Parution : mai 2011
Label : Sub Pop/Bella Union
Genre : Folk
A écouter : Helplessness Blues, Montezuma, Grown Ocean
°
Qualités : vibrant,lyrique, pénétrant
Le choix du morceau-titre comme premier extrait du disque est révélateur ; pour toute sa grandeur, Helplessness Blues n’a pas la magie folk immédiate de White Winter Hymnal, extrait du précédent opus, et son attrait ne réside pas d’abord dans les harmonies païennes qui ont contribué au succès des Fleet Foxes mais dans les paroles du chanteur et guitariste Robin Pecknold, en quête de sens. « I was raised up believing I was somehow unique/ like a snowflake distinct among snowflakes/ unique in each way you can see/ and now after some thinking Id say Id rather be/ a functioning cog in some great machinery/ serving something beyond me." (“J’ai grandi en croyant que j’étais d’une certaine façon unique/comme un flocon de neige parmi les flacons/unique de toutes les façons/et maintenant après avoir réfléchi je dirais que je préfère être/un rouage dans une grande machinerie/servant quelque chose qui me dépasse »).
Ce qui frappe le plus dans le second disque des Fleet Foxes, n’est ainsi pas tant que ses mélodies puissent faire oublier celles du premier opus. Le titre Helplessness Blues, s’il contient de ces rengaines qui jaillissent toutes seules des guitares de Pecknold et de son plus vieil ami, Skye Skjelset, prend cinq minutes pour se déplier, ce qui en fait une chanson bien plus réflective que ce à quoi nous étions habitués. C'est est un origami insolent après le premier disque, ses pop songs de trois minutes et ses harmonies naturelles comme un lever de soleil. Si Montezuma, en ouverture du disque, vous fera retrouver vos marques en termes d’immédiateté, avec Pecknold faisant cette assertion qu’il est devenu « plus vieux que ses parents », Blue Spotted Tail se situe davantage, au terme d’un disque sinueux, dans l’ombre de Léonard Cohen que dans l’éclat des joyaux primitifs de lumière vivante (petite référence à Tolkien, dont Pecknold fut un ardent lecteur) du premier disque.
Ce qui frappe le plus dans le second disque des Fleet Foxes, n’est ainsi pas tant que ses mélodies puissent faire oublier celles du premier opus. Le titre Helplessness Blues, s’il contient de ces rengaines qui jaillissent toutes seules des guitares de Pecknold et de son plus vieil ami, Skye Skjelset, prend cinq minutes pour se déplier, ce qui en fait une chanson bien plus réflective que ce à quoi nous étions habitués. C'est est un origami insolent après le premier disque, ses pop songs de trois minutes et ses harmonies naturelles comme un lever de soleil. Si Montezuma, en ouverture du disque, vous fera retrouver vos marques en termes d’immédiateté, avec Pecknold faisant cette assertion qu’il est devenu « plus vieux que ses parents », Blue Spotted Tail se situe davantage, au terme d’un disque sinueux, dans l’ombre de Léonard Cohen que dans l’éclat des joyaux primitifs de lumière vivante (petite référence à Tolkien, dont Pecknold fut un ardent lecteur) du premier disque.
La beauté est intacte ; mais c’est davantage par la grâce du repli de Robin Pecknold que d’une oraison immédiate. Il y a trois ans déjà, Pecknold sentait venir quelque changement dans l’avenir créatif des Fleet Foxes. La genèse du premier disque s’était posée en termes sonores avant tout : « Quand nous avons commencé à chanter ensemble en pratique c’était très amusant et nous voulions juste incorporer davantage d’harmonies. » Leurs influences : Simon and Garfunkel, Crosby, Stills and Nash, Fairport Convention, Bill Withers, Van Morrison, le folk des années 60′s. Il s’agit de réveiller quelque chose d’ancien, de le plier à de nouvelles règles, et de créer un nouveau genre de lien avec le public. « Etre coude à coude, pour moi ça traduit sentiment qui reflète le mieux la musique ».
Helplessness Blues est bien plus solitaire que cela ; imaginer Pecknold seul dans la « vieille Amérique bizarre » de Greil Marcus, ses méditations soulignées par des voix qu’on jurerait plus lointaines à présent, c’est désormais cela les Fleet Foxes. Ces voix, « je pense que c’est un moyen facile d’enrichir les chansons sans les avoir trop chargées en instruments – tu peux ajouter quelque chose de vocal et éviter de mettre une section de cordes. Je veux faire de la musique dense mais elle devrait aussi être économique, car si cinq personnes chantent et jouent d’un instrument en même temps, c’est 10 choses qui se passent et c’est sûrement suffisant pour n’importe quelle chanson. » L'intention première était l'équilibre sonore ; l’équation est rendue plus difficile par l’éclosion de Pecknold comme un investigateur existentiel.
Helplessness Blues est bien plus solitaire que cela ; imaginer Pecknold seul dans la « vieille Amérique bizarre » de Greil Marcus, ses méditations soulignées par des voix qu’on jurerait plus lointaines à présent, c’est désormais cela les Fleet Foxes. Ces voix, « je pense que c’est un moyen facile d’enrichir les chansons sans les avoir trop chargées en instruments – tu peux ajouter quelque chose de vocal et éviter de mettre une section de cordes. Je veux faire de la musique dense mais elle devrait aussi être économique, car si cinq personnes chantent et jouent d’un instrument en même temps, c’est 10 choses qui se passent et c’est sûrement suffisant pour n’importe quelle chanson. » L'intention première était l'équilibre sonore ; l’équation est rendue plus difficile par l’éclosion de Pecknold comme un investigateur existentiel.
Ce sont les nouvelles ambitions de Pecknold en termes de textes qui donnent sa forme au disque, qui a été réenregistré en entier en cours de route. En 2008, alors que l’album se dessinait à peine, il avait cette réflexion : « Avec mon écriture en ce moment j’essaie d’être vraiment honnête avec moi-même, même si ces chansons ne finissent pas sur le disque, et je ne me soucie pas vraiment de comment il sonne. Comme Blue, de Joni Mitchell, c’est très confessionnel. Sur les derniers disques [Fleet Foxes et l’EP Sun Giant] j’étais en quelque sorte oblique, ce n’avait pas de sens clair pour personne à part moi. Je voudrais être plus factuel ou quelque chose comme ça ; juste utiliser la chose naturelle d’une façon différente. » Sa vision va peut à peut transformer le disque en challenge. « Le processus de création a empiété sur ma vie et a commencer à affecter mes relations, ce qui en retour a affecté le disque ». Au final, Pecknold ne demande que la paix.
Sa volonté culmine dans les huit minutes de The Shrine/An argument. « C’est une partie importante du disque, émotionnellement parlant. Ce n’est pas forcément agréable mais nous sommes fiers de la chanson en entier”. The Shrine/An Argument est entièrement nimbée d’une beauté libératrice. A deux reprises, Pecknold hurle presque : « Sunlight over me no matter what I do.”(“Le soleil brille sur moi/quoi que je fasse”). C’est transformer un cliché de bonheur en dépression isolée. Derrière les tournures du groupe, l’émotion est crue, et l’humeur du disque s’en ressent ; il y a quelque chose de sombre, de méditatif sur Helplessness Blues qui n’existait pas sur son prédécesseur. Comme son double nom l’indique, The Shrine/An Argument amalgame deux chansons ambitieusement articulées, alternant mélopées poignantes, cavalcade et une section finale qui évoque le travail de Jonny Greenwood sur la bande originale de There Will Be Blood (2008).
Sa volonté culmine dans les huit minutes de The Shrine/An argument. « C’est une partie importante du disque, émotionnellement parlant. Ce n’est pas forcément agréable mais nous sommes fiers de la chanson en entier”. The Shrine/An Argument est entièrement nimbée d’une beauté libératrice. A deux reprises, Pecknold hurle presque : « Sunlight over me no matter what I do.”(“Le soleil brille sur moi/quoi que je fasse”). C’est transformer un cliché de bonheur en dépression isolée. Derrière les tournures du groupe, l’émotion est crue, et l’humeur du disque s’en ressent ; il y a quelque chose de sombre, de méditatif sur Helplessness Blues qui n’existait pas sur son prédécesseur. Comme son double nom l’indique, The Shrine/An Argument amalgame deux chansons ambitieusement articulées, alternant mélopées poignantes, cavalcade et une section finale qui évoque le travail de Jonny Greenwood sur la bande originale de There Will Be Blood (2008).
Si la vision et la voix claire de Pecknold domine le disque, l’esprit du groupe est bien gardé, et c’est une image vertigineuse. « Une chose à laquelle je pense sans cesse, c’est le concept que nous sommes sur un rocher flottant dans l’espace, ou ce que les étoiles signifiaient à quelqu’un il y a 5000 ans – la grande question. J’aime la musique religieuse pour cette raison – comme Judee Sill, qui utilise toujours des métaphores chrétiennes et ce genre de choses, même si je pense qu’elle ne parle pas de chrétienté mais s’interroge plutôt sur le pourquoi des choses ». Les Fleet Foxes, un groupe perché, une étoile à part.
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