Un album qui pourrait être la somme de beaucoup d'autres. C'est une musique préparée par le chanteur/songwriter Matthew Houck seul, mais qui regarde dans toutes les directions ; pleine d'innocence mais riche en allégories (« j'ai mis du temps à comprendre que la rivière était trop grande pour moi ») et réinventions, très construite mais fragile, si on s'en tient à la voix un peu cassée de Houck sur Muchacho's Tune, la chanson la plus directe de l'album ; soignée mais respirant la fraîcheur country, dès l'utilisation de l'instrument phare de cette musique, une steel guitar, sur Song For Zula. On pourrait tout mélanger, mesurer l'humanisme et le pouvoir de rédemption de cette musique à l'aune des tous les instruments qu'on y joue, de la performance d'y avoir intégré des trompettes mariachi mexicaines – car l'album raconte quand même une expérience au mexique. Le son est d'une profondeur glorieuse de bout en bout. Y mettre autant de lui-même donne à chacun de ses albums une force qui les fait durer longtemps : le rustique Pride (2007), l'hommage à Willie Nelson, To Willie (2009), le brise-coeur Here is To Taking It Easy (2010). Ce n'est pas étonnant que le producteur soit John Agnello, qui a travaillé avec Kurt Vile : on retrouve certaines sonorités. Cela quand il ne part pas sur la piste d'harmonies à plusieurs voix, ajoutant toujours de nouvelles dimensions plus festives ou grandioses à ses tonalités nocturnes, évoquant une chaleureuse isolation. Ainsi le final épique de The Quotidian Beasts (jusque là, l'album s'est écoulé tout seul) est suivi par une ballade réparatrice qui, sur un dernier solo de trompette, achève, ou presque, la parade si vivante de cet album sensitif. Ensuite, Sun's Arising, c'est une conclusion, un signe de la main, pour un album qui aurait bien pu être comme la longue fin sonore de l'histoire racontée, à l'instant où j'écris ces lignes, du label Dead Oceans jusque là.
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