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lundi 11 juin 2012

The Ethiopians


L'un des groupes vocaux qui ont le plus influencé par leurs messages et leurs riches arrangements et textures, les Ethiopians ont accompli la transition entre le ska et le rock steady, en pavant aussi le chemin pour le roots reggae plus engagé. Leonard Dillon (né en 1942), leur chanteur, devint peu à peu l'un des charismatiques ambassadeurs de la culture reggae. Il est décédé en 2011 et un large hommage lui a été rendu.

Pour expliquer la magie du groove des Ethiopians, Dillon suggère toujours qu’il s’agissait d’expérimentation. Producteurs comme musiciens semblaient toujours avides de nouvelles expériences, désirant multiplier les possibilités de rythmes qui leurs appartiendraient. « Nous avons pris le rythm and blues et la calypso pour en faire du rock steady. C’est seulement une question de jouer plus lentement certains instruments, et d’en jouer d’autres plus rapidement. »  Les rythmes doivent aussi pouvoir être dansés. “En ces jours vous deviez créer le son, se remémorera-t-il. Vous deviez produire les chansons et inventer une danse pour vendre ces chansons.” 

En 1964 à Kingston, Dillon rencontre Peter Tosh qui l'introduit auprès des Wailers. "J'ai fait quelques chansons des Wailers avec eux. Bunny [Wailer] et Peter [Tosh] m'apprenaient beaucoup sur les harmonies."

Ceux ci le présentent à leur tour à Coxsone Dodd. "Quand je suis allé au studio, Bob [Marley] venait juste de faire Simmer Down. » « Chaque samedi j’allais chanter à l’église. Quand vous entendez ma musique et que vous écoutez les paroles, ça évoque l’amour et la joie. Tout ce qui concerne Jah." Dillon rencontre de ce pas  Stephen Taylor et Aston Morris, qui forment un duo de rue, et ils décident de former ensemble The Ethiopians. « Nous répétions dans un endroit appelé The Ethiopian Reorganization Centre, où toute la culture rastafari était bien visible. », commente Leonard Dillon pour expliquer le choix du nom. Les Ethiopians véhiculent à toute vapeur les valeurs rasta, qui faisaient passer l’héritage ethnique avant la religion. « Mon grand-père était chrétien, c’était un prêtre, et il ne m’a rien appris quant à l’église. Il me parlait plus volontiers de l’Afrique et comment nous nous sommes retrouvés ici. »

Une entrevue avec Albert Griffiths (qui devait former les Gladiators) donnera lieu à Train to Skaville. Les Ethiopians s'introduisirent même dans le top 40 en Angleterre ou les skinheads s’approprient la musique ska et ses relents d’indépendance. En 1967, ils continuent avec Engine 54, Train of Glory ou Stay Loose Mama, et le très percussif The Whip. Ils avaient trouvé comment s'adresser au corps et à l'esprit tout à la fois, les saxophones réunis par Dodd complétant de façon particulièrement excitante les injonctions de Dillon.

Everything Crash, enregistré en 1968, critiquait la situation politique de l'époque, évoquant le rationnement d'eau et les coupures d'électricité ; ainsi qu’un incident pendant lequel 31 personnes furent tuées par la police. Reggae Power (1969) et Woman Capture Man (1970) complètent cette suite fascinante. Stephen Taylor se fit renverser par un camion dans la station-service où il travaillait, ce qui marqua la fin d’un période de créativité faste pour le groupe.

Mais la hargne de Dillon donna encore l'excellent Slave Call (1977), un tour de force pour lequel il recrute son propre groupe Nyahbinghi. De Ethiopian National Anthem à Obeah Book, l'album tourne plus que jamais autour des thèmes rastas.  Le Let It Be des Beatles y est réécrit comme un spiritual.

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