“…you can hear whatever you want to hear in it, in a way that’s personal to you.”
James Vincent MCMORROW
Qualités de la musique
soigné
(81)
intense
(77)
groovy
(71)
Doux-amer
(61)
ludique
(60)
poignant
(60)
envoûtant
(59)
entraînant
(55)
original
(53)
élégant
(50)
communicatif
(49)
audacieux
(48)
lyrique
(48)
onirique
(48)
sombre
(48)
pénétrant
(47)
sensible
(47)
apaisé
(46)
lucide
(44)
attachant
(43)
hypnotique
(43)
vintage
(43)
engagé
(38)
Romantique
(31)
intemporel
(31)
Expérimental
(30)
frais
(30)
intimiste
(30)
efficace
(29)
orchestral
(29)
rugueux
(29)
spontané
(29)
contemplatif
(26)
fait main
(26)
varié
(25)
nocturne
(24)
extravagant
(23)
funky
(23)
puissant
(22)
sensuel
(18)
inquiétant
(17)
lourd
(16)
heureux
(11)
Ambigu
(10)
épique
(10)
culte
(8)
naturel
(5)
Genres de musique
Folk
(118)
Pop
(88)
Rock
(81)
Rock alternatif
(78)
Americana
(72)
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(69)
Folk-Rock
(65)
Blues
(51)
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(42)
Psychédélique
(39)
Soul
(39)
Rythm and blues
(32)
Alt-Folk
(31)
Expérimental
(30)
orchestral
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Synth-pop
(25)
Noise Rock
(23)
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(20)
Funk
(19)
Métal
(17)
Psych-Rock
(16)
Jazz
(15)
Atmosphérique
(14)
Auteur
(14)
post-punk
(14)
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(13)
Electro
(13)
Punk
(13)
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(13)
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(13)
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(13)
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(12)
reggae
(12)
Post-rock
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Stoner Rock
(10)
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(9)
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(9)
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(9)
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(8)
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(7)
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krautrock
(3)
spoken word
(2)
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mercredi 27 juillet 2016
samedi 16 juillet 2016
MARISSA NADLER - July (2014)
oo
élégant, hypnotique, contemplatif
Folk, pop alternative, americana
Quand les murs tombent, cela apporte au lieu d’amenuiser ses forces, cela lui permet de voir plus loin. Incapable de rester sans inactive, Marissa Nadler se nourrit désormais des transformations incessantes d'un climat que l'on croyait éternel et qui s'est mué en force ennemie, aspirant nos souvenirs, et précipitant notre isolement, que ce soit en déclenchant les guerres, comme le chaleur syrienne, ou en faisant disparaître des maisons et des quartiers entiers dans les inondations. Elle a toujours semblé vouloir rester à faire le ménage de son entité en conjurant le vide, la poussière, les mots. Mais cette entité, ce vide, ont évolué vers plus de spécificité, de précision, décrivant un monde de plus en plus conscient, dont les manifestations à l’encontre des hommes se multiplient. Le monde d'enregistrement de ses chansons s'est enrichi, elle s'est mise à faire des démos, et cela se traduit par la présence de plus en plus grande d'harmonies vocales.
« J'ai préparé chaque chanson sur Garage Band, puis en créant les harmonies sur une piste séparée. J'ai écrit les mélodies avec les harmonies en tête. Quand je suis arrivée en studio, chaque harmonie était déjà écrite, ainsi que toutes les idées pour les parties vocales. L’instrumentation s'est faite de ce que Randall Dunn a apporté de son côté, avec une facilité géniale. » Après July, elle savait déjà qu'elle confectionnerait le prochain album avec ce même producteur, présageant d'une longue relation avec celui qui sut si bien comprendre comment sa musique était liée aux atmosphères amples du black metal.
Les atmosphères austères et enveloppantes de July sont aussi concrètes que la relation des groupes drone comme Sunn O))) avec leur équipement. La buée s'échappant de cette musique pourrait aussi bien être le chaleur des enfers, et on peut clairement imaginer les changements d'état de l'eau à son contact, les troncs vibrer et les feuilles frémir sur les arbres et tomber jusqu’à ce qu'il n'en reste plus une seule. D'ailleurs les goût de Nadler pour les harmonies vocales s'est combiné aux ambiances du groupe black metal Xasthur en 2010. La musique metal contemporaine recherche des atmosphères très sophistiquées. Finalement, les harmonies soigneusement détaillées, sont, mieux encore que les arrangements, ce qui démarque les chansons de Nadler et forge leur esprit.
«Mes fans les plus loyaux ont toujours été des hommes d'un certain âge qui jouent en finger picking et des fanatiques du songwriting. J'ai aussi maintenant, une légion de fans de black metal suite à ma collaboration avec Xasthur. J'aimerais qu'il y ait plus de dames à mes concerts... » July est l’album qui devrait lui apporter, dans le temps, son public le plus varié, plus jeune et féminin. Les histoires de cet album donnent l'impression qu'elle apporte des conseils ou des mises en garde à une personne plus jeune. Le cap de la trentaine joue son rôle. Ce n'est plus seulement le jeu de se perdre dans un autre lieu et un autre temps, comme dans les premières chansons, à 23 ans : "I once was young and I once was strong." Il y a transmission.
Il y a cette volonté d'identification, d'empathie, une générosité renouvelée pour la nouvelle génération. Ce n'est plus seulement sa musique nous ouvrant les bras dans un envoûtement ininterrompu, ce qui avait attiré ses premiers fans. Ce n'est plus seulement pour faire passer la nuit aux insomniaques, mais pour être utilisé en plein jour. Elle tend à aller vers plus de réalisme, d’éléments pour ceux et surtout celles cherchant à ne plus se laisser abuser. Sur Holiday In : "You have a girl in every state/ I know I'm in the way."
Ce qui rend ses chansons puissantes, c'est les possibilités, ce qu'elle laissent entrevoir. Elle se tient en gardienne, en interprète, comme les poètes en sont, comme le chant l'est, et les rêves peuvent l'être. Une barrière, une forme d'inertie à l'inverse de l'inconstance. Elle encaisse comme tout le monde les visions, les images, s'en imprègne. «Looking through the windows/ to other people’s rooms ». Elle est aux limites de l'inconstance, de la trahison de son propre être, le met en danger en brouillant les frontières entre elle et le monde. Auparavant, les personnages étaient seuls dépositaires de leur temps, ils décidaient de la manière de le dépenser. « Ce disque s'appelle July car il fait la chronique des événements de ma vie, d'un mois de juillet à l'autre. Ainsi, c'est très chronologique, la façon dont l'album avance est aussi la façon dont ma vie le faisait. »
jeudi 14 juillet 2016
KACY & CLAYTON – Strange Country (2016)
OO
intemporel, poignant
folk
Kacy Anderson et Clayton Linthicum
viennent d’un endroit ou les heures dont sont retirées, étirées,
de vieilles inspirations comme Doc Watson et la Carter Family leur
parvenant par un hasard de leur espace-temps, et la country des
années 40 ramenée un jour par un ‘neighbor’ revenu de son
égarement dans une dimension voisine. L’éducation musicale de ces
deux cousins s’est constituée par coïncidences, à force de se
focaliser sur leur passion et de vouloir s’arracher à leur
terreau, à 12 kilomètres au nord du Montana, soit au fin fond du
Canada. Il y a quelque chose de très romanesque dans la façon dont
le duo a commencé à s’animer pour la musique, tout en vivant à 5
heures de route du disquaire le plus proche, sans réseau internet
fiable, et poussés à conduire sans permis pour pouvoir se rejoindre
et jouer alors qu’ils vivaient à 6 miles d’écart l’un de
l’autre.
Propulsé par une chanson titre qui
ravive instantanément les espoirs pour un folk à la fois riche et
simple, hypnotique, Strange Country est déjà l’album d’un
groupe qui s’est parfaitement érigé sur son propre sommet, bien
que Kacy Anderson, qui se consacre exclusivement au chant, n’ait que 20 ans. Ils tiennent, avec ces sept
chansons originales (et 3 reprises), le condensé d’une formule
retrouvée. La qualité, la limpidité de ces compositions
personnelles est évidente, notamment quand on rencontre, en fin
d’album, après la traditionnelle Plains of Mexico, la glaçante
Dyin’ Bed Maker, ou une femme au foyer se mue en criminelle mue par
la jalousie. Voilà, d’abord composée au violon, par K. Anderson,
une façon mémorable de terminer ce disque trop court mais dense. La
folle décision du meurtre n’a jamais semblé si mûrement
réfléchie, trente minutes durant, en réalité. Les arrangements de
cordes nous ravissent une dernière fois. On sent là tout le talent
du duo pour partager les images prégnantes de leur conscience.
Fascinés par les sons anciens, ils ont
aussi trouvé leur public parmi les personnes âgées, avant de
donner à leur formule dépouillée un sens de plus en plus cohérent
dans l’époque actuelle, une forme de ‘rébellion contre la
rébellion’, un vent de fraîcheur dans une ère d’albums
surproduits. Le jeu envoûtant de C. Linthicum, qui évoque autant le
folk du Dust Bowl, ces ballades des années 20 décrivant les famines
et les désastres frappant les gens de la terre, avec une lenteur
étrangement grisante, et le Blues Revival des années 50 et 60,
remet sans effort cette époque au goût du jour. L’esprit
d’effronterie dont ils font preuve se marie à merveille avec leur
touche acoustique aventureuse, tissée d’un écheveau fiévreux de
notes.
Ils ont une prédilection pour les
murder ballads, ces chansons qui ravivent de vieilles histoires
d’assassinat, qui exhument les secrets enfouis de leur propre
communauté, le scandale de grossesses interdites. C’est une œuvre
folk puissante, celle parvenant à décrire ce qui se passe derrière
les portes closes, nous attrape par la main par son charme et sa
grande clairvoyance. « J’étais obsédée
par les femmes au foyer. Qui pense encore à leur sort ?
Personne. Leur histoire, peu l’ont racontée. Personne ne
les voit, ni ne s’occupe d’elles, ou en parle, quand depuis si
longtemps la mère a vécu dans la maison, en esclavage, et privée
de tout.” Dans les anciennes histoires de famille réside le cœur
de la rébellion. « Souvent, les histoires de meurtre montre
des femmes faibles. Je préfère les histoires dans lesquelles la
femme commet le crime. Cela signifie : nous ne sommes pas
faibles, et nous allons vous baiser. »
Les interview sont issues du site
internet de Kacy & Clayton
lundi 11 juillet 2016
MARISSA NADLER - Strangers (2016)
OOO
lyrique, pénétrant
Folk rock
Extrait provisoire de l'article sur Marissa Nadler à paraître dans Trip Tips 28.
La musique est un formidable moyen d'imputer des éléments personnels, de les formuler, de les façonner, et c'est exactement ce que fait Marissa Nadler en décidant d'animer elle-même la vidéo pour Janie in Love, la chanson la plus entêtante de Strangers, son septième album. Elle donne une forme physique au ressenti, insuffle la vie dans les corps obtus, en pâte à modeler, en éléments de papier, animés par la magie du cinéma. Malgré le soin apporté, cet art de la mise en scène paraît bien creux en comparaison de la musique, qui tient du romantisme pleinement assouvi, produisant un jeu d'ombres et de lumières très évocateur, emprunté à la soul orchestrée de Nina Simone, Billie Holiday, Sam Cooke, Roy Orbison qu'on aurait plongée dans une torpeur dont Opal et Mazzy Star reste les meilleurs représentants. Comme parfois lorsqu'on veut représenter une scène trop dure au cinéma, elle donne corps en projetant un jeu d'ombres, le plus doux possible, sur les murs qui délimitent son entité.
Les artistes qui sont perçus comme nébuleux, élusifs, sont ceux qui ont le plus fort rapport à la silhouette, à la forme que leur musique. Ils émergent convaincus par leur hésitation même, par leur timidité (Marissa Nadler reconnaît, qu'à ses débuts, elle n'osait dévisager les gens dans la rue) pour se donner les moyens de tout définir ; la façon dont cette musique sera vêtue, son odeur, son visage, sa couleur, son appartenance à une culture ou à une autre. Pour ces artistes là, la musique est d'abord l'entité de leurs rêves, et ils ne seront toujours qu'à travers elle. Elle concrétise leurs désirs intérieurs.
Le trait le plus évident de la musique de Marissa Nadler, c'est sa couleur : le noir. C'est si évident qu'on n'y prête plus attention, on sait que la pochette de son nouvel album devait être aussi noire que celle du précédent. Sur Strangers, elle apparaît comme une statue, en élément en regard de sa musique, en réceptacle, plutôt qu’instigateur de ces mélodies profondes. Peut-être le noir est t-il là parce qu'avec ces deux disques, July (2014) puis Strangers, elle est entrée dans une phase plus lourde, pus sourde, se fondant mieux que jamais avec son entité, se permettant d'entrer osmose et de parler d'elle dans ses chansons, un changement qui a été largement remarqué par les fans de July. Son travail avec Randall Dunn (Sunn O))), Björk, Black Mountain), a aussi encouragé cette projection musicale à se faire plus totale, les synthétiseurs contribuant beaucoup à l'évolution des ambiances, surtout sur les chansons Skyscraper et Hungry is the Ghost.
Dans le noir, les mouvements sont invisibles, gratuits. C'est la couleur d'une fluidité, d'une mouvance, parfaite illustration d'une musique d'apparence statique mais qui, en réalité, est sans cesse en évolution, ne se repose par sur un rythme ou un schéma d'accords figés mais sur une progression continue. Prenez par exemple Katie I Know. C'est la meilleure forme de chanson s'il s'agit de développer une tension, Nadler donnant encore l'impression, à la première écoute, qu'elle se contente de poursuivre sur le même ton qu'avec son précédent disque, alors qu'on devine, après plusieurs écoutes, une ouverture progressive qui ouvre la voie aux plus grandes chansons de l'album, Skyscraper, Hungry is the Ghost, All the Colors of the Dark. Puis vient la chanson titre, le moment le plus engourdi.
Elle ne doit pas retenir d'aller chercher les pépites en fin d'album, et en particulier Dissolve, qui fait songer, étrangement, au songwriter britannique Richard Hawley. Lui introduit toujours un sens du lieu dans ses chansons ; et au début de son album le plus crépusculaire, Truelove's Gutter (2009), il emprunte le langage de l'ombre et de la lumière commun à ceux qui observent depuis l'ombre et veulent définir leurs ressentiment avant de s'avancer. « As the light creeps over the houses/and the slates are darked by rain». Aidé du crystal bachet et de l'harmonica de verre du français Thomas Bloch, Hawley paraît cependant avancer plus en lumière, se permettant d'être davantage lui-même. «In this morning search for meaning/ I hear a songbird melody/And she's singing just for me. » Marissa Nadler ne chante pas seulement pour vous, comme dans la chanson de Richard Hawley, mais pour un entremonde.
Le noir, c'est la couleur du mouvement, du frémissement, du trouble, de la peur. Toutes choses que, de façon générale, l'artiste peut décider de révéler ou de cacher, mais seulement à condition de les trouver, de les reconnaître, et de les projeter. Les possibilités sont dès lors infinies, et des chansons ressemblantes en apparence cachent mille formes d'avancement et dessinent le parcours d'audaces intérieures.
Le noir a ainsi de multiples fonctions, et Nadler les maîtrise parfaitement. Même une pochette entièrement noire, en apparence, resterait la preuve que rien n'est laissé au hasard. Les devenirs et les désastres intimes ne se forment t-ils pas à la faveur de la nuit ? Comme dans un conte d'ETA Hoffman, les situations les plus concrètes naissent de commencements ambigus, d'états indescriptibles. Ces positionnements intelligents permettent à Nadler d'atteindre le plus haut niveau d'abandon sur ce beau moment qu'est Janie In Love.
BADLAND REVIVAL - Interview (V.F. - V.O.)
Badland
Revival, c'est un tout jeune groupe d'humeurs diverses, en recherche
d'authenticité. Avec leur premier album, ils parviennent à un
résultat quasi télépathique, leur son spontané et vivant sans
perdre une miette de l'énergie des concerts. Après deux chansons
rutilates qui donnent un sens vigoureux à leur formule, Foggy
(Little One) joue le premier revirement, sous forme d'une
ballade au banjo. Plus loin, Mr Hawai encapsule leur envie de
s'amuser : Come, on, springtime is here... »
Difficile d'arguer contre une petite chanson limpide telle Fact is
Fiction, par laquelle ils brouillent, dans le recueillement, la
frontière entre réalité et imagination.
Cette
musique ensoleillée, habilement affiliée à la country -blues
sudiste, n'attend que de conquérir un nouveau public qui ait le
désir de s'abandonner. Conquis par le potentiel de ce groupe,
Trip Tips les a interviewés.
Comment
le groupe est t-i né ? Mr Hawaï était t-elle votre première
chanson terminée ?
La
plupart d'entre nous nous connaissons depuis longtemps, en fonction
des groupes dans lesquels nous avons joué, ou en supportant des
projets solo, entre amis. Cela nous a simplement pris du temps, et de
l'éloignement géographique, pour réaliser que nous fonctionnions
bien ensemble. En ce qui concerne notre première chanson, Live
Slow/Die Whenever était notre étendard, elle nous a vraiment
servi à poser notre façon d'approcher l'écriture des chansons. (Mr
Hawaï est venue peu de temps après.)
De
quelle manière votre son est t-il lié à la Floride, où vous
vivez ?
La
Floride est un état éclectique, résidence de personnes très
différentes, et cela a complètement marqué notre jeunesse. De
plus, j'aime penser qu'en tant que groupe, nous sommes le reflet de
cela, avec la diversité de notre son comme expression naturelle de
notre culture. Le rock grincheux, le blues rugueux, et les paroles
portent leur loyauté à un héritage. A l'exception de Mr Hawaî
qui renvoie plus simplement au plaisir de la plage et du soleil,
les autres chansons sont une combinaison de choses qui animent la
Floride en son cœur.
Quelles
sont vos inspirations pour les beaux sons de guitare ?
Merci !
Nous avons eu une approche originale, due au fait que nous
travaillions avec trois guitaristes. L'un d'entre eux a changé pour
la basse, mais l'idée est restée : nous voulions que les
guitares aient une vraie force, viscérale. Nous étions prêts à
sacrifier la clarté tonale, ou même la précision, dans l'idée
d'obtenir le genre de son vous transportant dans un concert rock à
l'ancienne, dans lesquels les groupes se chauffent de tout bois et
passent une heure marquante sur scène. Notre guitariste lead,
Grayson Hendren, est constamment en train de chercher l'équilibre de
ses mélodies, se mettant dans un continuum entre un son signature
et la formulation d'un moment unique à chaque chanson. Sa technique
joue un grand rôle dans les variations entre les chansons.
S'affilier
au swamp rock, c'était une bonne idée pour se faire repérer !
Vu d'ici, on pense à Tony Joe White, le 'renard des marais', et à
un son de guitare bien précis. Mais j'ai appris que cette musique
est faite de toute la diversité musicale de la Louisiane :
boogie, country, rock, blues....
Polk
Salad Annie! [Une chanson culte de White] Tony Joe White est
vraiment de bonne compagnie ! Une partie de la musique la plus
cool du dernier siècle est venue des bayous de la Louisiane, à
notre avis. C'est une source d’inspiration inépuisable pour de
nombreux groupes. Nous venons d'un si large spectre d'influences et
d'ex-groupes, mais nous avons réalisé que toutes ces empreintes
musicales provenaient de ces sons des bayous. Selon nous, ça nous
fait revenir à l'âme qui anime la musique. En Louisiane, comme à
Chicago ou Detroit, les scènes musicales se développent nourries
par une telle âme, un tel cœur, cela devient impossible de s'y
arracher dans la musique elle-même. L'âme, je pense que c'est une
chose qui se perd dans la musique moderne. Je pense que les gens vont
entrer en connexion avec le blues et la musique des mélanges, car,
comme l'espèce humaine, c'est plus axé sur l'émotion que sur la
logique.
Vous
dites avoir voulu retourner à une rugosité qui n'est plus présente
dans le rock aujourd’hui, et je vous associe à un retour aux
racines du rock. C'est vrai avec Live Slow/Die Whenever ou
Seven Year Sickness, mais c'est aussi par son côté laid back
que l'album se démarque... Était-ce votre intention ou est-ce venu
naturellement ?
C'est
un peu le produit de notre temps limité dans le studio, mis c'est
aussi ce que nous sommes en tant que personnes. La façon dont nous
écrivons influence directement la chanson qui en résulte. Nous nous
réunissons dans notre espace et nous jamons. NYOR ou Bring
Your Own Riff (une forme de Do It Yourself) est ce qui marche
le mieux pour nous. Certaines de nos meilleures chansons viennent
d'un riff joué accidentellement pendant une jam-session insensée de
trente minutes ! D'ailleurs, les chansons se forment plus vite
avec cette méthode d'improvisation, car la musique ne devrait jamais
être difficile à créer. Si une chanson devient trop difficile à
construire, alors il se peut qu'elle ne vaille pas le temps que vous
lui consacrez. Nos chansons sont des conversations entre nous ;
parfois elles sont amusantes, parfois sérieuses, et parfois elles ne
nécessitent qu'une seule voix (acoustique) pour les interpréter,
pendant que les toutes les autres voix sont sorties prendre l'air
pour un break de cinq minutes !
On
sent que cet album a été produit avec peu de chose, aussi, ce qui
lui donne un côté intime à des chansons comme Five Point Blues
et Dom's Song. Cela donne son humeur à l'album, avec les
sifflements, les claps, ou le drôle de chant à sur No Bone.
Comment aurait t-il sonné si vous aviez eu plus de possibilités ?
Imagineriez vous utiliser des cuivres, par exemple ?
Nous
devons beaucoup à notre producteur et ami Adam Chadwick des Plush
Studios, à Longwood, en Floride. Il est l'une de ces personnes
aimant vraiment intervenir comme une autre voix de la conversation,
qui est la musique – et il a usé de leviers de géant pour faire
en sorte que ces chansons soient enregistrées comme il fallait. Tu
as raison, nous avions un budget minuscule pour cet album, et à peu
près quatre semaines pour écrire et enregistrer toutes les
chansons. Si nous avions l'argent pour avoir des cuivres, des
chanteurs et ce genre de choses, nous sauterions sur l'occasion. Par
chance, avec la nouvelle musique, que nous commençons à répéter
et que nous enregistrerons au mois de mai, nous allons explorer de
nouvelles pistes pour ajouter des muscles aux squelettes de ces
chansons.
Pouvez-vous
raconter l'origine de a chanson Virtue for Sale ?
Ou Fact is Fiction ?
Ces
chansons ont une signification particulière pour moi, car elle ont
évolué tandis que je gagnais en maturité et que je devenais un
meilleur songwriter et chanteur. Badland Revival a réussi à en
faire ce qu'elles devaient devenir. Les deux touchent les mêmes
thèmes, grandir hors de la réalité perçue, et vers une forme de
réalité plus intense. L'une d'entre elle considère la nature
abstraite du bien et du mal, l'autre évoque le danger de s'accrocher
trop étroitement aux faits, avec un mépris pour l'importance de
l'imagination.
Comment
sonnera votre prochain disque ?
Le
prochain album va polir le style que nous avons abordé dans le
premier. Nous savions que nous voulions explorer quelque chose dans
la veine de ce que nous avons fait avec Mr HawaÏ, mais depuis
lors nous avons pu clarifier cette direction dans de nouvelles
chansons, de la même façon qu'avec les chansons plus brutes, nous
avons trouvé des façons de les rendre plus performantes.
Quelle
est le moment dont vous êtes le plus fier en tant que groupe ?
Et en tant que chanteur ?
En
tant que groupe, je pense que nous sommes les plus fiers du
dévouement dont nous avons fait preuve dans la dure, pour nous
révéler à travers la musique et la partager avec des gens qui
n'avaient jusque là jamais prêté d'attention à ce type de rock &
roll ! Et pour le reste, il y a une liberté dans ce projet à
laquelle aspire tout chanteur. Cela passe de chansons profondément
émotionnelles à des choses purement fun, ou énervées, cet album
est en défi en matière de diversité et de style. D'être capable
de parvenir à un seul album avec tant de diversité est un
accomplissement.
Merci...
Merci
pour la discussion ! Nous avons des vidéos sur You Tube, des
reprises de chansons... Notre Facebook est mis à jour chaque semaine
avec de nouveaux contenus, ça vaut bien un Like !
The
majority of us have known one another for many years, in and out of
other bands together or supporting solo projects as friends. It
simply took some time and geographical distance for us to realize we
work well together. As for our first song, Live Slow/ Die Whenever
was our flagship, and really served to set the tone for how we
approached writing. (Mr. H came shortly thereafter).
How is your sound bounded to florida, culturally speaking ?
Florida
is an eclectic state, home to many types of people, and it shaped the
entirety of our early lives. Therefore, I like to think we are a
reflection of that, with the diversity of our sound as a natural
expression of our home's culture. Grit, blues, and lyrics speak to
heritage. Mr. Hawaii speaks to the beach and love of the sun. Still
other songs act as a combination of many things, which is Florida at
its core.
What are your inspirations for the superb guitar sound ?
What are your inspirations for the superb guitar sound ?
Thank
you! When it came to guitars and tones, we took an odd approach to
it, as originally we were working with three guitarists. One
eventually migrated to bass, but the idea we had remained: we wanted
the guitars to have a power and a gut in them. We are willing to
sacrifice total tonal clarity or even accuracy in the process of
achieving some kind of sound that almost transports you to an old
school rock concert where the band is hitting you with everything
they got for an hour on stage. Our lead guitarist Grayson Hendren is
the tone-snob of our group, and he is constantly trying to balance
his lead guitar tones on a continuum between a signature voice and a
unique experience. That plays in heavily to our variations
song-to-song.
I think that being affiliated to swamp rock is a good idea to put you appart from a lot of bands. From France, it makes us think of Tony Joe White and a very peculiar guitar sound. But i found out that this music is much more diverse, showing all the diversity of Louisiana music : boogie, country, rock, blues...
Polk Salad Annie! Tony Joe White is good company to be in! Some of the coolest music of the last hundred years has come from the bayous around that Louisiana area in our opinions. Most music that has influence one group or another has come out of there. We all come from such a broad spectrum of influences and former bands, but we found that all of those influences originated from these swampy sounds. It just really comes down to the soul of the music for us. These places like Louisiana, Chicago, or Detroit develop these music scenes fueled by such heart and soul, it becomes inescapable in the music itself. I think that is something we see missing in modern music. Although there's a lot more to dip your feet into these days, it also gives a voice to people who do not necessarily have anything new or unique to say. I think people will always connect with bluesy, swampy music because, like human-kind, it is more emotionally charged than mathematically centered.
You said you wanted to go back to a grit mostly absent on rock music
these days. It is true in Live Slow/Die Whenever or Seven Year
Sickness, but there is also a laid back and elegant vibe that puts
this album appart... Was it your intention or did it came naturally ?
This is a music and a singer smiling, trying to change the listener
softly. And most of all, the strong point is that the record is made
of diverse songs...
It
is a little bit the product of limited time in the studio, but it is
also part just who we are as people. The way in which we write
directs entirely how the songs come out. We get all of us into a
practice space and we just jam. BYOR or Bring Your Own Riff mentality
is just what we found works best for us. Some of our best songs come
from one riff accidentally played during a thirty minute
non-nonsensical jam session. However, the songs shape themselves
faster in this improvisational method, because music should not be
hard to create. If a song gets too difficult to build, than it might
not be worth your time. Our songs are conversations between the lot
of us; sometimes these conversations are fun, sometimes serious,
sometimes uplifting, and sometimes they just involve a singular
(acoustic) voice because all the other voices went outside for fresh
air and a five-minute break!
It feels like this album is produced with relatively little money, with gives songs like Five Point Blues or Dom's Song an intimacy. It gives the album its mood, with whistles, claps, or the funny mouth noise on No Bone. How would it have sounded with more ways to do it ? Could you imagine using brass, for example ?
First, big credit goes to our producer and good friend Adam Chadwick at Plush Studios in Longwood, FL. He is one of those people who truly enjoys being another voice in the conversation, which is the music-- and has been such an enormous help to getting these songs laid down properly. You're right though, we had a shoe-string budget for this album, and only about four weeks to write and record all the songs. If we had the funds to bring in brass, background singers, and such we would jump at the chance. Luckily, with the new music we are just getting into the studio to record this May, we will be exploring adding those muscles to the skeletons.
Could you write about the meaning of Virtue for Sale ? And Fact is Fiction, which seems to be at the heart of the record...
These songs are particularly special to me, as they have evolved along with me as a person, writer, and singer. Badland Revival has finally brought out what these songs were always meant to be. Both touch on some of the same themes, growing out out of perceived truth and into reality. One considers the abstract nature of right and wrong, the other touches on the dangers of holding to tightly to fact with disregard for the importance of imagination.
What will your next album sound like ?
The next album is going to be a bit of a polishing to the style we had explored in the first release. We knew we wanted to explore something in the vein that we did with Mr. Hawaii, but since then we have been able to clarify that direction in some new songs, and just the same with the heavier tracks-- we have explored ways to lean into those directions with more polished, raw intensity.
What is the moment as a band that you are the most proud of ?
As
a band, I think we are most proud of the dedication from all five of
us to go the distance to push through and share our music with people
who may never knew they enjoyed this type of rock and roll! Also, we
are proud of figuring out how much fun hitting golf balls into a lake
can be when bored.
And
as a singer ?
There is a total freedom in this project that every singer dreams of. From deeply emotional, to pure fun, and grit, this album challenges range and style. To be able to put together a single album with such diversity is the hope of any singer.
There is a total freedom in this project that every singer dreams of. From deeply emotional, to pure fun, and grit, this album challenges range and style. To be able to put together a single album with such diversity is the hope of any singer.
Thank you so much for letting us chat with you! We just want to make sure everyone knows to check out our YouTube channel for music videos, cover songs, and more. Also our Facebook is updated weekly with new content, so it is worth a Like!
dimanche 10 juillet 2016
JANEL LEPPIN - Mellow Diamond (2016)
oo
onirique, orchestral, fait mainalt folk
http://janelleppin.bandcamp.com/
Mellow Diamond nous rappelle comment certains des albums les plus brumeux et étranges de la musique sont dus à des virtuoses capables de concevoir leur petit monde sans l’aide des lois de la pesanteur. Les talents de Janel Leppin, même si elle est d’abord violoncelliste, lui permettent d’utiliser une vingtaine d’instruments à cordes, dans l’idée de produire une illustration sonore, une ambiance de plus en plus convaincante au fur et à mesure de l’avancée de cet album. Sans oublier sublime, envoûtant à souhait. Le premier sommet de cet album très immersif est Her Tale was Cut In Two, un paradoxe de plus de sept minutes autour du processus de création. C’est circonvolutions, franges et strates instrumentales superposées, en marge du vrai monde, à la saveur affirmée, et qui pourtant se termine dans le vertige d'un field recording, anéantissant notre équilibre. Le harpsichord, un instrument précieux de toute musique éthérée, s’élève tandis que la voix de J. Leppin gagne en intensité, se délivrant d’une gangue d’orchestration qui raconte vingt ans de fidélité et de circonscription dans le champ de l’interprétation du répertoire classique. Un long entraînement, source de frustration, au terme duquel l’artiste apparaît en expansion, pleine d’idées et assoiffée de tonalités orientales (le koto sur Cast in Gold ou Belly of the Beast). Chez la musicienne expérimentale, on sent que les professeurs ont aiguisé le goût de la transgression sonore.
C’est l’acid folk érudite d’aujourd’hui, comme Pearls Before Swine pouvait paraître érudits à la fin des années 60. Belly of the Beast évoque les audaces de Jonny Greenwood avec Radiohead. Il n’y a là plus grand-chose d’apparent, de tangible, pour notre plus grand bonheur. Par la suite, les sons se font de plus en plus organiques tandis que des voix chorales rejoignent les textures soulignant le côté intimiste et intérieur. Des interludes (Echo Location I, II et III) donnent à l’ensemble l’air d’une symphonie visuelle qui serait le pendant de la bande son d’Angelo Bandalamenti pour Twin Peaks. Parmi ses collaborations présentes et passées, celles avec Randall Dunn et avec Marissa Nadler, ou avec Kyp Malone (TV on The Radio) ne sont pas innocentes à l’heure d’écouter cette musique nébuleuse mais soumise à une certaine forme de densité. On croirait que Namesake débute sur un lit de cristal, soulignant chez l’artiste que la démarche vers l’obscur n’est entreprise que pour capter la lumière la plus émouvante. Originaire de l'état de Washington, elle a produit et mixé son album entre Vancouver, au Canada, et Seattle.
Un album qui se veut tendre vers l’innovation et le futur musical tout en se faisant la réminiscence inattendue à des disques comme ceux de Vashti Bunyan ou Linda Perhacs. Le titre même évoque Just Another Diamond Day (1970).
Un album qui se veut tendre vers l’innovation et le futur musical tout en se faisant la réminiscence inattendue à des disques comme ceux de Vashti Bunyan ou Linda Perhacs. Le titre même évoque Just Another Diamond Day (1970).
{archive} LARRY GROCE - The Wheat Lies Low (1971)
OOOO
lyrique, sensible, frais
Folk-rock, americana, songwriter
Deux hommes distincts, deux images
qu’il faut sonder pour y trouver des correspondances ; Larry
Groce en 2016, qui vient de faire paraître Live Forever, un album
paisible, bien produit, où le chanteur songwriter reprend certaines
des chansons qui lui tiennent le plus à cœur, par des songwriters
ouest-américains emblématiques qu’il a pu faire découvrir à des
milliers d’auditeurs de son émission de radio, Mountain Stage. Il
y a Townes Van Zandt, The Band, Jesse Winchester, Billy Joe Shaver.
Sur ce riche humus musical issu des années 70, repose le
véritable intérêt de ce que fait Groce, ce qu’il tente de
réveiller là avec quatre chansons originales. Ce n’est pas
facile, 27 ans après avoir enregistré pour la dernière fois un
album qui se rapproche de celui-ci. Entre-temps, son tempérament
enjoué l'a naturellement transformé, rendu plus léger, comme le
montrait son hit Junk Food Junkie (1976) ou ses collaborations avec
Disney. Il est devenu l’hôte de ses convives, certains diraient
pris en otage par la soif de divertissement sans limites de la
population.
The Wheat Lies Low (1971) nous renvoie
au contraire à la racine de Larry Groce, montrant ce que même
Crescentville (1973) ne contient plus entièrement ; un homme
capable d’émouvoir à la simple force de sa musique, sans faire
appel au divertissement.
C’est l’album d’un artiste en
inflorescence, dont l’insécurité semble être sur le point de se
résoudre en sérénité, et cela se traduit par une douceur rare, à
côté de laquelle beaucoup paraîtraient poussifs. On y retrouve un
peu de la mélancolie à l’œuvre sur l’album éponyme de Townes
Van Zandt, celui dont la pochette le montre attablé dans une
cuisine. Prenons la chanson-titre ; la voix fragile, s’élève
et se maintient avec ténacité, et ce n’est pourtant plus qu’un
murmure, pour décrire un jour de vagabondage, de liberté dans
l’isolement d’une campagne ensoleillée. Dans la lenteur, dans le
parallèle saisissant de simplicité que fait Groce entre
l’hésitation de son propre cœur et les vent dans les blés, il
atteint une sorte d’apothéose malheureusement vite oubliée, dans
une époque où les chansons qui décrivaient la survie émotionnelle
devenaient presque un cliché. La qualité mélodique de cet album
culmine avec les dérives fascinées que constituent Compton et Look
Up For Your Troubles. Déjà, c’est dans ses
gènes, Larry Groce semble chercher à nous redonner de l’allant.
Si la phrase et
la rime semblent faciles, ces chansons sont révélatrices d’une
ère de durcissement, où les
enfants vont devoir se battre avec plus de pugnacité que leurs
parents avant eux pour ne pas être ingérés par la société. « So
they played the same old games/But the players' names had changed/And
the stakes were higher than their father had/And
the rules were several hundred times as bad.”
Par
ses thèmes, par l’histoire particulière de cet album tellement
lié à son époque, The Wheat Lies Low peut être rapproché des
disques de Lou Bond ou de Scott Fagan. Little
Bird nous terrasse autant que They Think She’s Crying Because She’s
Happy, chez ce dernier. La
fraîcheur qui émane de chansons comme I Love, avec sa flute
altière, reste longtemps à l’esprit.
samedi 9 juillet 2016
JOSEPH LIDDY & THE SKELETON HORSE - The Big Sarong (2016)
OO
extravagant, audacieux, vintage
funk, rock
https://josephliddyandtheskeletonhorse.bandcamp.com/album/the-big-sarong-2
Un album à la production limpide, un petit orchestre funk au service des compositions exubérantes, extravagantes de Joseph Liddy, vite qualifié de 'génie' par certains de ces fans. Les onze de ce groupe là semblent passer le meilleur moments de leur vie, depuis la sortie numérique de cet album plein de bravoure et de malice bodybuildée. Ils m'ont rappelé Saskwatch, autre combo australien plutôt dévoué à la soul, et qui avait enchanté l'été 2014 avec Nose Dive.
Les deux batteurs et le bassiste sont particulièrement sollicités à la tenue de morceaux tels Love Supernatural, entre bain seventies et modernité. Un grand bain de soleil, avec des choeurs évangélisateurs et expressifs en diable (You're Alright) et la voix parfois fervente de Liddy, en faux Lennon parfaitement sûr de son fait, virulent dans son envie de se perdre dans la musique, de simplement regarder la roue tourner, et dont l'immense mérite reste d'avoir donné tant de cohésion à 10 musiciens . Son audace brille sur Golden Shoes, une ballade à tiroir comme trop peu osent encore en faire, par peur d'anachronisme. Plus loin, les congas les sons plus analogiques les uns que les autres nous laissent en pleine lumière avec Chase the Rainbow. C'est une odyssée qui allie des moments dégageant un sentiment plus personnel (Peace of Heaven) avec un panel grandiloquent. A la fin, The Toob semble le garant du classicisme funk le plus virtuose.
Le groupe est en plein accélérationisme, semble prendre les mesures du monde de demain, forme une nouvelle écologie musicale funk, anticiper nos désirs d'une scène aux possibilités vitales seulement limitée par les raisons financières. A soutenir, sans doute !
https://josephliddyandtheskeletonhorse.bandcamp.com/album/the-big-sarong-2
Un album à la production limpide, un petit orchestre funk au service des compositions exubérantes, extravagantes de Joseph Liddy, vite qualifié de 'génie' par certains de ces fans. Les onze de ce groupe là semblent passer le meilleur moments de leur vie, depuis la sortie numérique de cet album plein de bravoure et de malice bodybuildée. Ils m'ont rappelé Saskwatch, autre combo australien plutôt dévoué à la soul, et qui avait enchanté l'été 2014 avec Nose Dive.
Les deux batteurs et le bassiste sont particulièrement sollicités à la tenue de morceaux tels Love Supernatural, entre bain seventies et modernité. Un grand bain de soleil, avec des choeurs évangélisateurs et expressifs en diable (You're Alright) et la voix parfois fervente de Liddy, en faux Lennon parfaitement sûr de son fait, virulent dans son envie de se perdre dans la musique, de simplement regarder la roue tourner, et dont l'immense mérite reste d'avoir donné tant de cohésion à 10 musiciens . Son audace brille sur Golden Shoes, une ballade à tiroir comme trop peu osent encore en faire, par peur d'anachronisme. Plus loin, les congas les sons plus analogiques les uns que les autres nous laissent en pleine lumière avec Chase the Rainbow. C'est une odyssée qui allie des moments dégageant un sentiment plus personnel (Peace of Heaven) avec un panel grandiloquent. A la fin, The Toob semble le garant du classicisme funk le plus virtuose.
Le groupe est en plein accélérationisme, semble prendre les mesures du monde de demain, forme une nouvelle écologie musicale funk, anticiper nos désirs d'une scène aux possibilités vitales seulement limitée par les raisons financières. A soutenir, sans doute !
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NOT BLOOD PAINT - Believing is Believing + interview (2016)
OO
Rock, metal, power pop
original, intense
Not Blood Paint est un groupe qui a apparemment appris à prendre des décisions rapides et brillantes, expérimentant pour faire de leurs concerts des moments de 'dissonance cognitive', c'est à dire pour remettre à plat tout ce que les gens pensent de la musique de New Yorkaise en se faisant le reflet d'un petit monde obsédé par son destin, et en proie à une exaltation forcée. A ce jeu-là, ils coiffent tout le monde au poteau, se parent de peintures de guerre et produisent une musique à la fois organique et chamanique. Leurs morceaux alternent élégance et lâcher-prise avec une inventivité qui se ressent par la l'imagerie des paroles, comme issue du livre d'un archonte déchu. Ils ont la prévenance de ne rien vraiment répéter.
Les morceaux se succèdent dans un enjouement qu'ils doivent autant à leur mentors Of Montreal qu'à Prince, dont ils auraient rêvé faire la première partie. Pour le côté plus trivial, leur chanteur et guitariste Joe Starton sonne un peu comme José Reis Fontao de Stuck in the Sound (groupe français). Leur rock progressif ne ressemble plus que loin à ses inspirations seventies, s’enfonçant dans des influences power pop, métal, jusqu'au cœur sombre de l'album, constitué par One by One et Borderline. On est constamment étonné par cet album où chaque articulation est amenée de façon si profonde.
Au vu de la pochette et du titre de l'album, Believing is Believing, un match forcément impertinent avec la religion s'impose. D'autant que s'ils recherchent la 'dissonance' de leur aveu, dans des formules pourtant faites pour être accrocheuses, on peut aussi évoquer que 'croire', (to believe), c'est fait pour entrer en résonance. La musique c'est un moyen d'éprouver l'instant, et notre faculté à devenir plus ouverts face à notre nature. Entrer en résonance, c'est dépeindre un écosystème (New York dans leur cas?), faire l'état du monde extérieur. La religion, elle aussi, ne semble valable que reliée à la nature, sous sa forme la plus primitive et grandiose. Mais au lieu de la sublimer, elle sert plutôt à calmer l'angoisse d'une nature omniprésente.
Il ne s'agit pas de faire seulement un travail sur soi, intérieur, mais d'aller dans la diagonale, à la fois du coté de l'Histoire, de la nature, et du relationnel, qui se combinent dans l'art. Par cette combinaison, la musique semble le moyen le plus valable de profiter de l'instant, comme le théâtre, et d'ailleurs Not Blood Paint a choisi la première voie car le public n'était pas au rendez-vous dans la seconde. Comme les religieux les plus effervescents et Titus Andronicus, le quintette punk du New Jersey, ils s'inspirent d'épisodes sanglants et dramatiques de l'Histoire, et de Shakespeare, lisent peut-être même l'écheveau relationnel à travers ce prisme. Comme Titus Andronicus, ils affectionnent de créer des personnages éphémères qui pourront leur servir de bouclier et de martyrs pour dénoncer l'aliénation.
Les sentiments, tel l'amour à l'emporte-pièce qui tapisse certaines de ces chansons (The French Song, le moment où l'album retombe dans quelque chose de moins transcendant), deviennent mieux qu'une sensation fugace, une longue séquence sensée nous rendre plus ouverts. Ces trois choses, - art, nature, religion – sont sur un axe vertical de résonance (selon le philosophe allemand Hatmut Rosa), par opposition au partage, à la communication qui sont sur un axe horizontal. Not Blood Paint tente de provoquer ces fameuses résonances, de nous rendre plus réceptifs. Comme les prêtres d'un culte, Not Blood Paint ont désormais des ambitions difficiles à cacher ; on peut regarder leurs efforts, comme il le font eu mêmes, avec autant de recul et d'ironie que devant un bon panneau peint religieux.
Not Blood Paint interviewés par le site/salle de concert Le Poisson Rouge. Traduction Trip Tips.
http://lpr.com/qa-not-blood-paint-talks-about-crowdsourcing-funds-drawing-inspiration-from-seeing-bands-in-small-rooms-and-more/
Hey, Not Blood Paint ! Nous aimerions entendre comment vous vous êtes tous réunis pour jouer de la musique. Sans parler du choix du nom du groupe.
Avant que nous nous mettions à répéter notre musique de manière régulière, nous faisions déjà du théatre, et invitions dans notre loft de Bushwick. Nous concevions des pièces, créions un Macbet rock n' roll, et nous sommes retrouvés emarqués dans des happenings sas fin et sans audience. Nous avons réalisé ue les ges ue ous coaissions et ui vivaient dans toute la ville étaient prêts à faire du chemin pour un bon concert bien plus souvent que pour une pièce de théatre. Ainsi nous avons aménagé un studio et nous sommes mis à jouer et à enregistrer régulièrement ! Les deux mondes se sont naturellement réunis.
Quant au nom de groupe, un matin, nous regardons par la fenêtre de l'immeuble vers le coin le moins accessible et désert, derrière. Tachant le bitume, il y avait une grande flaque de sang, à côté d'un revolver et d'une paire de lunettes cassées. Assassinat ou séance photo... lequel des deux s'était vraiment passé la nuit précédente ? Les deux options se valent...
Qu'est ce qui inspire le mélange de théâtre et de performance de vos concerts ? Qui choisit les costumes, le maquillage, l'humeur générale de chaque spectacle ? Espérez-vous répéter une certaine apparence, une ambiance ?
Nous avons vu beaucoup de musique live dans des lieux entièrement remplis de gens qui semblaient vraiment n'avoir aucune envie d'être là. Depuis le gars à la table de mixage, à l'audience arborant des tee-shirts du groupe, jusqu'au groupe lui-même ! C'est bizarre et ennuyeux. Nous sommes peut-être ces deux choses, par moments, mais c'est toujours volontaire !
Nous nous inspirons de nombreuses sources pour l'aspect visuel de nos concerts. Parfois la chorégraphie est tirée de la structure des chansons. Parfois nous avons une idée de costume en s'inspirant de la salle elle-même. Ou bien notre comportement est basé sur un personnage. Souvent il y a une narration qui sous-tend le choix des chansons que nous jouons. Nous essayons de nous surprendre et de rester dans l'instant, autant que possible, afin que l'élément visuel ne soit jamais réduit à un ensemble d'astuces préétablies. Idéalement, il s'agit d'ouvrir l'espace et de laisser jaillir des formes spontanées de conversation.
Nous essayons de ne pas répéter le même show deux fois, mais certains personnages ont assez de chair pour devenir des acteurs récurrents dans une mythologie en progression constante.
On entend beaucoup parler aujourd’hui de la mort de Brooklyn, la gentrification [embourgeoisement urbain], combien il est difficile d'être un artiste, ce que cela signifie de faire de l'art à New York, et tout ça. Vous sentez vous bienvenus en tant qu'artistes ici ? Pensez vous demeurer ?
La gentrification est un processus désolant, et fascinant à observer. Nous ne nous en passerons pas, tant que nous aurons l'esprit de la métropole et du lézard sur le mur ! Lutter laisse de la souffrance, de l'aliénation, et dévore de l'énergie et de la créativité. Bien sûr, nous ne sommes pas les bienvenus à New York, ni même dans ce pays. Le plus gros de l'Amérique ne tolère pas que son rêve soit embrouillé par trop de questions. Ce que les artistes les plus dangereux font, c'est entrer en relation avec ceux de leur public qui ont trouvé ou qui recherchent des manières d'utiliser la dissonance cognitive de façon créative. New-York se remet en cause, est dans la résilience, mais ce n'est pas vraiment le cas dans la majorité du pays.
Comment s'est passée votre expérience de collecte de fonds (crowfunding) avec la plate-forme internet Kickstarter, pour permettre au groupe de terminer l'album ? Le referiez-vous ?
L'expérience de crowfunding était épuisante, terrifiante, exaltante et une vraie leçon d'humilité. La quantité d'organisation et d'énergie qu'il faut imputer est énorme, et nous sommes toujours au beau milieu de ça. Mais nous avons commencé à réaliser que de s'engager avec succès dans cette démarche, c'est avoir un aperçu d'un procédé qui pourrait très bien sauver les arts, l'éducation, la médecine, la technologie des griffes de la mort. C'est excitant quand on y pense comme à une chose dont les implications permettraient d'anticiper, et de faire avancer ce sur quoi reposent nos espoirs. Les artistes doivent t-ils lever des fonds en permanence ? Nous espérons que non. Mais l'effort nécessaire pour réunir un créateur et un individu essayant de supporter son idée est un bon entraînement, on doit penser activement à une manière d'échanger les valeurs de façon plus organique.
http://lpr.com/qa-not-blood-paint-talks-about-crowdsourcing-funds-drawing-inspiration-from-seeing-bands-in-small-rooms-and-more/
Hey, Not Blood Paint ! Nous aimerions entendre comment vous vous êtes tous réunis pour jouer de la musique. Sans parler du choix du nom du groupe.
Avant que nous nous mettions à répéter notre musique de manière régulière, nous faisions déjà du théatre, et invitions dans notre loft de Bushwick. Nous concevions des pièces, créions un Macbet rock n' roll, et nous sommes retrouvés emarqués dans des happenings sas fin et sans audience. Nous avons réalisé ue les ges ue ous coaissions et ui vivaient dans toute la ville étaient prêts à faire du chemin pour un bon concert bien plus souvent que pour une pièce de théatre. Ainsi nous avons aménagé un studio et nous sommes mis à jouer et à enregistrer régulièrement ! Les deux mondes se sont naturellement réunis.
Quant au nom de groupe, un matin, nous regardons par la fenêtre de l'immeuble vers le coin le moins accessible et désert, derrière. Tachant le bitume, il y avait une grande flaque de sang, à côté d'un revolver et d'une paire de lunettes cassées. Assassinat ou séance photo... lequel des deux s'était vraiment passé la nuit précédente ? Les deux options se valent...
Qu'est ce qui inspire le mélange de théâtre et de performance de vos concerts ? Qui choisit les costumes, le maquillage, l'humeur générale de chaque spectacle ? Espérez-vous répéter une certaine apparence, une ambiance ?
Nous avons vu beaucoup de musique live dans des lieux entièrement remplis de gens qui semblaient vraiment n'avoir aucune envie d'être là. Depuis le gars à la table de mixage, à l'audience arborant des tee-shirts du groupe, jusqu'au groupe lui-même ! C'est bizarre et ennuyeux. Nous sommes peut-être ces deux choses, par moments, mais c'est toujours volontaire !
Nous nous inspirons de nombreuses sources pour l'aspect visuel de nos concerts. Parfois la chorégraphie est tirée de la structure des chansons. Parfois nous avons une idée de costume en s'inspirant de la salle elle-même. Ou bien notre comportement est basé sur un personnage. Souvent il y a une narration qui sous-tend le choix des chansons que nous jouons. Nous essayons de nous surprendre et de rester dans l'instant, autant que possible, afin que l'élément visuel ne soit jamais réduit à un ensemble d'astuces préétablies. Idéalement, il s'agit d'ouvrir l'espace et de laisser jaillir des formes spontanées de conversation.
Nous essayons de ne pas répéter le même show deux fois, mais certains personnages ont assez de chair pour devenir des acteurs récurrents dans une mythologie en progression constante.
On entend beaucoup parler aujourd’hui de la mort de Brooklyn, la gentrification [embourgeoisement urbain], combien il est difficile d'être un artiste, ce que cela signifie de faire de l'art à New York, et tout ça. Vous sentez vous bienvenus en tant qu'artistes ici ? Pensez vous demeurer ?
La gentrification est un processus désolant, et fascinant à observer. Nous ne nous en passerons pas, tant que nous aurons l'esprit de la métropole et du lézard sur le mur ! Lutter laisse de la souffrance, de l'aliénation, et dévore de l'énergie et de la créativité. Bien sûr, nous ne sommes pas les bienvenus à New York, ni même dans ce pays. Le plus gros de l'Amérique ne tolère pas que son rêve soit embrouillé par trop de questions. Ce que les artistes les plus dangereux font, c'est entrer en relation avec ceux de leur public qui ont trouvé ou qui recherchent des manières d'utiliser la dissonance cognitive de façon créative. New-York se remet en cause, est dans la résilience, mais ce n'est pas vraiment le cas dans la majorité du pays.
Comment s'est passée votre expérience de collecte de fonds (crowfunding) avec la plate-forme internet Kickstarter, pour permettre au groupe de terminer l'album ? Le referiez-vous ?
L'expérience de crowfunding était épuisante, terrifiante, exaltante et une vraie leçon d'humilité. La quantité d'organisation et d'énergie qu'il faut imputer est énorme, et nous sommes toujours au beau milieu de ça. Mais nous avons commencé à réaliser que de s'engager avec succès dans cette démarche, c'est avoir un aperçu d'un procédé qui pourrait très bien sauver les arts, l'éducation, la médecine, la technologie des griffes de la mort. C'est excitant quand on y pense comme à une chose dont les implications permettraient d'anticiper, et de faire avancer ce sur quoi reposent nos espoirs. Les artistes doivent t-ils lever des fonds en permanence ? Nous espérons que non. Mais l'effort nécessaire pour réunir un créateur et un individu essayant de supporter son idée est un bon entraînement, on doit penser activement à une manière d'échanger les valeurs de façon plus organique.
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