OO
intense, inquiétant, intimiste
rock alternatif, expérimental
L'intensité émotionnelle qu'elle met dans sa musique rappelle parfois Julie Christmas, la chanteuse de Made out of Babies. Mais celle-ci vient de Brooklyn, tandis que Carla Bozulich est de Los Angeles. Il y a cette impression que Bozulich couve les cendres d'une carrière musicale incandescente, démarrée à 15 ans à peine, dont le feu dévastateur s'est transformé en froide désillusion. Ce n'est pas un hasard si les meilleurs morceaux sur cet album sont hantés, mais on ne sait pas s'il s'agit de regret ou d'une veine spirituelle qui demande d'invoquer un renfort de fantômes. Peut-être n'est-ce pas des fantômes, mais seulement que, comme Carla Bozulich préfère improviser, les morceaux trouvent leur justesse dans une respiration sourde qui les parcourt, leur permettant, sur Danceland par exemple, de nous couper le souffle. Les mots agressifs et les textures sont empruntés au rock indus. C'est aussi l'album d'une artiste qui a beaucoup collaboré et se retrouve désormais seule avec ses idées, leur offrant l'audace du dépouillement. Veut-elle encore s'exprimer par la langue trop propre des hommes, après avoir enregistré avec son art-groupe Evangelista un disque baptisé In Animal Tongue ? Quel que soit le véhicule de ses idées, la critique suit : Boy commence même à lui attirer une véritable audience. Qui est cette femme-corbeau provocante et fragile comme PJ Harvey il y a 20 ans ? Boy est superbement enregistré, varié et cinématique dans ses textures, nous investit peu à peu tout en paraissant si détaché. Lazy Crossbones et What is it Baby confirment l'impression de chansons enrobées avec du cœur et non pas seulement avec une intransigeante amertume.
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