Parution : février 2011
Label : L&M Duplication
Genre : Folk Balkanique, Mariachi
A écouter : No Rest for the Wicked, Espanola Kano
7.50/10
Qualités : envoûtant, dansant, original
Le groupe à géométrie variable A Hawk and a Hacksaw est constitué basiquement de deux talents aux sensibilités originales, Jeremy Barnes (accordéon…, ancien batteur au sein de Neutral Milk Hotel) et Heather Trost (violon). Ils ne sont pas seulement bons à ce qu’ils jouent, ils sont ce qu’ils jouent. C'est-à-dire un amalgame de musiques d’inspiration mexicaine (ils sont basés au nouveau-mexique, Etats-Unis) et est-européenne, grecque, turque, balkanique, espagnole. D’excursions bohémiennes et de clins d’œil astucieux au travail d’Ennio Morricone. Tout au long de leurs cinq albums, ils ont su respectueusement transformer leurs sources d’inspiration en leur donnant une destination qui n’est que la leur ; les bourrant de vie et de dynamiques contemporaines. Parfois aussi visuels qu’ils sont musicaux, parfois contemplatifs, leurs morceaux sont riches mais accessibles, surprenants mais délicieux.
L’une des pièces les plus marquantes qu’on puisse leur créditer était Laughter in the Dark, en ouverture de leur second disque, Darkness at Noon (2005) ; une voix en espagnol, lointaine ; un solo de trompette mariachi, bientôt souligné d’accordéon. Un morceau dont la mélodie s’élevait longtemps pour ne retomber dans sa splendeur qu’après une longue respiration ; et alors une harpe prenait le relais, que rejoignaient bientôt des percussions sauvages ; puis une phrase, répétée comme mantra : « Do what you say/And say what you do », qu’un florilège exotique et fantasque venait embellir jusqu’à ce que huit minutes se soient écoulées. Le morceau, psychédélique, s’était métamorphosé plusieurs fois sans trahir ses racines antiques. L’accordéon y était joué pour sonner comme celui d’un village européen du 18ème siècle.
A Hawk and a Hacksaw est un groupe purement culturel, comme le montre leur propension à se baser sur des pièces traditionnelles, à les adopter pour en proposer leurs propres interprétations, avec esprit et tendresse. Ils proposent parfois, avec Laughter in the Dark par exemple, des excursions dans des lieux et places où la musique peut avoir la fonction de générer du suspense, une forme d’apesanteur plutôt qu’un rôle social et culturel.
Alors que le groupe a débuté avec Jeremy Barnes jouant de tous les instruments en 2004, puis est progressivement devenue un prétexte au voyage et à l’échange. Pour The Way the Wind Blows (2006), Jeremy Barnes prit rendez-vous en Roumanie et enregistra avec un brass band, la célèbre (car apparue dans Borat) fanfare Ciorcarlia. Les expériences du groupe en Europe les menèrent en Hongrie où ils préparèrent un nouveau disque avec le Hun Hangar Ensemble. Ils jouèrent aussi dans les rues d’Amsterdam ou à Jaffa, en Israël. Leur formule, entre relecture personnelle et immersion mystique, a lentement révélé sa singularité, et même si se serait aller à l’encontre de l’esprit du groupe que de parler de « leur » musique, c’est un petit miracle aujourd’hui clairement identifié. Leur passion pour les fanfares pittoresques (qui n’est pas sans rappeler la tradition Canadienne et des ensembles tels PourPour), leurs amour d’une tradition vivante, tournoyante, malicieuse et intelligente fait de A Hawk and a Hacksaw une valeur à part, la garantie d’un voyage original, sensuel. On est solitaire et languissant un moment, accompagné d’une cohorte bruyante et enivrante le suivant.
A Hawk and a Hacksaw, sur Cervantine, ce sont entre sept et dix musiciens – outre le bouzouki (sorte de luth grec), on trouve des instruments de la tradition turque, le doumbek et le riq (percussions), et un tuba glorieux qui participe de rythme de marche de certaines pièces, entre autres. Ces musiciens détournent la musique qu’ils jouent pendant qu’ils la célèbrent. Leur aptitude à se renouveler constamment crée parfois des climats épiques. No Rest For the Wicked démarre sur une percussion échevelée et des terrains balkaniques, atteint une belle transe avant que deux minutes ne soient écoulées. Puis il stoppe brusquement, laissant le champ pour une méditation à l’accordéon. Et repart avec d’autres mélodies et sonorités superposées aux premières. At the Vulturul Negru (sans doute « au vautour noir ») est beaucoup plus direct, en comparaison. Ce qu’ils mélangent est géographiquement incorrect. Espanola Kano par exemple, ce sont des cuivres mexicains joués en Serbie, encore une excellente danse circulaire et rythmée ; le morceau titre, qui se développe progressivement, profite aussi de cette absence de frontières ainsi que d’un solo de bouzouki. Dans ce contexte, le chant de Stephanie Hladowski sur deux morceaux, malgré sa superbe, est plutôt accessoire. Fait partie de la coquetterie d’un groupe qui, après tout, enregistre tout sur un 2-pistes.
A Hawk and a Hacksaw est un groupe purement culturel, comme le montre leur propension à se baser sur des pièces traditionnelles, à les adopter pour en proposer leurs propres interprétations, avec esprit et tendresse. Ils proposent parfois, avec Laughter in the Dark par exemple, des excursions dans des lieux et places où la musique peut avoir la fonction de générer du suspense, une forme d’apesanteur plutôt qu’un rôle social et culturel.
Alors que le groupe a débuté avec Jeremy Barnes jouant de tous les instruments en 2004, puis est progressivement devenue un prétexte au voyage et à l’échange. Pour The Way the Wind Blows (2006), Jeremy Barnes prit rendez-vous en Roumanie et enregistra avec un brass band, la célèbre (car apparue dans Borat) fanfare Ciorcarlia. Les expériences du groupe en Europe les menèrent en Hongrie où ils préparèrent un nouveau disque avec le Hun Hangar Ensemble. Ils jouèrent aussi dans les rues d’Amsterdam ou à Jaffa, en Israël. Leur formule, entre relecture personnelle et immersion mystique, a lentement révélé sa singularité, et même si se serait aller à l’encontre de l’esprit du groupe que de parler de « leur » musique, c’est un petit miracle aujourd’hui clairement identifié. Leur passion pour les fanfares pittoresques (qui n’est pas sans rappeler la tradition Canadienne et des ensembles tels PourPour), leurs amour d’une tradition vivante, tournoyante, malicieuse et intelligente fait de A Hawk and a Hacksaw une valeur à part, la garantie d’un voyage original, sensuel. On est solitaire et languissant un moment, accompagné d’une cohorte bruyante et enivrante le suivant.
A Hawk and a Hacksaw, sur Cervantine, ce sont entre sept et dix musiciens – outre le bouzouki (sorte de luth grec), on trouve des instruments de la tradition turque, le doumbek et le riq (percussions), et un tuba glorieux qui participe de rythme de marche de certaines pièces, entre autres. Ces musiciens détournent la musique qu’ils jouent pendant qu’ils la célèbrent. Leur aptitude à se renouveler constamment crée parfois des climats épiques. No Rest For the Wicked démarre sur une percussion échevelée et des terrains balkaniques, atteint une belle transe avant que deux minutes ne soient écoulées. Puis il stoppe brusquement, laissant le champ pour une méditation à l’accordéon. Et repart avec d’autres mélodies et sonorités superposées aux premières. At the Vulturul Negru (sans doute « au vautour noir ») est beaucoup plus direct, en comparaison. Ce qu’ils mélangent est géographiquement incorrect. Espanola Kano par exemple, ce sont des cuivres mexicains joués en Serbie, encore une excellente danse circulaire et rythmée ; le morceau titre, qui se développe progressivement, profite aussi de cette absence de frontières ainsi que d’un solo de bouzouki. Dans ce contexte, le chant de Stephanie Hladowski sur deux morceaux, malgré sa superbe, est plutôt accessoire. Fait partie de la coquetterie d’un groupe qui, après tout, enregistre tout sur un 2-pistes.
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