chronique écrite dans le cadre d'un article à paraître dans Trip Tips 26.
OO
soigné, lyrique, onirique
Pop, Indie folk, orchestral
Ceux qui cherchent dans les manifestations de mélancolie de grand mouvements, et des tournures originales, devraient écouter Efterklang, qui le font d'une façon assez détachée pour rappeler des parangons de la musique électronique comme Matthew Dear, jamais Sigur Ros et rarement Bon Iver. Il m'es arrivé de songer, comme modèle du chanteur Casper Clausen, à Mark Hollis, du groupe pop Talk Talk, à sa manière un peu détachée et froide. Une chose qui frape en voyant Caser Clausen en concert, c'est son allure de grand échalas, résolument penché au-dessus de ce qu'il chante. A ce point de la progression du groupe, critiquer la façon de chanter de Clausen – particulièrement peu démonstrative – revient à tenter inutilement de causer une mutinerie sur un navire en critiquant son capitaine. Plusieurs membres d'Efterklang ont d'ailleurs déjà quitté le navire, pour que le groupe se retrouve désormais sous a forme d'un trio - souvent bien entouré (Nils Frahm au piano, Peter Broderick au violon...). Il ont raté les retrouvailles de Clausen avec la mélodie vocale, ici, sur Between the Walls surtout.
La richesse de cet album se mesure en termes conceptuels et musicaux. Musicalement, c'est une profondeur sans exubérance, basée sur la qualité de sons (sur la finale Monuments par exemple). Et que penser de la façon dont le concept - isolement dans une ville fantôme - se transforme en méditations lyriques affectées ? Leur nouvelle marque de fabrique, en comparaison avec Parades (2007) et même Magic Chairs (2010), est une force minimaliste basée sur une rigueur un peu triste.
Told to Be Fine démarre dans le feu de cette ferraille frappée, transformée en percussions hétéroclites comme celles des premières nations, figurant un travail à l'unisson, les musiciens faisait désormais office de mineurs à la place de ceux qui ont quitté Piramida, la ville polaire slave, depuis longtemps. Ces marimbas improvisés produisent des sons réticents à se mélanger, enfermés chacun dans leur propre résonance – ils produisent une forme de vide et de beauté dont on ne prend la mesure qu'au fil des écoutes. Told to be Fine se termine par des chœurs, non pas ceux d'une chorale de 70 femmes, cette fois, mais du trio, qui répètent « Told you it's ok/keep me away » « Je t'ai dit que ça irait/de me laisser à l'écart. » Au final, la chanson ne laisse pas une impression très physique, mais plutôt celle d'émotions lointaines renfermées, de lieux sacrés que la lumière de cette musique pop moderne dénature. Les méditations de Clausen, ses refrains répétés discrètement, sont autant de moments emblématiques du disque dans ce qu'il contient de détachement. C'est dans l'écart entre ce qu'on entend et ce qu'on verra, une fois le groupe sur scène, que réside aussi l'intérêt d'Efterklang, un groupe capable de se réchauffer au fur et à mesure que des musiciens de talent se mettent à jouer, au fur et à mesure que le public joue à se perdre dans leur mélancolie sophistiquée.
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