OO
extravagant, sensible
Folk-rock, synth pop
La voix de Grant est plus grave que jamais, changée, et un poil plus épuisée dans son élégance ombrageuse que sur le chef d’œuvre Queen of Denmark. 5 ans ont passé. Grant a quitté les Etats Unis pour l’Islande avant de revenir à Dallas pour enregistrer avec John Congleton (St Vincent) cet album de contrastes. Ainsi cette pochette aux yeux effacés, car Grant est l’enfant les années 80 qui protège son innocence et son âme de notre regard de chapardeur.
C’est un disque déroutant mais pas pour autant un disque de faux semblants. Ce n’est pas un album qui donne l’impression de cacher tant de beautés que cela sous la surface – ou est-ce que l’on a appris à déceler tout de suite les richesses d’un disque de John Grant en tombant sur Glacier dans le précédent album ? Ainsi, ici, Down Here, Global Warming ou No More Tangles.
Grant nous pousse dans des styles que nous n’aurions pas côtoyés. Avec ou sans claviers cheesy, il a cet art de s'introduire partout. Très bien quand il évoque Gary Numan (Black Blizzard) ; mais Prince et sa pop un peu trop lisse ne semble pas assez excentrique pour lui, déçoit sur son évidente volonté de dérouter et de concilier plus radicalement laideur et beauté. Dans la pochette de son premier album en solo, il y avait bien une belle rose rouge en regard de la dépouille d’un oiseau écrasé. Un caniche et deux chiots qui ressemblaient à des boules de Geisha.
On a des chansons qui prises individuellement, laissent penser à une quête de perfection (Global Warming…) et ressemblent pourtant, dans un jeu de miroirs, à d’autres chansons sur les précédents albums, et peuvent dans l’ensemble donner l’impression que Grant se répète. C’est particulièrement vrai pour les ballades combinant guitare et piano mais désormais c’est aussi vrai pour les numéros funky qui rappellent Black Belt ou Sensitive New Age Guy. On aimerait pouvoir comparer ces éclats discoïdes à Bowie, d’autant plus que John Grant fait parfois preuve de meilleur goût et de plus de finesse, mais une hésitation subsiste. Les réticences sont toujours balayées par la qualité de paroles qui dressent le ressentiment en totems et nous engagent avec une magie toute littéraire.
Voir aussi l'article sur John Grant
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