OO
poignant, lucide
country rock, folk rock, songwriter
Que doit faire un songwriter dont les albums qui ont attiré le plus d'attention sont parus il y a si longtemps, si ce n'est continuer d'enregistrer ce qu'il croit bon, sans plus se soucier de savoir si ses chansons vont laisser un sillon ? Avec une voix qui se rapproche de plus en plus de celle de Dylan, Hiatt, 62 ans, en laissera un, en chantant qu'il faut prendre son temps, mais aussi redresser les torts. Peut importe qu'il chante avec le nez, les mots choisis pour Face of God frappent aussi bien que Ry Cooder entre sa campagne contre Mitt Romney et sa description malicieuse des frasques de Kash Buk, son fou de hot rods. Il chante comme si voulait nous présenter un mec à la vie terrible, pas vraiment lui. Marlene est une récréation savoureuse, Wind Don't Have to Hurry le moment le plus brave de l'album, vengeur, menaçant, qui remet dans un grondement contenu les autres à leur propre inconsistance. Si Hiatt est là pour donner des chansons à reprendre dans les parties du samedi soir, ce n'est pas ce qui transparaît le plus. Il sait, pourtant, que son statut de 'grand songwriter' fera qu'on se servira comme on pourra, en respectant, on l'espère, tout le mordant de ces versions originales déjà organiques. Pas une chanson qui n'est pas un versant raide et touchant, où chaque détail ne puisse susciter le respect, sans que le tempo n’accélère inutilement, Nobody Knew His Name est baignée de slide et de banjo. Baby's Gonna Kick s'amuse des vieux jours qui arrivent. Nothin' I Love a un riff mémorable et plein de phrases pour aller avec : "they took my money and that makes me cry." Pourtant, la seule incertitude des lendemains est celle qui concerne la santé de notre homme. Il y fait allusion, en se déchargeant toujours un peu sur cet avatar, ce mec terrible qui en fait des tonnes. En attendant, Terms of My Surrender, la chanson titre, est un régal qui nous ferait presque préférer cette version dédramatisée de lui-même.