O
envoûtant/élégant
folk-rock/psychédélique
Fantaisie de rock nostalgique d'un duo de Brooklyn, Almanac serait complexe si on décidait de l'attaquer en évocant ses influences. L'évidence de celles-ci donne à voir leurs qualités atemporelles – de Fleetwood Mac à Mazzy Star, des Pretenders à Echo and the Bunnymen, en passant par le psychédélisme électrique de l'UFO londonien des années 60. En se concentrant sur le mystère et la duplicité, entre sensualité et envoûtement, de certaines de ces influences, Widowspeak permet à tout le reste de couler de source ; des structures classiques mais des sonorités qui suscitent un flottement incertain, des guitares aux échos enveloppants, enflammées dans des solos qui perçent à travers la production ouatée, et une voix non pas de 'singer' mais de 'chanteuse', avec l'aura mystique de Stevie Nicks. Avec des noms tels que Molly Hamilton et Robert Earl Thomas, ils semblent sortir d'un livre d'images. Dans ses visuels et ses costumes, le duo se permet une extravagance presque superflue : leur musique dégage charme et singularité.
Un lac de guitares
et une mélodie chevaleresque nous saisit dès Perennials, ou l'on se
rend compte pour la première fois qu'Hamilton va briller par le
manque d'urgence de son timbre, répétant “nothing last long / nothing last long enough”à la manière d'une princesse
plongée dans son miroir, plus intéressée par les turpitudes qui
départagent sa vie adolescente et adulte que par le sentiment de
désarroi profond lié à ce qu'elle chante. C'est du college rock,
avec sa tendresse, sa perception un peu stéréotypée du mal, sa
romance, mais dont l'agression, l'appréhension, aurait été
pervertie par la tentative de rattraper un temps perdu – Ballad of
the Golden Hour. 'Ashes to ashes to ashes' chante Hamilton sur Sore
Eyes, comme pour signifier le constant recommencement émotionnel
auquel s'emploie Widowspeak. Hamilton entrevoit la mort, et même la
fin des temps, en délivrant une vision particulièrement désincarnée
de celle-ci. Des cycles constitués d'attente et d'absence, la
narration d'émotions manquées se constituent, se solidifient avec
The Dark Age, troisième chanson sur laquelle les ambitons mélodiques
de Widowspeak les affilient aux plus rêveurs et aux plus utopiques
des groupes de rock des années 80.
C'est en fuyant
toute esthétique affirmée que Widowspeak trouve son identité et
défie notre imagination. Evitant tout acte de confrontation avec
l'auditeur, même dans les chansons les plus imagées, Devil Knows,
Locusts ou Storm King, ils nous laissent avec l'impression d'avoir
vécu les plaisirs d'un voyage mais sans en éprouver la fatigue, et
prêts à recommencer à nouveau cette étrange quête.
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