O
lyrique, original, fait main
folk, expérimental
« Inside i was a-wanting silence/ to be with somebody golden / so fill your heart with my love / and make sure you're okay with my love / i'm having dreams about you / all of the things i put you through / I should have give you the world. » Somebody Golden nous fait instantanément entrer dans un univers à la densité lyrique exceptionnelle. C'est la voix de Michael Wookey, sur le fil, qui nous invite la première à l'intérieur de ces 'rêves sous-marins'. On devine qu'il va s'agir de fantasmes, comme une manière de créer un terrain de liberté où tout se permettre, un endroit de folk étrange que trop de réflexion ferait s'effondrer. « J'adore les vieux enregistrements sur cassette, le blues... Je veux me rapprocher de cet âge d'or où il n'y avait qu'une seule prise, » racontait t-il pour le webzine français Save My Brain à l'occasion de la sortie de son premier album, Gun Gala.
La musique de Michael Wookey peut d'abord dérouter, car son tour de force est d'essayer d'articuler plusieurs choses : une voix singulière, une passion pour essayer toutes sortes d'instruments et son envie de complètement se livrer à son public, d'être sur la brèche. «J’essaie plein de choses, ce n’est pas forcément facile et ça marche rarement du premier coup. » C'est un artiste qui éclate les lieux, les musiques et les scènes ; anglais francophile que l'on observera souvent de passage à Paris dans les temps à venir, aperçu au Point Ephémère avec l'Islandaise Olöf Arnalds et affilié à Björk parce qu'il lui a emprunté le producteur Valgeir Sigurðsson (qui a aussi travaillé avec Cocorosie et Feist) et l'artiste peintre Gabriela Friðriksdóttir. Une certaine sensibilité féminine parcourt d'ailleurs l'album, que ce soit dans le choix des arrangements ou l'utilisation de certains instruments tels que la harpe.
Cependant, contrairement à Björk par exemple, Wookey n'est pas intéressé par l'utilisation de moyens électroniques pour créer de la musique. Il préfère utiliser toutes sortes d'instruments, avec leur histoire, comme cet harmonium hérité de son grand-père et n'ayant pas servi depuis la Seconde Guerre Mondiale, qui sert d'épine dorsale à Jesus Warm my Cocoa. (la chanson au titre le plus étrange de l'album, et aussi la plus courte). La délicatesse est le sentiment prédominant avec des chansons telles que And That's Left is Blood. Le grand vide laissé par l'absence de batterie est utilisé à l'avantage de l'ambiance, ce qui peut conduire certains à y voir une sorte de cabaret. Le cabaret implique pourtant beaucoup de codes et Submarine Dreams ne se fie pas à des codes, c'est un disque absolument personnel, fait en toutes choses selon les termes de Wookey.
Il n'hésite pas à dérailler sur fond de cuivres et de timbales, à se montrer menaçant lorsqu'il chante « tu fais bouillir mon sang » dans une chanson aux cuivres cauchemardesques fameusement rythmée par des halètements. Plusieurs titres révèlent un aspect violent rendu convaincant par l'intensité de l'interprétation de Wookey. « J'ai des sujets souvent sombres », reconnaît t-il. On semble avoir demandé aux instruments de mener leur propre existence, ce qui amène à y voir un étrange pendant anglais aux précieuses errances de Tom Waits. Cet instrumentation peut être débordante comme minimaliste, les cœurs habillant quelques coups portés ça et là dans des percussions de bohème sur Thumbs Up. Submarine Dreams est un bel exemple pour montrer comment la folie scénique et, de ce fait, toute la singularité d'un artiste fiévreux peut trouver son chemin jusqu'à l'enregistrement en studio.
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