“…you can hear whatever you want to hear in it, in a way that’s personal to you.”

James Vincent MCMORROW

Qualités de la musique

soigné (81) intense (77) groovy (71) Doux-amer (61) ludique (60) poignant (60) envoûtant (59) entraînant (55) original (53) élégant (50) communicatif (49) audacieux (48) lyrique (48) onirique (48) sombre (48) pénétrant (47) sensible (47) apaisé (46) lucide (44) attachant (43) hypnotique (43) vintage (43) engagé (38) Romantique (31) intemporel (31) Expérimental (30) frais (30) intimiste (30) efficace (29) orchestral (29) rugueux (29) spontané (29) contemplatif (26) fait main (26) varié (25) nocturne (24) extravagant (23) funky (23) puissant (22) sensuel (18) inquiétant (17) lourd (16) heureux (11) Ambigu (10) épique (10) culte (8) naturel (5)

Genres de musique

Trip Tips - Fanzine musical !

samedi 30 avril 2011

Tv on the Radio




Nine Types of Light

Parution : 2011
Label : Interscope
Genre : Dubstep, électro, rock alternatif
A écouyter : Second Song, Will Do, New Cannonball Run

7.50/10
Qualités : groovy, communicatif, sensuel

Le groupe dub-électro-rock aux accents soul de Tv on the Radio est né à Brooklyn au tournant du siècle, a produit son premier véritable album, Young, Bloody Thirsty Babes en 2004 et est considéré depuis quelques années, à juste titre, comme la quintessence du rock indépendant américain. Chacun de leurs albums - quatre en tout – a été accueilli comme un pas de géant pour le groupe, parvenant à évoluer sans complexe. Rolling Stone se montra dithyrambique au moment de la sortie de Return to Cookie Mountain (2006) : « C’est peut-être le plus bizarrement beau, psychédélique et ambitieux des albums de l’année», tandis que le New York Times renchérissait : « C’est plus expérimental et pourtant plus direct, plus introspectif et plus assertif, par certains côtés plus sombre et amusant, et par-dessus-tout plus riche en termes de son et d’implication. Return To Cookie Mountain est simplement l’un des meilleurs albums de l’année. » Comme il l’avait fait pour Arcade Fire, David Bowie leur donna un sérieux coup de projecteur en les qualifiant de son nouveau groupe préféré et en acceptant de chanter sur un morceau de Return to Cookie Mountain, alors même qu’il avait mis sa propre carrière en berne. «Province l’a vraiment touché car c’était une chanson bien de son temps, et que le monde avait besoin d’entendre. » « Hold your heart courageously/as we walk into this dark place », chantait Bowie. Dear Science, en 2008, n’a fait qu’amplifier le phénomène. Son pouvoir de séduction dépassait tout ce qu’ils avaient pu faire auparavant, avec des chansons au groove imparable comme Dancing Choose ou Golden Age et des voix mises en avant dans leur diversité. Il a fini en tête de liste dans nombre de classements de fin d’année.  

Considérant la frénésie qui les entoure, c’est peu dire qu’ils ont la pression pour évoluer constamment, fournir de nouvelles preuves de leur  « supériorité » martelée par les médias, mais bientôt peut-être aussi de leur sagesse politique, ou encore de leur statut de scientifiques assermentés (avec des titres comme Dear Science ou Nine Types of Light, peut-être une référence à un principe relatif à la réfraction de la lumière du soleil).  Ils peuvent s’attendre à tout, même à être soudainement dénigrés.  « A chaque fois que vous atteignez un certain niveau, les gens vont toujours penser qu’il faut que vous accomplissiez quelque chose d’autre », remarque Kyp Malone, le guitariste et l’un des deux chanteurs du quintet. Sa barbe fournie occupe un tiers de son visage et ses larges lunettes un autre quart. Sa figure est devenue l’un des signes distinctifs de la « famille ». Sur  Nine Types of Light, Tv on the Radio ne montrent aucun signe d’auto-suffisante ou de créativité en berne. Ils  prouvent au contraire qu’ils ne sont pas affectés le moins du monde par l’effervescence qu’ils ont provoquée. Mais comment font-ils ?
Tunde Adebimpe, Kyp Malone, DaveSitek et Jaleel Bunton sont très soudés, d’abord autour de leur ville de New York.  Nine Types Of Light a constitué une expérience nouvelle d’abord parce que pour la première fois ils ont enregistré hors de leurs habituels studios de Greenpoint et Williamsburg. Signe de leur attachement à leur pénates, l’expérience de Los Angeles n’a été que moyennement concluante en termes de créativité. « J’aime beaucoup LA », explique Bunton, le batteur aux dreadlocks. « Mais s’il y a une partie bohémienne dans cette ville, un endroit qui puisse être un sanctuaire créatif, nous avons résidé dans un endroit qui était exactement l’opposé. » Un autre détail qui a son importance dans le monde de l’indie rock américain ; les trois quarts du groupe ont la peau noire, et de ce simple fait ce sont révélés porteurs d’une responsabilité particulière. « C’est comme travailler à Kinko ! » S’exclame David Sitek, multi-instrumentiste et architecte sonore en grande partie  responsable de la pâte si reconnaissable du groupe depuis son premier simple, Staring at the Sun. Il fait référence à ces chaînes de magasins où travaillent ensemble des gens d’horizons divers. « Ce qui est surprenant… remarque Adebimpe, chanteur charismatique et parolier, « c’est combien c’est surprenant pour les autres ! » Kyp Malone enchaîne.  « Quand tu entends quelqu’un dire, ‘c’est l’exception à la règle, c’est genre, plus il y a d’exception, et moins la règle a raison d’exister ». C’est une chose que le groupe a discuté et réfléchi, individuellement et collectivement.  Malone reconnaît qu’il y a une certaine idée qu’ils sont ravis de partager à travers leur expérience, non parce qu’ils sont un groupe aux trois quarts noir, en réalité, mais parce que ce sont des originaux dans l’âme. « J’ai l’impression que chaque fois que les gens peuvent se voir reflétés dans la culture, que tant que nous manipulons cette idée de civilisation… Je sais que je veux que ma sœur voie toutes les possibilités qui existent hors des stéréotypes et de la merde habituelle. Donc je suis content si je fais cela pour qui que ce soit, car c’est ce que je recherchais quand j’étais enfant. » Tv on the Radio, profondément humain et attaché à la notion de famille. L’une de leurs chansons les plus délicates, sur Dear Science, s’appelle Family Tree. Récemment, une épreuve particulièrement difficile est survenue ; la mort du bassiste et compositeur Gérard Smith d’un cancer du poumon, en avril 2011, à l’âge de 36 ans. Le groupe ne tardera pas à lui rendre hommage.

Tv on The radio n’ont jamais eut le profil de gentils carriéristes ; leur musique est aussi tendue qu’elle est libérée, et ce n’est pas des décisions comme leur signature avec Interscope au moment d’enregistrer Return to Cookie Mountain (ils étaient chez Touch and Go, qui a depuis cessé de produire des disques) qui les empêcheront d’être aussi indomptés qu’ils le sont. Même Dear Science, qui a été accepté par un plus large public, se trouvait traversé par la surexcitation de ceux qui ne se reposent jamais sur leurs lauriers. C’est la condition de leur survie, de leur renouvellement dans un monde ou c’est manger ou être mangé. « En tant qu’artistes solo, nous avions été matés et on nous a répétés que nous ne servions à rien suffisamment de fois, et nous finissions par y croire. », confie Jaleel. Pour David Sitek, le passage sur un gros label s’explique par une équation simple, plus réaliste à entendre que les nombreux moments où le groupe plaisante quant à son supposé appât du gain. « On écrit de la musique parce que c’est une forme de communication immédiate. Nous sommes capables de transformer en disque ce qui se passe autour de nous, et nous voulons que ce message soit entendu par le plus large nombre de gens. » En termes de communication immédiate, il suffit de les voir sur scène pour comprendre ; si Malone et Smith restent plus réservés, Adebimpe canalise à lui tout seul une énergie extatique. Sa seule main gauche virevolte, soutenant un flow incessant, excitée par des beats bien posés.

 Aujourd’hui, quand on évoque les collaborations de membres de Tv on the Radio hors de leur groupe, c’est toujours avec une considération spéciale. David Sitek avec son projet Maximum Balloon, et auprès des Yeahs Yeahs Yeahs, des Liars, de Foals, ou encore de l’actrice Scarlett Johansson pour son excursion musicale faite de reprises de Tom Waits, Anywhere i Lay my Head (2008) (« Nous l’avons fait l’un pour l’autre, juste pour voir ce qui allait se passer ») ;  Tunde Adebimpe et Gérard Smith dans l’univers du cinéma, et Adebimpe participant au nouveau disque du groupe algérien Tinariwen ;  Kyp Malone en champion d’un certain MBAR (Miles Benjamin Anthony Robinson) qui  serait une sorte de pendant à Bon Iver, ainsi qu’en solo avec le volontairement difficile Rain Machine en 2009. Au sein de leur maison mère, ils assument ouvertement des choses que d’autres groupes dissimuleraient. Ils se présentent en ces termes sur leur site : « Tv on the Radio n’écrit pas des pop songs traditionnels. Souvent, ils changent de direction deux ou trois fois dans une chanson. » Leur son, qui emprunte notamment les structures répétitives de l’Afrobeat,  est très pensé, séquencé, mais contient aussi des moments spontanés. David Sitek confirme : « C’est vraiment marrant, l’alchimie de ce groupe. On mettra six mois à trouver le bon son de caisse claire, ou on écrira Staring at the Sun en deux jours. » 
Ils cultivent le danger, le mouvement. En live, les chansons prennent une autre tournure, l’instrumentation s’étoffe. Sur disque, A Method était en partie à cappella, tout comme Ambulance ; c’est tout différent sur scène, mais le groupe peut aussi bien créer de ces moments de quasi-silence, inspirés par le jazz, dans l’idée d’écouter le public, sa respiration, son retour sur ce qu’il perçoit.  L’un de leur traits sonores distinctifs ; ces cuivres rutilants de plus en plus puissants, qui s’immiscent partout, notamment grâce à la participation de l’ Antibalas Afrobeat Orchestra  sur Dear Science. Ce disque là a permis aux deux chanteurs, de ne plus tant chanter ensemble que d’alterner leurs prestations. Et les guitares vrombissantes d’un Wolf Like Me ouvertement sexuel ne sont pas en reste.
 Avec le temps, leur amusement pour le show-business a fondé leur réputation en interview, où ils enchérissent sur leur peau avec un brin de mauvaise foi, l’un finissant la phrase de l’autre, fondant ensemble une vision sans complaisance de leur succès tout relatif. Ils rappellent alors leurs dynamiques créatives qui font qu’un disque de Tv on the Radio n’est jamais ennuyeux ; vivacité, largesse émotionnelle, échanges vocaux. Comme en interview, ils détournent dans leurs chansons leurs engagements, préfèrent éviter d’émettre des messages. « Il y a d’autres groupes qui sont meilleurs pour lancer des slogans, et je pense que le manque de subtilité est le premier signe d’une civilisation en déclin. Nous n’essayons pas d’avoir d’emprise sur les croyances de quiconque. Nous essayons juste de faire en sorte que les gens examinent leurs propres opinions sur tel ou tel sujet. Et c’est très difficile de faire ça. C’est très difficile de laisser une fin ouverte, genre, ‘ Que pensez-vous du réchauffement climatique ? ‘ ». En public, ils donnent l’impression d’artistes désinvoltes, qui ne peuvent pas rester sérieux très longtemps ; mais empêcher que tout « interrogatoire » soit définitif leur permet de se garder des portes de sortie.  A propos de l’accueil de Dear Science, Gérard Smith remarquait en 2008 : « Ne t’inquiète pas, parce que ça ne se reflète pas en ventes d’albums ». « Si tu commences à y prêter attention, commences à y croire et à y penser, ‘comment être sûrs que nous allons faire le meilleur disque de 2045’ – qui est la prochaine fois que nous allons faire un disque – alors ça va puer. » Heureusement, malgré le hiatus annoncé en 2009, Tv on the Radio est revenu en studio avant une deadline aussi lointaine, et le nouveau statut qu’ils ont acquis dans l’intervalle leur permettent peut-être enfin d’envisager la vie sereinement.
Nine Types of Light (2011) ressemble au reflet renversé de Return to Cookie Mountain. Ce dernier avait été décrit comme “apocalyptique” par le groupe. David Sitek explique en partie les disques de Tv on the Radio par un jeu de pôles ; comment Wrong Way mettait en garde contre l’étrangeté, au début de Desperate Bloody, Thirsty Babes ; comment Wear you Out, à la fin de ce disque, jouait la carte du mysticisme, laissant l’auditeur s’interroger sur la démarche du groupe. De cette déroute volontaire, est né le fantasme d’un Radiohead américain, renforcé par le fait qu’ils soient nés  en 2001, juste après que le groupe anglais ait apparemment libéré les barrières de sa conscience avec le couplé Kid A/Amnesiac. Le véritable acte de naissance du quintet de Brooklyn fut un disque de démos distribué sous le nom de OK Calculator, en référence à Ok Computer (1997), avant que l’EP Young Liars ne les révèle en 2003.
Le premier titre du ténébreux Return to Cookie Mountain laissait encore l’auditeur dans l’incertitude. Que faire d’une chanson dont les premiers mots sont « I Was a Lover/Before this war ? ». Six ans plus tard, la chanson Keep Your Heart y donne une réplique inattendue : “If the world falls apart / I’m gonna keep your heart,”. Le point de vue s’est, en apparence, inversé. Nine Types of Light est moins inquiétant, mais il ne débarrasse pas de l’idée que Tv on the radio sont des romantiques désespérés. Tunde Adebimbe a une idée malheureuse de la signification du refrain de You, « You're the only one I ever loved » (« Tu es la seule que j’ai jamais aimée »). « C’est une chose terrible à dire à quelqu’un car ça n’est sûrement pas vrai. » Mieux vaut retenir comment l’anxiété globale est transformée en pas de dance sur No Future Shock, ou le conseil de Second Song, suggérant aux amants en mission de trouver la lumière.

vendredi 29 avril 2011

Fleet Foxes - Helplessness Blues (2011)



Parution : mai 2011
Label : Sub Pop/Bella Union
Genre : Folk
A écouter : Helplessness Blues, Montezuma, Grown Ocean

°
Qualités : vibrant,lyrique, pénétrant

Le choix du morceau-titre comme premier extrait du disque est révélateur ; pour toute sa grandeur, Helplessness Blues n’a pas la magie folk immédiate de White Winter Hymnal, extrait du précédent opus, et son attrait ne réside pas d’abord dans les harmonies païennes qui ont contribué au succès des Fleet Foxes mais dans les paroles du chanteur et guitariste Robin Pecknold, en quête de sens. « I was raised up believing I was somehow unique/ like a snowflake distinct among snowflakes/ unique in each way you can see/ and now after some thinking Id say Id rather be/ a functioning cog in some great machinery/ serving something beyond me." (“J’ai grandi en croyant que j’étais d’une certaine façon unique/comme un flocon de neige parmi les flacons/unique de toutes les façons/et maintenant après avoir réfléchi je dirais que je préfère être/un rouage dans une grande machinerie/servant quelque chose qui me dépasse »).

Ce qui frappe le plus dans le second disque des Fleet Foxes, n’est ainsi pas tant que ses mélodies puissent faire oublier celles du premier opus. Le titre Helplessness Blues, s’il contient de ces rengaines qui jaillissent toutes seules des guitares de Pecknold et de son plus vieil ami, Skye Skjelset, prend cinq minutes pour se déplier, ce qui en fait une chanson bien plus réflective que ce à quoi nous étions habitués. C'est est un origami insolent après le premier disque, ses pop songs de trois minutes et ses harmonies naturelles comme un lever de soleil. Si Montezuma, en ouverture du disque, vous fera retrouver vos marques en termes d’immédiateté, avec Pecknold faisant cette assertion qu’il est devenu « plus vieux que ses parents », Blue Spotted Tail se situe davantage, au terme d’un disque sinueux, dans l’ombre de Léonard Cohen que dans l’éclat des joyaux primitifs de lumière vivante (petite référence à Tolkien, dont Pecknold fut un ardent lecteur) du premier disque.

La beauté est intacte ; mais c’est davantage par la grâce du repli de Robin Pecknold que d’une oraison immédiate. Il y a trois ans déjà, Pecknold sentait venir quelque changement dans l’avenir créatif des Fleet Foxes. La genèse du premier disque s’était posée en termes sonores avant tout : « Quand nous avons commencé à chanter ensemble en pratique c’était très amusant et nous voulions juste incorporer davantage d’harmonies. » Leurs influences : Simon and Garfunkel, Crosby, Stills and Nash, Fairport Convention, Bill Withers, Van Morrison, le folk des années 60′s. Il s’agit de réveiller quelque chose d’ancien, de le plier à de nouvelles règles, et de créer un nouveau genre de lien avec le public. « Etre coude à coude, pour moi ça traduit sentiment qui reflète le mieux la musique ».

Helplessness Blues est bien plus solitaire que cela ; imaginer Pecknold seul dans la « vieille Amérique bizarre » de Greil Marcus, ses méditations soulignées par des voix qu’on jurerait plus lointaines à présent, c’est désormais cela les Fleet Foxes. Ces voix, « je pense que c’est un moyen facile d’enrichir les chansons sans les avoir trop chargées en instruments – tu peux ajouter quelque chose de vocal et éviter de mettre une section de cordes. Je veux faire de la musique dense mais elle devrait aussi être économique, car si cinq personnes chantent et jouent d’un instrument en même temps, c’est 10 choses qui se passent et c’est sûrement suffisant pour n’importe quelle chanson. » L'intention première était l'équilibre sonore ; l’équation est rendue plus difficile par l’éclosion de Pecknold comme un investigateur existentiel. 

Ce sont les nouvelles ambitions de Pecknold en termes de textes qui donnent sa forme au disque, qui a été réenregistré en entier en cours de route. En 2008, alors que l’album se dessinait à peine, il avait cette réflexion : « Avec mon écriture en ce moment j’essaie d’être vraiment honnête avec moi-même, même si ces chansons ne finissent pas sur le disque, et je ne me soucie pas vraiment de comment il sonne. Comme Blue, de Joni Mitchell, c’est très confessionnel. Sur les derniers disques [Fleet Foxes et l’EP Sun Giant] j’étais en quelque sorte oblique, ce n’avait pas de sens clair pour personne à part moi. Je voudrais être plus factuel ou quelque chose comme ça ; juste utiliser la chose naturelle d’une façon différente. » Sa vision va peut à peut transformer le disque en challenge. « Le processus de création a empiété sur ma vie et a commencer à affecter mes relations, ce qui en retour a affecté le disque ». Au final, Pecknold ne demande que la paix.

Sa volonté culmine dans les huit minutes de The Shrine/An argument. « C’est une partie importante du disque, émotionnellement parlant. Ce n’est pas forcément agréable mais nous sommes fiers de la chanson en entier”. The Shrine/An Argument est entièrement nimbée d’une beauté libératrice. A deux reprises, Pecknold hurle presque : « Sunlight over me no matter what I do.”(“Le soleil brille sur moi/quoi que je fasse”). C’est transformer un cliché de bonheur en dépression isolée. Derrière les tournures du groupe, l’émotion est crue, et l’humeur du disque s’en ressent ; il y a quelque chose de sombre, de méditatif sur Helplessness Blues qui n’existait pas sur son prédécesseur. Comme son double nom l’indique, The Shrine/An Argument amalgame deux chansons ambitieusement articulées, alternant mélopées poignantes, cavalcade et une section finale qui évoque le travail de Jonny Greenwood sur la bande originale de There Will Be Blood (2008).

Si la vision et la voix claire de Pecknold domine le disque, l’esprit du groupe est bien gardé, et c’est une image vertigineuse. « Une chose à laquelle je pense sans cesse, c’est le concept que nous sommes sur un rocher flottant dans l’espace, ou ce que les étoiles signifiaient à quelqu’un il y a 5000 ans – la grande question. J’aime la musique religieuse pour cette raison – comme Judee Sill, qui utilise toujours des métaphores chrétiennes et ce genre de choses, même si je pense qu’elle ne parle pas de chrétienté mais s’interroge plutôt sur le pourquoi des choses ». Les Fleet Foxes, un groupe perché, une étoile à part.

mardi 26 avril 2011

Smog - Paroles (3) A River Ain't too Much to Love

Palimpsest



Winter weather is not my soul
But the biding for spring...


Why’s everybody looking at me
Like there’s something fundamentally wrong
Like I’m a southern bird
That stayed north too long


Winter exposes the nest
Then I’m gone
Winter weather is not my soul
But the biding for spring...

Why’s everybody looking at me
Like there’s something fundamentally wrong
Like I’m a southern bird
That stayed north too long


Winter exposes the nest
Then I’m gone

Say valley maker


With the grace of a corpse
In a riptide
I let go
And I slide slide slide
Downriver
With an empty case by my side
An empty case
That’s my crime

And I sing (Say Valley Maker)
To keep from cursing
Yes I sing (Say Valley Maker)
To keep from cursing


River Oh
River End
River Oh
River End
River Go
River Bend


Take me through the sweet valley
Where your heart blooms
Take me through the sweet valley
Where your heart is covered in dew


And when the river dries
Will you bury me in wood
Where the river dries
Will you bury me in stone

Oh I never really realized
Death is what it meant
To make it on my own


Because there is no love
Where there is no obstacle
And there is no love
Where there is no bramble
There is no love
On the hacked away plateau
And there is no love
In the unerring
And there is no love
On the one true path


Oh I cantered out here
Now I’m galloping back


So bury me in wood
And I will splinter
Bury me in stone
And I will quake
Bury me in water
And I will geyser
Bury me in fire
And I’m gonna phoenix


I’m gonna phoenix


The Well




I could not work
So I threw a bottle into the woods
And then I felt bad
For the done paw
And the rabbit paw
So I went looking for the pieces
Of the bottle that I threw
Because I couldn't work


I went deep
Further than i could throw
And i came upon an old abandoned well
All boarded over
With a drip hanging from the bucket still


Well I watched that drip but it would not drop
I watched that drip but it would not drop
I knew what I had to do
Had to pull those boards off the well

When I got the boards off
I stared into the black black black
And you know I had to yell
Just to get my voice back

I guess everybody has their own thing
That they yell into a well


I gave it a coupla hoots
A hello
And a fuck all y'all


I guess everybody has their own thing
That they yell into a well

And as I stood like that
Staring into the black black black
I felt a cool wet kiss
On the back of my neck


Dang

I knew if I stood up
The drip would roll down my back
Into no man's land


So I stayed like that
Staring into the black black black

Well they say black is all colours at once
So I gave it my red rage my yellow streak
The greenest parts of me
And my blues I knew just what I had to do


I had to turn around and go back
And let that drip roll down my back
And I felt so bad about that


But wouldn't you know
When I turned to go
Another drip was forming
On the bottom of the bucket
And I felt so good about that


Rock Bottom Riser




I love my mother
I love my father
I love my sisters, too.
I bought this guitar
To pledge my love
To pledge my love to you.


I am a rock bottom riser
And I owe it all to you
I am a rock bottom riser
And I owe it all to you


I saw a gold ring
At the bottom of the river
Glinting at my foolish heart
So my foolish heart
Had to go diving
Diving, diving, diving
Into the murk


And from the bottom of the river
I looked up for the sun
Which had shattered in the water
And pieces were rained down
Like gold rings
That passed through my hands
As I thrashed and I grabbed
I started rising, rising, rising


I left my mother
I left my father
I left my sisters, too
I left them standing on the banks
And they pulled me out


Off this mighty, mighty, mighty river


I am a rock bottom riser
And I owe it all to you
I am a rock bottom riser
And I owe it all to you


I love my mother
I love my father
I love my sisters, too.


I bought this guitar
To pledge my love
To pledge my love to you


I feel like the mother of the world


Whether or not there is any type of god
I’m not supposed to say
And today
I don’t really care


God is a word
And the argument ends there


Oh do I feel like the mother of the world
With two children
Oh do I feel like the mother of the world
With two children fighting


When I was a boy I used to get into it bad
With my sister
And when the time came to face the truth
There’d only be tears and sides
Tears and sides
And my mother my poor mother
Would say it does not matter
It does not matter
Just stop fighting


Oh do I feel like the mother of the world
With two children




Running the loping


I lay on the bed in the dark
Laughing at things i think of
Getting off on the pornography of my past
Lighting matches and dropping them
Into a wet glass


It’s summer now and it’s hot
And the sweat pours out
And the air is the same as my body
And i breathe my body inside out


With sunlight around my skin turns brown
And you wouldn’t know me from your pa
Or Adam or Allah
But I haven’t changed
No I haven’t changed
Day is all that resolves

All we need is here on earth
About every other day


Scratchmarks on my knees since I’ve been running
The bramble lee
When I’d much rather be wanting to be
Running the loping
Peace on your hand
Don’t be silly
But peace on my body
When tired and beaten

All we need is here on earth
About every other day


Oh to live in the country
With a chicken and those other things
Where the hills loping
Where the dress and the hair in the river
Undulating


To take a wife and no paper
Never again to wonder
Did that rapper rape her

All we need is here on earth
About every other day


Drinking at the dam


I remember drinking at the dam
With the jarheads on the other side
Warm beer and tearing up the cans
And all of us yelling abuse
Cutting school to go drinking at the dam


Skinmags in the brambles
For the first part of my life
I thought women had orange skin
It was the first part of my life
Second is the rest


And now teenage warchests fill
And do the dirty dirty work
It was the first part of their lives


Drinking at the dam
Holding back what I can
But the power is so much


Drinking at the dam
Holding back what I can
I’m just drinking at the dam
I’m just drinking at the dam
I’m just drinking at the dam


Im new here

No No No No
I did not become someone different
I did not want to be
But I’m new here
Will you show me around

No matter how far wrong you’ve gone
You can always tournaround
Met a woman in a bar
Told her I was hard to get to know
And near impossible to forget
She said i had an ego on me
The size of Texas


Well I’m new here and I forget
Does that mean big or small

Turnaround turnaround turnaround
And I’m shedding plates like a snake
And it may be crazy but I’m the closest thing I have
To a voice of reason


Turnaround turnaround turnaround
And you may come full circle and be new here again


Running the Loping


I lay on the bed in the dark
Laughing at things i think of
Getting off on the pornography of my past
Lighting matches and dropping them
Into a wet glass


It’s summer now and it’s hot
And the sweat pours out
And the air is the same as my body
And i breathe my body inside out


With sunlight around my skin turns brown
And you wouldn’t know me from your pa
Or Adam or Allah
But I haven’t changed
No I haven’t changed
Day is all that resolves


All we need is here on earth
About every other day


Scratchmarks on my knees since I’ve been running
The bramble lee
When I’d much rather be wanting to be
Running the loping
Peace on your hand
Don’t be silly
But peace on my body
When tired and beaten


All we need is here on earth
About every other day


Oh to live in the country
With a chicken and those other things
Where the hills loping
Where the dress and the hair in the river
Undulating


To take a wife and no paper
Never again to wonder
Did that rapper rape her


All we need is here on earth
About every other day


Drinking at the Dam



I remember drinking at the dam
With the jarheads on the other side
Warm beer and tearing up the cans
And all of us yelling abuse
Cutting school to go drinking at the dam


Skinmags in the brambles
For the first part of my life
I thought women had orange skin
It was the first part of my life
Second is the rest


And now teenage warchests fill
And do the dirty dirty work
It was the first part of their lives

Drinking at the dam
Holding back what I can
But the power is so much


Drinking at the dam
Holding back what I can
I’m just drinking at the dam
I’m just drinking at the dam
I’m just drinking at the dam


Let me See the Colts


Knocked on your door at dawn
With a spark in my heart
Dragged you from your bed
And said let me see the colts


Let me see the colts
That will run next year
Show them to a gambling man
Thinking of the future

Have you been drinking no
Nor sleeping
The all-seeing
all-knowing eye is dog
tired
And just wants to see the colts

We walked out through
The dew dappled brambles
And sat upon the fence
Is there anything as still
as sleeping horses
Is there anything as still
as sleeping horses














Smog - A River Ain't Too Much To Love (2)


Parution : 31 mai 2005  
Label : Drag City
Genre : Folk
Producteur : Autoproduit
A écouter : Say Valley Maker, Rock Bottom Riser, Let me See the Colts



Note : 8/10
Qualités : poignant, Doux-amer

Au bout de l’aventure Smog, Bill Callahan peut se targuer de n’avoir jamais été direct en étant toujours resté spontané. Son dernier disque sous son patronyme désormais accessoire poursuit vers plus de clarté et de clairvoyance, en se débarrassant de la « pornographie » de son passé, comme il le dit dans un Running the Loping aussi affectueux qu’il est amer. Affectueux car son amour des choses qu’il décrit est grand.

I’m New Here est le constat d’une révolution personnelle ; le narrateur a fait sur lui-même un tour complet, est prêt à recommencer une vie différente, sur de nouvelles bases. « Turnaround turnaround turnaround/And you may come full circle and be new here again” (“Tourne-toi tourne-toi tourne-toi/Et tu devrais faire un tour complet et pouvoir recommencer ici à nouveau »). Il assume aussi ce qu’il est et ce qu’il a fait. « Je ne suis pas différent de ce que je voulais être.» Avant de reprendre ses vieilles confrontations sentimentales : « Told her I was hard to get to know/And near impossible to forget » (« Je lui ai dit que j’étais difficile à connaître/et presque impossible à oublier »). Cette chanson, sans doute l’une de celles qui aient le plus à voir avec lui-même, qui l’exposent le plus, est aussi des plus universelles. Le poète noir américain Gil Scott Heron se l’est réaproppriée pour son album du même nom en 2010, y projetant ses propres démons. Le texte de cette chanson fait l’effet de soutenir sa vie à bout de bras, de s’en décharger sans passer par l’étape des regrets. Sa force évoque quelque rituel de passage – pour Callahan, assumer enfin d’écrire sous son propre nom.

A River Ain’t Too Much To Love s’appréciera comme un disque de chansons folk épiques, intimes et chatoyantes, imprégnées de l’atmosphère sudiste du Texas, non loin de l’influence de Wille Nelson. Say Valley Maker est sans doute la meilleure d’entre elles, poursuivant dans la veine d’une longue série de chansons étudiant les affres d’Épinal de l’amour. « Because there is no love/Where there is no obstacle/And there is no love/Where there is no bramble/And there is no love/In the unerring/And there is no love/On the one true path”(“Parce qu’il n’y a pas d’amour/quand il n’y a pas d’obstacle/Et il n’y a pas d’amour/Quand il n’y a pas de ronces/Il n’y a pas d’amour/Et il n’y a pas d’amour/Dans l’instinct/Et il n’y a pas d’amour/sur un seul vrai chemin ») Dans son adresse habituelle, il s’en remet à la personne invisible, à travers laquelle les rivières et les plateaux, les arbres et les pierres, deviennent symboles de passion. « So bury me in wood/And I will splinter/Bury me in stone/And I will quake/Bury me in water/And I will geyser/Bury me in fire/And I’m gonna phoenix/” (“Enferme-moi dans le bois/et je vais éclater/Enferme-moi dans la pierre/Et je vais trembler/Recouvre-moi d’eau/Et je vais jaillir/Jette–moi dans le feu/Et je vais renaître de mes cendres. »)

Son aise ne peut masquer ses sentiments concernés pour l’état du monde. S’il retrouve une seconde jeunesse, c’est pour redoubler d’adresse à porter les maux de société et les souffrances humaines, à leur donner par un jeu de miroirs les formes de son propre passé. Sur I Feel Like the Mother of the World, il apparente les conflits globaux aux anciennes disputes familiales. “And my mother my poor mother/Would say it does not matter/It does not matter/Just stop fighting ” (“Et ma mère ma pauvre mère/dirait que ça n’a pas d’importance/Ca n’a pas d’importance/Arrêtez juste de vous battre”) Avant de porter le regard de l’adulte qu’il est devenu : “ Oh do I feel like the mother of the world/With two children fighting” (“Oh, je me sens comme la mère du monde/Avec deux enfants qui se battent”). Il prêche pour la paix ; un sentiment qui naît, sinon dans la contemplation, dans la sagesse du vécu et dans l’amour de l’autre. Tant qu’à être étranger au plus grand nombre, autant s’y adresser librement. C’est toujours la réalité de la vie qui triomphe, contre les fantasmes : « God is a word/And the argument ends there ». Le ton est pourtant moins définitif qu’il veut laisser le croire ; l’argument fait mieux que de se stopper net. Il est absorbé par un karma affamé pour être réétudié quand le temps aura passé… Sans Smog, le jeu personnel de Callahan à se saisir de notions et à marquer son environnement de son empreinte allait encore s’intensifier.

lundi 25 avril 2011

Smog - Paroles (2) : Supper

Feather by Feather

You spent half of the morning
Just trying to wake up
Half the evening
Just trying to calm down
And you live for
The same things
A cloudburst seems rarer every time


And it's crow vs. crow
A brawl in mid-air
Beak click on beak clack
No reason is there
But for the brawl in mid-air

If you're losing your wings
Feather by feather
Love the way they whip away
On the wind


When they make the movie of your life
They're going to have to ask you
To do your own stunts
Because nobody nobody nobody
Could pull off the same shit as you
And still come out alright


If you're losing your wings
Feather by feather
Love the way they whip away
On the wind


It's Ali vs. Clay
Both pummeling away
A champ always fights themself


And you are a fighter
You are a fighter
You are a fighter


And Kids got heart
Kids got heart
Kids got heart


If you're losing your wings
Feather by Feather
Butterflies drowned in wine lyrics


Butterflies drowned in wine
I'm headed into town
Where up is up and down is down
None of this fumbling around


Phantom fingers straighten a phantom tie
I'm going to talk to some people there
Forget everything I'm told
In one ear and out the other

An eagle flies right through my mind
The shadow skims across the land


Some people add and some subtract
I love an expert I hate a hack
You've got to bust up a sidewalk
Sometimes
To get people to gather round
And I'm prepared to do whatever it takes
I'm prepared to do whatever it takes
For temporary brother sisterhood


Move the tables and the chairs aside
And give me some room
I'm going to show you something
You won't soon forget


Butterflies drowned in wine
Butterflies drowned in wine


I'm headed into town
Where up is up and down is down
None of this fumbling around



Morality

I could kiss you
The sunlight coming through your blouse
Words wont tell me what your bodys all about


I could take you
You could take me
With hands and hair and eyes and bones and
knees


But hey
What would my wife say
What would my wife say
If I was married


I could keep you
With money every month
Some city apartment where I
Where you will stay

But hey
What would my wife say
What would my wife



Ambition


I just dropped by to see you
Cause I’m on my way
In your bedroom
Just on the highway


Came in through your window
I think I’d throw your ribbons on the way


I never use doors no mores
I never use stairs just trees
And I hear their voices
Breaking up from down below
The toe


I just dropped by to see you
Cause I’m on my way
In your bedroom
Just on the highway


Say, are you still tight with that pharmacist

Well I’ve got to get there
Now don’t I
And when I get there
I’ve got to sleep well
Now don’t I
And when I wake up in the morning
Gotta wake up in the morning
Now don’t I
When I meet with them
Gotta be on the ball
Now don’t I
When I do their dirt
I’ve get to feel numb
Now don’t I
When it’s all said and done I
I just got to celebrate
Now don’t I
When I’m done celebrating I
I just have to unwind
Now don’t I


Just dropped by to see you
Cause I’m on my way
In your bedroom
Just on the highway



Vessel in vain


I cant be held responsible for the things I say
For I am just a vessel in vain

And I cant be held responsible for the thing I see

For I am just a vessel in vain



No boat out on no ocean

No name there on no hull

And its not a strain at all to remember

Those that Ive left behind

Theyre all standing right here beside me now

And most of them with a smile



My ideals have got me on the run

Towards my connection with everyone
My ideals have got me on the run

Its my connection with everyone


Such free reign
For a vessel in vain

 Truth Serum


Me and some friends of mine
We stayed up all night taking truth serum
We soon realized the mistake we made
And went our separate separate ways.


I went up on the roof
Where I thought Id find some truth
There beneath the stars
But questions followed me


Do you miss me, when I go
Honey I love you and thats all you need to know
Well then, what is love
Love is an object kept in an empty box
How can something be in an empty box
Well well give me another shot
Of that truth serum


I went back downstairs to check on my friends
Because truth has a way of beginning an end
Big Bruiser Ken walks in says
I like men
I excuse myself and go back up on the roof again
More questions follow me


Is death really the end
Honey I love you and that's all you need to know
Well then, what is life
Well thats a good song
(sings) Without you by my side.


Taking that serum
People people theres a lesson here plain to see
Theres no truth in you
Theres no truth in me
The truth is between
The truth is between


Our anniversary

Its our anniversary
I leave it ajar
And go outside
To look at the driveway stars


The crickets are chirping
They stop at my step
I stop my step
And they start up again


Its our anniversary and the bullfrogs
And everything that can sing is singing
its mating song

The soil is steaming
Grass is swooning
Guns or fireworks are popping
Down in the town
A woman is running
A man jumps up and down


Its our anniversary and youve hidden my keys
This is one anniversary youre spending with me

I slide in the front seat
The drivers side
To hotwire and hightail crosses my mind
But still in the driveway
Fixed like the stars


I flip on the headlights
And go back inside
The climates controlled
While the battery dies

Clipping the wings of your morning flight
The night will end
In some form of excess
Pants around ankles
Too weak to fully undress

Its our anniversary
A celebration of
And heres to next year
Maybe youll join me in my car
We'll drive together
But not too far

We are far from flowers
Cut and dried
So let us thrive let us thrive
Let us thrive let us thrive
Just like the weeds
We curse sometimes



A guiding light


The sun peaked at noon
I watched it hoping it would rise
Just a little higher
And give me a guiding light
A guiding light


I must admit I felt some relief
When the sun began to sink
I mean who really wants to see
Things in blinding white
Blinding white


It grows dark
I feel my way home
Sleep
Sleep if you can sleep


Me I'll be staying up
Long into the night
Trying to prove wrong
All the statements I made

All the statements I just made
A guiding light


You were born in the middle of the night
What better time for a guiding light






Smog - Supper (2003)



Parution : 2003
Label : Drag City
Genre : Folk, Rock
A écouter : Truth Serum, Our Anniversary, Butterflies Drown in Wine

7.75/10
Qualités : lucide, romantique, Doux-amer


Supper est l’un des disques les plus accessibles dans la discographie de Smog, mais non moins ambitieux que ses prédécesseurs ; Callahan s’y révèle en effet en confiance, repoussant un peu plus la paranoïa domestique affiliée à son patronyme. Il y est aussi moins percutant, moins austère qu’à l’habitude. En compagnie de la chanteuse américaine Sarabeth Tucek sur plusieurs chansons, il prouve que ses textes peuvent prendre un sens et être partagés, comme dans cet exquis jeu de question/réponse sur Truth Serum, une chanson en chantier depuis longtemps… mais qui d’une certaine façon ne pouvait voir le jour que lorsque Smog deviendrait plus humain. « Honey i Love you and that’s all you need to know/Well, then what is love/ Love is an object kept in an empty box/How can something be in an empty box/Well well give me another shot/Of that truth serum” » (« Mon cœur, je t’aime et c’est tout ce que tu dois savoir/Ah oui, alors qu’est ce que l’amour/L’amour est un objet gardé dans une boîte vide/Comment quelque chose peut t-il être dans une boîte vide/Eh bien, donne-moi une autre rasade/De ce sérum de vérité. » Le chanteur a toujours été partisan des faux semblants, des jeux de rôles. Sa nouvelle illusion se rapproche avec plus de danger et d’adresse que jamais de la réalité. « Is death really the end /Honey I love you and that's all you need to know/Well then, what is life/Well thats a good song/Without you by my side” (La mort est t-elle vraiment la fin/Chéri je t’aime et c’est tout ce que tu as besoin de savoir/Bien, alors qu’est-ce que la vie/Eh bien c’est une bonne chanson/sans toi à mes côtés. »


Son affection pour son personnage se mélange à sa propre expérience ; il reconnaît que toute chanson est un microcosme, une « bathysphère » dans laquelle vivre et faire triompher l’égo. Le sérum de vérité ne lui fait pas seulement parler plus que de raison, mais il fait apparaître la vérité là où elle existe. « There’s no truth in you/There’s no truth in me/The truth is between» (“Il n’y a pas de vérité en toi/Il n’y a pas de vérité en moi/La vérité est entre nous”). Callahan est là au cœur de quelque chose de régénérant, de sain ; s’il cherche à les maîtriser, les émotions le dépassent pour avoir sur lui une influence finalement positive. Son environnement lui permet de devenir plus lisible, alors qu’il servait autrefois à son opacité. Il a toujours l’ancienne fierté de se façonner une réalité pour lui-même, en excluant tous les autres ; « Forget everything I'm told/In one ear and out the other » (« J’oublie tout ce qu’on me dit/Ca entre par une oreille et ça ressort par l’autre »). Le personnage féminin de Truth Serum est sans doute le plus intéressant à avoir jamais mis les pieds dans une chanson de Smog, là ou Callahan, pour des raisons de vengeance évidentes, n’hésitait pas auparavant à montrer de l’hostilité.


Son respect, il le porte à ceux qui se défendent dans une forme animale, qui revendiquent leur ambivalence. « If you're losing your wings/Feather by feather/Love the way they whip away/On the wind » (« Si tu perds tes ailes /plume par plume/j’aime la façon dont elles battent/dans le vent ») Dans ses périodes les plus sombres, il révérait ceux qui assument leur égoïsme et leur cruauté : aujourd’hui il récuse toute influence néfaste. « And I can’t be held responsible for the thing I say/For I am just a vessel in vain” (“Je ne peux pas être tenu responsable pour les choses que j’ai dites/je suis sans intention »). Vessel in Vain participe au climat de philosophie contemplative du disque. « Mes idéaux m’ont gagné à la course » conclut t-il dans cette chanson. Son environnement a pu le manipuler ; il le réinvestit en le comprenant mieux. Les illusions, il les a dissipées en lui-même.


Il joue de sa pudeur et des limites de la fiction, dans des moments où l’engeance qui l’habite prend le dessus. Sur Our Anniversary, tandis que la batterie meurt lentement, sa dualité se révèle et transforme une virée romantique en célébration sauvage. « While the battery dies/Clipping the wings of your morning flight/The night will end/In some form of excess” (“Tandis que la batterie rend l’âme/Coupant les ailes de ton vol matinal/La nuit va se terminer/dans quelque forme d’excès.”) Transcendant cet aspect d’animalité incontrôlable, Callahan a décidé que Smog serait désormais un outil de séduction, faisant de lui une sorte de bête fabuleuse. «I never use doors no mores/I never use stairs just trees/And I hear their voices” (“Je n’utilise plus les portes/Je n’utilise plus les escaliersseulement les arbres/et j’entends leur voix. »), sur Ambition, l’un des nombreux sommets du disque. Il y a des chansons qui demandaient d’être interprétées depuis longtemps ; d’autres jaillissent dans la ferveur du studio, sans que quiconque ait été prévenu. Callahan avoue essayer de toujours laisser la place à de telles chansons spontanées sur ses disques. C’est le cas de Driving, construit autour d’une unique phrase. « Tu peux le croire ou pas, mais quand ça a été fait, c’était ce que je voulais. C’était exactement ça, mais je n’aurais jamais pu transformer, en faire des mots sur du papier"
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