VOL 2 : ROOTS REGGAE
Introduction
Les
rythmes du rock steady se sont ralentis, la basse est devenue
proéminente. Les versions instrumentales, le dub et les DJs sont les
nouveaux visages du reggae. Les artistes solo, nouveaux venus ou
héros de l’époque du ska aillant évolué hors de leurs
formations d’origine, sont nombreux à sortir d’excellents
albums. Le reggae s’est imposé en Europe, en Angleterre en
particulier. Ce n’est qu’au
début des années 1980 que la reconnaissance mondiale va suivre.
Juste avant cela, les années 77, 78, 79 sont propices aux plus
incroyables séries de disques de la part de groupes à la maîtrise
et à la vision impressionnantes. Souvent amenés par des auteurs et
chanteurs charismatiques, les meilleurs trios sont ceux qui
embrassent la ‘culture’ locale, presque une trinité – le
Rastafarisme, l’appel à la paix politique et à la renaissance
sociale, l’environnement et le mode de vie à travers la culture du
chanvre (cannabis) et sa consommation.
Le Rastafarisme est une déclaration d’appartenance par laquelle vient la liberté. Pour être libre, il faut avoir un héritage à défendre, des valeurs communes qui transcendent les réalités économiques, l’égoïsme, l’isolement, les difficultés quotidiennes. La star internationale Alpha Blondy reconnaît un jour : « j’ai choisi le reggae parce que les Jamaïcains sont plus africains que les noirs Américains », évoquant le lien privilégié qui réunit la petite île et le cœur du grand continent – le Ghana, l’Ethiopie. Le peuple de Jah (Dieu) est pourtant sans frontières. Son utopie est de créer un grand mouvement fasse progresser tout un peuple comme un seul homme, et la musique entraînante, dansante, excitante sert à démontrer que la révolution vient du cœur autant que de l’esprit. Le reggae est une musique du cœur ; c’est une musique parfois amusante, pleine d’humour, mais surtout de tendresse et de mélancolie. Quand reverrai-je cette terre que mes ancêtres ont laissée derrière moi ? Quand verrai-je mes désirs de révolution se propager dans les cours des maisons du ghetto de Kingston, Trench Town, et jusque sur la place publique ? Le reggae tente de réconcilier les conflits et de passer outre les guerres froides ; le symbole le plus fort, c’est lorsque Bob Marley réunit deux opposants politiques lors d’un grand concert pour la paix (avant de subir une tentative d’assassinat). C’est aussi Peter Tosh avec Equal Rights en 1977. Rien à faire, l’île est scindée en deux, en partie à cause de l’influence américaine écrasante.
Le Rastafarisme est une déclaration d’appartenance par laquelle vient la liberté. Pour être libre, il faut avoir un héritage à défendre, des valeurs communes qui transcendent les réalités économiques, l’égoïsme, l’isolement, les difficultés quotidiennes. La star internationale Alpha Blondy reconnaît un jour : « j’ai choisi le reggae parce que les Jamaïcains sont plus africains que les noirs Américains », évoquant le lien privilégié qui réunit la petite île et le cœur du grand continent – le Ghana, l’Ethiopie. Le peuple de Jah (Dieu) est pourtant sans frontières. Son utopie est de créer un grand mouvement fasse progresser tout un peuple comme un seul homme, et la musique entraînante, dansante, excitante sert à démontrer que la révolution vient du cœur autant que de l’esprit. Le reggae est une musique du cœur ; c’est une musique parfois amusante, pleine d’humour, mais surtout de tendresse et de mélancolie. Quand reverrai-je cette terre que mes ancêtres ont laissée derrière moi ? Quand verrai-je mes désirs de révolution se propager dans les cours des maisons du ghetto de Kingston, Trench Town, et jusque sur la place publique ? Le reggae tente de réconcilier les conflits et de passer outre les guerres froides ; le symbole le plus fort, c’est lorsque Bob Marley réunit deux opposants politiques lors d’un grand concert pour la paix (avant de subir une tentative d’assassinat). C’est aussi Peter Tosh avec Equal Rights en 1977. Rien à faire, l’île est scindée en deux, en partie à cause de l’influence américaine écrasante.
L’année précédente, le même a déjà secoué avec Legalize It, touchant à un problème très sensible : l’herbe. C’est d’épanouissement et d’espace vital qu’il est question. Pour en rester au pur pragmatisme, la fumette rend plus supportable les barreaux de la pauvreté. Poser dans un champ de chanvre en train de fumer demande un peu de courage, quand être pris en possession de joint peut condamner à 18 mois de prison. Culture fait la même chose avec International Herb (1979), mais ils sont trois sur la pochette. U Roy émerge d’un nuage de fumée sur celle de Dread i a Babylon (1975), l’un de ses chefs-d’œuvre. La culture et la consommation de la plante est une affaire de territoire ; et l’on sait que partout où l’on revendique du territoire pour en faire quelque chose culturel il y a toujours quelqu’un pour le convoiter à des fins moins ‘culturelles’.
Culture
Juste
à gauche du fameux visuel de pochette sur lequel Joseph Hill, Albert
Walker et Roy Dayes sont en pleine séance de fumette devant un
buisson touffu de chanvre, une série de drapeaux : le Japon,
les États-Unis, l’Angleterre, la Chine ou le Brésil. En 1979, le
reggae est l’un des genres musicaux les plus influents au monde,
inspirant des stars internationales. Pourtant, des formations comme
Culture (d’abord baptisés The African Disciples) rappellent que ce
n’est pas un genre musical générique hérité d’un seul moule,
mais une musique étroitement liée à l’identité du groupe qui
l’enregistre.
Chacun cultivait sa singularité, spirituelle, politique, musicale. Ceux qui réussissaient le mieux étaient les plus persévérants et solides, souvent amenés par un leader téméraire. L’auteur et chanteur charismatique de Culture, Joseph Hill en faisait partie. Sa voix puissante est légèrement voilée est un élément clef de Culture, soutenue parmi les harmonies de ses coéquipiers Roy Dayes et Albert Walker par l’invention de gimmicks mélodiques puissants et cuivrés, et des rythmiques assez rapides et versatiles. Joseph Hill n’a abandonné sa carrière qu’en 2006 ; en plein concert, il s’écroule sur scène et meurt.
Après Bob Marley, le mieux qui puisse vous arriver dans votre découverte du roots reggae, est d’ouvrir le boitier jaune vif de Two Sevens Clash (1977), avec la photo d’un trio vocal à contre-jour sur la pochette. A l’intérieur, le CD arbore fièrement le label de Joe Gibbs, apparemment imprimé directement depuis un vieux 45 tours. Joe Gibbs est un autre producteur de légende. Comme les meilleurs artistes de l’ère roots, son influence était due à sa persévérance ; il produisit des séries de singles et d’albums redoutables.
Two Sevens Clash emprunte son nom à une prophétie qui prévoit l’apocalypse lorsque les chiffres 7 se rencontreront, le 7 juillet 1977. Le reggae n’était jamais plus puissant qu’en empruntant aux prophéties, la chanson-titre s’exécutant en rappelant celles de Marcus Garvey. Pour les véritables croyants, la fin du monde n’apporte que la délivrance et la promesse de rejoindre le sein du royaume de Jah. L’album eut un tel succès qu’à la fameuse date, nombreux furent ceux qui restèrent enfermés chez eux.
Two Sevens Clash est un superbe mélange de styles et de sons. Les interjections, parfois électroniques, les guitares très présentes soulignent l’intensité fervente de Joseph Hill. Hormis le morceau-titre, les point forts sont See Them a Come, Natty Dread Take Over ou Get Ready To Ride the Lion To Zion.
Culture se maintint en forme avec Harder Than The Rest (1978) , Cumbolo (1978) et International Herb (1979). C’est la meilleure période de leur carrière. Ces albums ont été réédités et sont faciles à trouver.
Chacun cultivait sa singularité, spirituelle, politique, musicale. Ceux qui réussissaient le mieux étaient les plus persévérants et solides, souvent amenés par un leader téméraire. L’auteur et chanteur charismatique de Culture, Joseph Hill en faisait partie. Sa voix puissante est légèrement voilée est un élément clef de Culture, soutenue parmi les harmonies de ses coéquipiers Roy Dayes et Albert Walker par l’invention de gimmicks mélodiques puissants et cuivrés, et des rythmiques assez rapides et versatiles. Joseph Hill n’a abandonné sa carrière qu’en 2006 ; en plein concert, il s’écroule sur scène et meurt.
Après Bob Marley, le mieux qui puisse vous arriver dans votre découverte du roots reggae, est d’ouvrir le boitier jaune vif de Two Sevens Clash (1977), avec la photo d’un trio vocal à contre-jour sur la pochette. A l’intérieur, le CD arbore fièrement le label de Joe Gibbs, apparemment imprimé directement depuis un vieux 45 tours. Joe Gibbs est un autre producteur de légende. Comme les meilleurs artistes de l’ère roots, son influence était due à sa persévérance ; il produisit des séries de singles et d’albums redoutables.
Two Sevens Clash emprunte son nom à une prophétie qui prévoit l’apocalypse lorsque les chiffres 7 se rencontreront, le 7 juillet 1977. Le reggae n’était jamais plus puissant qu’en empruntant aux prophéties, la chanson-titre s’exécutant en rappelant celles de Marcus Garvey. Pour les véritables croyants, la fin du monde n’apporte que la délivrance et la promesse de rejoindre le sein du royaume de Jah. L’album eut un tel succès qu’à la fameuse date, nombreux furent ceux qui restèrent enfermés chez eux.
Two Sevens Clash est un superbe mélange de styles et de sons. Les interjections, parfois électroniques, les guitares très présentes soulignent l’intensité fervente de Joseph Hill. Hormis le morceau-titre, les point forts sont See Them a Come, Natty Dread Take Over ou Get Ready To Ride the Lion To Zion.
Culture se maintint en forme avec Harder Than The Rest (1978) , Cumbolo (1978) et International Herb (1979). C’est la meilleure période de leur carrière. Ces albums ont été réédités et sont faciles à trouver.
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