O
intense/ludique
noise rock/avant-pop
intense/ludique
noise rock/avant-pop
Bjork a fait appel à de prestigieux artisans pour concevoir
le Gameleste et d’autres instruments originaux et très imposants pour
enregistrer son album Biophilia. Arone Dyer et Aron Sanchez, le duo américain derrière
Buke and Gase, a fabriqué ses propres bâtards - un ukélélé baryton à six cordes
et un hybride de guitare et de basse, appelés respectivement le buke ‘se
prononce biouke’ et le gass ‘gace’.
Animé d’une solide passion pour les techniques appliquées à
la création musicale, Aaron Sanchez a travaillé par le passé à la conception d’instruments
pour le Blue Man Group. Arone Dyer
évoque sans doute Merrill Garbus (TuneYards ) ou Annie Clark (St Vincent) mais
aussi la Bjork punk-pop des débuts. Malgré leur recherche de nouvelles limitations
musicales afin de créer un langage propice à la création, c’est la voix de Dyer
qui permet à Buke and Gase de vraiment s'épanouir. Elle en contrôle parfaitement tous les
timbres, surtout lorsqu’elle atteint ses limites dans les aigus ; elle
enroule tous les différents tons de ses cordes vocales autour d’un bouquet de
règles musicales raides mais ludiques déterminées à la conception de l’album,
et dont Buke and Gase ne va pas s’écarter tout au long des treize morceaux de
General Dome. Déconstruction et reconstruction, symétrie, architecture ;
leur musique en staccatos est très physique, répond d’abord à une nécessité
mécanique – Houdini Crush est la formidable mise en route d’une machine
atonale, vaguement métallique - avant que
naisse un échange rythmique à base de syllabes nerveuses et souvent surprenantes
dans la voix de Arone Duyer. Et
finalement provoquer l’épiphanie
mélodique.
Function Falls, un EP enregistré en une semaine, alors que l’album
était déjà terminé, comme un test de spontanéité et une étude sur le ‘contraste
des textures’, agit comme un révélateur du son de Buke and Gase. On y trouve une
reprise du tube club de New Order, Blue Monday, qui témoigne de leur énorme
rigueur, de leur recherche d’une articulation originale, primaire, qui
permettrait de reproduire les vibrations charnelles de la musique pop. Issus d’improvisations
touffues, les morceaux du duo sont comme des joutes qui s’engagent entre la harangue de Dyer, les deux instruments à
cordes tout en tension rythmique et l’important résidu : percussions
jouées au pied, gadjets électroniques, pédales d’effets et vocoder découvert
avec l’enregistrement de General Dome.
Le buke et le gass semblent être un ingénieux prétexte médiatique
pour embrasser le feeling propre aux albums enregistrés dans des périodes de
transition et d’apprentissage de nouvelles façons de jouer. « Nous ne
pouvons pas céder à la complaisance, car les instruments sont difficiles à
jouer, ils nous limitent, et souvent nous avons moins de contrôle [que si c’était
des instruments traditionnels] ». . En réponse au challenge que constitue leur
discipline particulière, ils avouent devoir travailler tous les jours à leur
musique. Le buke et le gass peuvent s’ériger en blog rugissant, produire un son
intimidant, qui ne fait rien pour départager l’un et l’autre des musiciens. Les
voir en concert – ils jouent, c’est assez rare pour être remarqué, assis sur
une chaise – permet de mieux saisir les dynamiques qui appartiennent à l’un et
à l’autre, au-delà des contraintes dynamiques qu’ils se sont imposées.
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