Parution : 6 octobre 2009
Label : Mute
Genre : Crooner, Blues
A écouter : Open up Your Door, Don’t Get Hung up in your Soul, Remorse Code
7.50/10
Qualités : élégant, pénétrant, nocturne, rétro, apaisé
Truelove’s Gutter est un disque remarquable par la force de ses textes. C’est un album d'auteur qui est, musicalement également, très intéressant, avec l’utilisation de scie musicale, des ondes Martenot (popularisées par Radiohead, c’est l’ancêtre du synthétiseur qui émet un son proche de la voix humaine), et, surtout, de l’harmonica de verre, qui évoque un peu le son d’une coupe de crystal sur lequel on passe un doigt mouillé. « Je voulais un son pour illustrer le soleil qui se lève », dit Hawley. Il s’est lassé des cordes qui habitaient abondamment ses précédents disques.
Label : Mute
Genre : Crooner, Blues
A écouter : Open up Your Door, Don’t Get Hung up in your Soul, Remorse Code
7.50/10
Qualités : élégant, pénétrant, nocturne, rétro, apaisé
Truelove’s Gutter est un disque remarquable par la force de ses textes. C’est un album d'auteur qui est, musicalement également, très intéressant, avec l’utilisation de scie musicale, des ondes Martenot (popularisées par Radiohead, c’est l’ancêtre du synthétiseur qui émet un son proche de la voix humaine), et, surtout, de l’harmonica de verre, qui évoque un peu le son d’une coupe de crystal sur lequel on passe un doigt mouillé. « Je voulais un son pour illustrer le soleil qui se lève », dit Hawley. Il s’est lassé des cordes qui habitaient abondamment ses précédents disques.
L’introduction du disque, As the Dawn Breaks, est un magnifique note d’harmonica vibrante, où l’on entend aussi quelques chants d’oiseau ; le thème est ainsi tout simplement dessiné. Puis, lentement, la voix de Hawley se met en route, qui, de registre baryton, évoque celle de Bill Callahan : « As the dawn breaks, over roof slates, hope hung on every washing line… » On se dit que c’est exactement le genre de compagnie qui nous plairait au cœur d’une ville de bruines et de fumée comme Londres. Avec Open Up your Door, le deuxième morceau, ce sont des trésors de générosité toute en retenue, de douce rêverie qui deviennent bientôt, dans le cœur, de grandes chansons. A ce stade commence un voyage quelque part entre les glorieuses années cinquante et les ruines d’aujourd’hui.
Ce n’est pas du rock, plutôt l'idéal dénuement, mâtiné d’ondes Martenot sifflantes, pour habiller une personnalité toute cendres, fumée et feu.
Ce n’est pas du rock, plutôt l'idéal dénuement, mâtiné d’ondes Martenot sifflantes, pour habiller une personnalité toute cendres, fumée et feu.
La cinquantaine peut être difficile à passer lorsqu’il faut trouver sa voix en musique – Nick Cave, par exemple, l’a fait à sa manière avec No Pussy Blues, au sein de Grinderman ; il se posait en cinquantenaire frustré de ne pouvoir s’attirer les charmes de sa femme cible. Jarvis Cocker, le co-leader du groupe Pulp avec Hawley, s’est transformé sur son nouveau disque en homme d’autorité, urbain et moderne, appréciateur de ses années de jeunesse, ne renonçant pas à quelques conquêtes passées. C’est vouloir demeurer vif dans le temps qui court, quels qu’en soient les inconvénients.
Ashes on the Fire a l'air d’une grande chanson de Johnny Cash. C’est dire si Hawley parvient à trouver le ton juste. A ce point enfoncé dans le sentier brumeux et solitaire de Truelove’s Gutter (Le poète Thomas Truelove parlait dans l’un de ses textes d’une gouttière à Sheffield ou l’on jetait ses déchets). Les chansons de Hawley sont d'une simplicité frappante, telles que, n’ayant pas coutume de parler ni d’entendre l’anglais, on puisse tout de même les comprendre ; pétries de vieilles manières, à la façon d’un Morrissey : « You’re the beauty of the town ». Les vers enchâssés en rimes sont souvent remarquables, parfois joueurs dans cette diction épurée. «Those white lies made your eyes white/ I’m likewise on those white lies » sur Remorse Code. Un tel titre, comme le final Don’t You Cry, installe un superbe confort.
Hawley a grandi en écoutant Elvis Presley et il est le fils d'un d’un musicien de blues - c'est le matériau à l’origine de sa sensibilité. Son art s’exprime aussi dans sa manière de travailler les notes sa diction comme lorsqu’il répète « baby » sur Don’t Get Hung up in your Soul. Ce n’est pas du rock, plutôt l'idéal dénuement, mâtiné d’ondes Martenot sifflantes, pour habiller une personnalité toute cendres, fumée et feu. Les ondes Martenot procurent une introduction au bord du surréalisme à Soldier On. C’est ainsi ; en reprenant à son compte, avec personnalité, une atmosphère pénétrante, Hawley transforme son disque en reconstitution. Cette poésie ne manque pas de s’envoler, sur Open Up Your Door ou Soldier On, en grandes envolées lyriques.
« It was your birthday yesterday, i did a gift that almost took your breath away » est la ligne magistrale qui ouvre For Your Lover Give Some Time. Il touche alors son entourage de la même émotivité que celle qu’il incarne, celle d’un authentique rêveur.
Merveilleuse analyse du disque. Je ne comprends toujours pas pourquoi ce génie n'est pas reconnu à sa juste valeur.
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