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lyrique, sensible, frais
Folk-rock, americana, songwriter
Deux hommes distincts, deux images
qu’il faut sonder pour y trouver des correspondances ; Larry
Groce en 2016, qui vient de faire paraître Live Forever, un album
paisible, bien produit, où le chanteur songwriter reprend certaines
des chansons qui lui tiennent le plus à cœur, par des songwriters
ouest-américains emblématiques qu’il a pu faire découvrir à des
milliers d’auditeurs de son émission de radio, Mountain Stage. Il
y a Townes Van Zandt, The Band, Jesse Winchester, Billy Joe Shaver.
Sur ce riche humus musical issu des années 70, repose le
véritable intérêt de ce que fait Groce, ce qu’il tente de
réveiller là avec quatre chansons originales. Ce n’est pas
facile, 27 ans après avoir enregistré pour la dernière fois un
album qui se rapproche de celui-ci. Entre-temps, son tempérament
enjoué l'a naturellement transformé, rendu plus léger, comme le
montrait son hit Junk Food Junkie (1976) ou ses collaborations avec
Disney. Il est devenu l’hôte de ses convives, certains diraient
pris en otage par la soif de divertissement sans limites de la
population.
The Wheat Lies Low (1971) nous renvoie
au contraire à la racine de Larry Groce, montrant ce que même
Crescentville (1973) ne contient plus entièrement ; un homme
capable d’émouvoir à la simple force de sa musique, sans faire
appel au divertissement.
C’est l’album d’un artiste en
inflorescence, dont l’insécurité semble être sur le point de se
résoudre en sérénité, et cela se traduit par une douceur rare, à
côté de laquelle beaucoup paraîtraient poussifs. On y retrouve un
peu de la mélancolie à l’œuvre sur l’album éponyme de Townes
Van Zandt, celui dont la pochette le montre attablé dans une
cuisine. Prenons la chanson-titre ; la voix fragile, s’élève
et se maintient avec ténacité, et ce n’est pourtant plus qu’un
murmure, pour décrire un jour de vagabondage, de liberté dans
l’isolement d’une campagne ensoleillée. Dans la lenteur, dans le
parallèle saisissant de simplicité que fait Groce entre
l’hésitation de son propre cœur et les vent dans les blés, il
atteint une sorte d’apothéose malheureusement vite oubliée, dans
une époque où les chansons qui décrivaient la survie émotionnelle
devenaient presque un cliché. La qualité mélodique de cet album
culmine avec les dérives fascinées que constituent Compton et Look
Up For Your Troubles. Déjà, c’est dans ses
gènes, Larry Groce semble chercher à nous redonner de l’allant.
Si la phrase et
la rime semblent faciles, ces chansons sont révélatrices d’une
ère de durcissement, où les
enfants vont devoir se battre avec plus de pugnacité que leurs
parents avant eux pour ne pas être ingérés par la société. « So
they played the same old games/But the players' names had changed/And
the stakes were higher than their father had/And
the rules were several hundred times as bad.”
Par
ses thèmes, par l’histoire particulière de cet album tellement
lié à son époque, The Wheat Lies Low peut être rapproché des
disques de Lou Bond ou de Scott Fagan. Little
Bird nous terrasse autant que They Think She’s Crying Because She’s
Happy, chez ce dernier. La
fraîcheur qui émane de chansons comme I Love, avec sa flute
altière, reste longtemps à l’esprit.
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