Parution : avril 2011
Label : RCA
Genre : Rock
A écouter : Rope, Walk, I Should have Known
7/10
Qualités : groovy, efficace, attachant
Après 15 ans d’activité, les Foo Fighters ont beau être un groupe proprement monstrueux, vendant des places de concert plus rapidement que Green Day ou Muse, attirant 170000 personnes en deux jours, ils gardent les pieds sur terre. Leurs plus grandes forces sont leur fidélité à leur propre esprit, la pureté de leur passion et la transparence de leur amitié. Les échanges comiques entre Taylor Hawkins et Dave Grohl sur scène, trahissent une complicité qui n’est pas seulement feinte à l’écoute de ce nouveau disque. Il en va de même avec le guitariste Pat Smear. Leurs voix sont la clef de voûte de Wasting Light. Grohl rugit, explose dès la première phrase « These are my famous last words ! » dans Bridges Burning, propulsé par trois guitares, et garde la même ferveur chevaleresque jusqu’à la fin, quand il hurle « I never wanna die ! » sur Walk. Un moment d’anthologie dans le façonnement de son personnage, où il s’oppose au nihilisme du punk-rock et se rend encore un peu plus attachant sans pour autant chercher à être cool. L’ambition motrice de Dave Grohl : écrire des hymnes dramatiques suffisamment hygiéniques pour passer à la radio, suffisamment simples pour ne plus être oubliés une fois écoutés, et suffisamment sauvages pour être catharsiques – il réussit. Une ambition qui peut paraître démodée étant donné son érudition musicale – mais c’est ce précepte de ne prétendre qu’à faire tourner la roue et non à l’inventer qui fait le charme endurant des Foo Fighters. Les meilleurs rockers ne sont t-ils pas ceux qui ont continué à être fidèles à leur cœur sans se fier aux modes ni changer de formule ?
Ils sont détenteurs d’une éthique qui peut s’expliquer simplement par l’amour de Grohl pour la musique de la fin du vingtième siècle, pour Husker Dü par exemple. Ils n’ont pas une once de cynisme dans le moteur ; quand ils jouent des balades, c’est avec le cœur sur la main et sans plomber les crescendos de circonstance d’une ironie parasite. Quand ils décident d’y aller à fond, c’est sans vouloir offenser personne, et en offrant entre deux lourds couplets un refrain de power-pop. Ils recherchent sans cesse un équilibre qu’ils trouvent souvent. Des qualités qui risquent de les faire passer pour le genre à accepter les concessions, et pour un groupe fade. Wasting Light réussit à chasser des idées préconçues, en particulier chez ceux qui n’avaient pas trop apprécié leurs deux précédents opus, Echoes, Silence, Patience and Grace (2007) et In your Honor (2005), à cause de leur production. Wasting Light et sec, direct. Produit par Butch Vig (à qui l’on doit le son de Nevermind) et enregistré dans le garage de Grohl en analogique, il est voulu comme le triomphe du brut de guitares, un exercice vivifiant. Il s’ouvre avec un duo de titres rapides, aux riffs précis, polis et brillants. De bonnes harmonies inspirent à Grohl quelque nostalgie immédiatement contrebalancée par davantage d’intensité, et ainsi de suite. Dear Rosemary rappelle les Afghan Whigs avant de trouver sa voie sur un refrain une nouvelle fois parfait et un pont encore meilleur, chanté à deux voix. On sent bien qu’un pénible travail a été fourni pour proposer de telles mélodies et contre mélodies, mais c’est aussi, au final, ce qui permet à Grohl d’exulter, totalement libéré, exactement comme sur scène. Dommage que le même soin n'ait souvent pas été aux paroles, riches en clichés. Walk est l'exception qui confirme la règle.
Bravo ! Superbe analyse ! Je cours acheter l'opus !
RépondreSupprimerMerci ! Tu peux l'écouter ici :
RépondreSupprimerhttp://www.playsound.fr/2011/04/foo-fighters-wasting-light-en-streaming/