OO
folk, americana
poignant, sensible
En l’espace d’une seule année, en regardant bien, en écoutant beaucoup, on peut trouver des connections bouleversantes entre certains artistes, comme celle qui existe entre John Moreland et Steve Earle, l’une de ses idoles revanchardes. Avec sa corpulence de malade de la tyroïde et ses chansons brisées mais pourtant encore vives, d’une certaine manière, il m’a aussi fait penser à Jackson C. Frank en fin de course. Combien d’albums a encore John Moreland devant lui ?
Son apparence comme ses chansons trahissent un artiste qui devra faire un effort énorme pour retirer tous les mauvais os de son corps, tout ce que sa jeunesse a laissé de tourments impossibles à digérer. En interview, sans surprise, il semble du genre à se défaire de son talent, se disant incapable de faire à la guitare la moindre chose qui retienne vraiment l’attention. Les atours sont donc simples, mais la présence de l’artiste suffit à hisser son album parmi les meilleurs du genre en 2015. L’album, par moments vif et entraînant, atteint sa plus grande dépression avec Cherokee, une chanson à pleurer qui commence par : « J’ai toujours un goût de poison/je ne chercherai plus à bien aller/je continue de scruter l’horizon/cherchant des mensonges à révéler » sur des accords basiques. Le timbre du chanteur tire de cette mélopée tout ce qu’il y avait à en faire, sans doute.
Cleveland County Blues évoque irrévocablement Josh T Pearson dans son album au désespoir sublime, The Last of the Country Gentlemen (2011). Comme lui, Moreland est de ces songwriters qui semblent trouver par la purification la voie des meilleures mélodies, mêlant avec un doigté halluciné country et americana. En termes de mélodie, prenez l’orgue hammond sur la chanson-titre qui clôt l’album. Sad Badptist Rain, elle, creuse dans la voie de cette americana de prêcheurs vengeurs, pour une politique de l’âme plutôt que pour une police des mœurs, débordée et maladroite.
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