia.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Frank_Black