OO
communicatif, efficace, varié
rock, country
Chronique extraite de l'article sur Jimbo Mathus (à paraître dans Trip Tips 26)
Il
y a eut-être un livre qui commence ainsi : il n'y a rien de
mieux que d'inviter des amis dans beau soir d'été et tandis que la
bonne compagnie et les boissons fraîches sont toujours ça de pris,
la véritable raison pour se retrouver à un barbecue est simple :
la nourriture. De la poitrine de bœuf braisée, des lamelles de porc
badigeonné de sucre brun, de poudre de chili, de cumin et de
cannelle (sur un lit d’ail et d'oignon et couvert d'un bouillon de
poulet), des brats (saucisses à hots-dogs), sans parler du poisson-chat.
Si on veut parler d'une musique, quand elle prend la dimension
festive, en plus d'être incantatoire, on ne peut pas s passer d'évoquer l'un de ces barbecues dont les effluves de grillade, de
graisse et d'épices s'immiscent dans la culture et dans la création.
D'ailleurs, c'est une critique de Blue Healer qui contient cet
éloge au barbecue*. En ajoutant avec humour, 'même la salade de
quinoa ramenée pas notre copain végétarien remporte toujours
quelque succès.' Reste à trouver la place pour le menu végétarien
dans un disque aussi charnel que Blue Healer, qui, lorsque il
n'évoque pas les tourments de la chair, se tourne vers les esprits
et les drogues dures plutôt que la verdure.
DarkNight of The Soul (2014) était l'album le plus intense de sa carrière,
poussant parfois le chanteur dans ses retranchements, pour notre
plaisir, et l'obligeant à chanter mieux que jamais. Sur Blue Healer,
les moments de rock intenses prennent davantage l'air de célébrations
musicales comparables à ce que déroule Bruce Springsteen en
concert. L'essence et la personnalité se dissipent un peu au service
du muscle et de l’élasticité, mais rien d'étonnant puisque ce
n'est strictement le Tri-State Coalition qui joue, mais un cercle
d'amis plus large au fur et à mesure que Mathus étend sa palette
jusqu'aux limites du rock mainstream.
Si
vous voulez comprendre ce que les américains appellent un groove
profond, une définition possible est de prendre la chanson titre de
cet album. Elle pose une ambiance poisseuse à souhait, la voix de
Mathus comme altérée par l'alcool et la peur, avec un narrateur
visité dans son lit par un ange un peu sorcière. Fallen Angel,
Whispering in the Wings, White Angel, ce n'est pas la première fois
qu'il y a un ange au tableau. Les influences surnaturelles sont aussi
l'ingrédient d'une bonne chanson, une façon imagée à l'extrême
de décrire les émois de l'âme.
Mama
Please est une nouvelle collaboration avec Robert Earl Reed, qui en a
enregistré, comme souvent, sa propre version bien plus roots. Il offre avec Thank You et Coyote les évocations les plus
profondes de l'album sans plomber son propos de trop de sentiment.
Love and Affection est chantée sur un ton léger que le titre ne
pourrait le laisser penser. Les choeurs, tiré des meilleures
traditions rythm and blues et pop, son bien présents.
*http://gutterbubbles.com/album-review-jimbo-mathus-blue-healer/
*http://gutterbubbles.com/album-review-jimbo-mathus-blue-healer/
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