“…you can hear whatever you want to hear in it, in a way that’s personal to you.”
James Vincent MCMORROW
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mercredi 25 juin 2014
vendredi 20 juin 2014
FUCKED UP - Glass Boys (2014)
OOO
intense, communicatif
Punk rock, hardcore, shoegaze
Ils n'ont presque pas changé depuis la baffe monumentale de Hidden Worlds puis The Chemistry of Common Life, un album qui s'ouvrait sur l'intense et inoubliable Son the Father et se poursuivait avec les addictives Crooked Head et No Epiphany entre autres. Peut-être que ce groupe n'a pas trouvé un plus large public parce qu'ils se sont posés dès le départ à la croisée du hardcore (le chant de Damian Abraham), de la grandeur sonore de visionnaires (que l'excellence technique du groupe ne remet jamais en cause, quelles que soient, semble t-il, les conditions dans lesquelles ils jouent) qui fait parfois même penser à Devin Townsend et à My Bloody Valentine et ... le punk. Le punk pour l’énergie potache, la performance unique d'Abraham, parolier touchant, précis et prolifique, qui résume bien l'idée du groupe de combiner l'esprit et le corps ; il y a un moment pour poser une prose à vif qui questionne le passage du temps et la place du groupe au sein d'un monde idéalisé, plein d'émotions perméables. Et il y a un moment pour le corps, suintant de sueur lorsqu'Abraham hurle ces paroles et multiplie les actes de bravoure devant son public heureux. Glass Boys montre, au minimum, avec quelle rare constance ils réussissent à reproduire les coup de l'album fleuve, où les hymnes à retardement se succèdent. Plus que Glass dans le sens de verre fragile, on est tentés d'y voir le miroir qu'ils nous tendent : on peut continuer de sauter dans tous les sens, mais il y a aussi cette manière de dire : regardez en arrière, tout ce qu'on a accompli !
mercredi 18 juin 2014
DEATH GRIPS - Niggas on the Moon (2014)
O
expérimental, extravagant
Hip-hop
C'est Gil Scott Heron qui disait que pendant que les américains envoyaient des blancs sur la lune, ils laissaient les noirs mourir de la drogue dans leurs ghettos. A part le titre de cet album, rien de commun entre l'icone soul et la musique désintégrée et novatrice du trio, qui réunit surtout l'un des chanteurs hip-hop les plus immédiatement reconnaissables, Stefan Burnett ou MC Ride, et l'un des batteurs les plus précis du rock doublé d'un dissimulateur hors pair. Death Grips est continue d'être impossible à définir, à cerner, à part pour l'agression quasi gratuite qui le fait ressembler au hip hop le plus violent. Leur collaboraton avec Björk 'sur huit morceaux' a été vantée, ils ont en réalité rendu sa voix presque méconnaissable pour en faire une autre pièce de leur musique de prestidigitateur des ghettos. Depuis trois ans qu'ils paradent sur internet en offrant leurs albums gratuitement, ils n'avaient pas produit un album (qui est annoncé comme la moitié d'un album à paraître) aussi ramassé, ce qui porte les slogans hargneux de Burnett à frapper quand on arrive à la troisième écoute. Ils ont réussi à rendre addictifs même les sons et les phrases les plus létales, viscérales, multipliant les indices qui laissent présager que ce n'est encore qu'un coup de sang. Mais double album et gros label signifient qu'il faudra se retourner et vraiment les juger sur ce qu'il en restera.
SWANS - To Be Kind (2014)
OO
hypnotique, extravagant, lourd
Metal, Post rock
Un album plein de radiations, qui brille comme un soleil maudit sur toute la production musicale de l'année 2014. A la fois régressif et férocement tourné vers les choses qui doivent se produire. L'épine dorsale de cet album c'est Michael Gira, un grand personnage du rock américain. Il a une morgue truculente, une façon bien à lui d'être sérieux, d'éclairer sa musique d'une ambiguïté iridescente, séduisante autant que repoussante. Dix chansons où il joue son va-tout, parfois seul interprète à bord, malgré le son d'un groupe monté par la force de l'illusion. Les dix minutes de Kirsten Supine exhalent ce désespoir. Mais dans un album d'une telle envergure, chaque sentiment se retrouve inversé dans la course d'une folie artistique qui se veut totale. Et quand il part en guerre avec un batteur qui s'appelle Thor Harris et qui rappelle Attila, cela donne la coulée sonore de Bring The Sun/Toussaint Louverture, avec une section centrale hallucinante où le bruit d'une scie marque la limite d'une chanson et le début d'une autre, et où des chevaux renâclent, enregistrés dans le studio, avec que Gira ne se mette à invoquer TOUSSAINT ! LOUVERTURE ! LIBERTE ! EGALITE ! FRATERNITE ! La révolution n'est pas loin. La profondeur du son donne aux paroles élémentaires et épurées un autre sens.
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dimanche 15 juin 2014
THE FELICE BROTHERS - Favorite Waitress (2014)
O
Doux-amer, apaisé
americana
Un album qui ne sort pas la grosse artillerie et ne se vend pas sous une pochette couverte d'anges ténébreux ou autres émanations issues des tourments de la création. Au centre des Felices Brothers (originaires de Woodstock, la bien célèbre ville de l'état de Ne York...) il n'y a désormais plus que 2 frères sur 3, mais la présence de fiddle (violon des rues), d'accordéon donne à l'ensemble, enregistré dans les conditions du live, un coté chaleureux qui perdure avec les écoutes. On le réécoutera d'abord pour les entraînantes Cherry Licorice et Lion. Leur capacité à raconter des histoires assez poétiques est intacte et si l'album manque de nuances à cause de leurs limites techniques, les ballades Constituents ("chasing monkeys throught the rings of hell") ou Alien, ou encore Saturday Night se posent de manière très pardonnables sur des accords de claviers un peu amers. La voix écorchée de James Felice est bien dans le ton. Les harmonies vocales, hasardeuses et 'authentiques', ajoutent une dernière toujours de charme à l'album d'un groupe plus ancien qu'on ne pourrait le croire. Cela fait presque 10 ans qu'on les voit enregistrer sans chercher à faire beaucoup de bruit.
Commentaire vu sur You Tube : "Who ever the guy with the violin is, fuck him!!!"
Le triste sort réservé au violon quand il est joué par un groupe de 'rock'.
mercredi 11 juin 2014
OUGHT - More Than Any Other Day (2014)
OO
habité, entraînant
indie rock, post-punk
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mardi 10 juin 2014
OWEN PALLETT - In Conflict (2014)
OO
orchestral, intimiste, aérien
pop
La musique d'Owen Pallett peut paraître indéchiffrable malgré ses atours dansants. Ce n'est pas l'hypothétique accompagnement d'un ballet ; elle est le ballet, contient ses propres pas de danse moderne, dans les rythmes, dans les paroles. Un ballet pour plusieurs personnages, qui tous ressemblent à Owen Pallett sans donner l'évidence de ce que l'artiste poursuit vraiment. Peut-être, comme John Darnielle des Mountain Goats, dont il s'est inspiré, veut t-il tourner les choses inconséquentes de la vie en évocations magiques.
Owen Pallett n'est pas un musicien qui se libère facilement, et pourtant il multiplie les excentricités.
Mais il se libère mieux qu'avant, avec sa voix plus affirmée, et les évocations plus personnelles de ses textes battant en brèche les accusations d'une musique trop cérébrale ou labyrinthique. Elle prend aux tripes, que ce soit le crescendo dans The Sky Behind The Flag, les arrangement dans le style musique de chambre, ou la mélodie vocale chantant "The sun has set on me" qui touche toutes les bonnes notes dans Song for Five & Six. Pallett nous confronte à un fragment d'infini, une énigme de syncopes et de claviers. La légèreté de l'ensemble nous donne l'impression, comme chez James Mc Morrow, de flotter, mais entre des sentiments plus paradoxaux.
In Conflict ne connaît pas de résolution. Après un point culminant dans l'élégiaque The Passions, après l'inquiet The Riverbed et l'optimisme de Soldier's Rock, on sait que c'est une expérience complètement originale.
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orchestral,
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Pop
lundi 2 juin 2014
BRUCE ROBISON & KELLY WILLIS - Our Year (2014)
OO
intemporel, entraînant
country rock, rock
Sous leur air de duo passe-partout, les guitaristes et vocalistes Robison et Kellis sont assez exceptionnels. Les deux moitiés de ce vrai couple ont eu des expériences musicales, qui les ont blindés. Passant sans doute des nuits dans ces salles où le concert fonctionne selon les requêtes du public. Les talents de songwriter de Robison empêche le duo de se transformer en juke-box de luxe. Leur esprit de compétition permet dépasser leur humilité, les harmonies sur Departing Louisiana sonnant comme un de ces grands moments qui signifient le basculement d'un groupe taillé pour les concerts à la petite semaine vers d'autres sphères. Les chansons sont rassurantes, entraînantes, dans la veine de ce qu'a pu faire Steve Earle récemment. La reprise de Harper Valley PTA, la chanson de Tom T. Hall de 1968, profite d'un fiddle qui rappelle les grandes heures de la musique cajun. De la musique traditionnelle moderne et de très bonne qualité !
CLAP YOUR HANDS SAY YEAH - Only Run (2014)
O
indie rock, electronica
attachant, expérimental
A ce point de leur carrière, Radiohead enregistrait Kid A. Avant de partir en tournée, Alec Ounsworth a trouvé le moyen, de préparer un 4ème album complètement aliéné, composé seul et joué (parfois) en groupe. Quand le précédent, Hysterical a fait fuir 60 % du groupe (Malgré ses mérites, on ne l'a pas écouté longtemps) plus besoin de se soucier de dérouter qui que ce soit. Etre doué et avoir une voix si reconnaissable ne suffit pas, de toute façon, quand internet ne vous porte plus autant qu'avant. L'enrobage électronique et la voix sous-mixée nous inquiètent, avant que la sincérité des chansons et l'omniprésence vocale de Ounsworth finissent par tout mettre en exergue et donner une jolie fragilité, que la version alternative d'Impossible Request, en duo, parachève très bien. Ounsworth pourrait jouer ces chansons en acoustique, même si les boucles d'électronica suggèrent un vortex retenant les chansons ensemble, leur donnant un aspect étranger qui rend les mystères personnels de leur créateur plus intéressants à décoder.
NATALIE MERCHANT - Natalie Merchant (2014)
O
soigné, lyrique, pénétrant
Comfort jazz, songwriter
Natalie Merchant retourne à l'écriture, affutée et puissante malgré le paysage jazz et pop rock un peu trop confortable. Il y a les harmonies, les chœurs sur Go Down Moses (qui évoque la Nouvelle-Orléans), les cuivres et les bois, et cette voix dont le potentiel vous hante longtemps après que l'album soit fini. Qu'importe de ne pas connaître Motherland (2001), le dernier qu'elle a écrit elle-même. The House of the Carpenter Daughter (2003), un album de reprises sensuelles et sérieuses, avait allumé un feu autour duquel on nous chantait des histoires de cette voix marquante. Ce nouvel album fait danser des ombres poétiques et spirituelles.
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