Parution | 2006 |
Label | Geffen |
Genre | Rock alternatif |
A écouter | Incinerate, Do you Believe in Rapture, Pink Steam |
°° | |
Qualités | rugueux, soigné |
Sonic Youth renoue avec la joie d’exécuter des morceaux plus concis plutôt que des tableaux imposants et difficiles à manipuler. Voilà Rather Ripped, disque facile à appréhender, souple, rebondissant, plein de feu et de voix de Kim Gordon.
Ils sont au mieux de leur lucidité et de leur optimisme artistique avec Ripped. Je ne sais pas s’ils ont parut aussi enthousiastes depuis leur troisième disque, Evol (1986). A cette époque, ils semblaient sympathiques et légèrement naïfs ; puis est venu Daydream Nation (1988), un double écrasant qui a marqué l’apogée et le déclin d’une vibe. Le son du groupe n’allait être que la somme de son travail, un carcan sans passion particulière – à nuancer selon les disques. Sous l’agressivité des guitares et les attitudes désinvoltes – la crise. Plus tard, avant A Thousand Leaves (1996), le groupe a quasiment disparu. Ce que je ressens en écoutant la plupart de leurs disques, c’est un problème de présence. On voulait les voir faire une erreur, juste pour le panache. Les entendre reprendre I Wanna Be Your Dog ou même Sweet Jane pour prouver leur affiliation à la musique rock et non à tous ces effrayants auteurs de livres abscons. Rather Ripped est donc le disque qui débloque Sonic Youth, qui le fait sortir de ses gonds, lui fait donner du plaisir à nouveau. Pour d’autres, c’est Sonic Nurse (2004), déjà, qui annonçait quekque chose, comme la résurgécence d’une exigence perdue, chez Sonic Youth.
Kim Gordon est bien présente, et il semble qu’elle sait pourquoi elle travaille. Elle qui, mentalité arty oblige, s’imaginait l’action même de chanter un morceau comme une chose purement conceptuelle, et l’enregistrement comme yune chose vraiment bizarre – pure invention de ma part, avec la partde vérité qui lui revient. Sur The Neutral, par exemple, elle est autre que cette partisane du tout construit, apparaissant passionnée et nue. Et puis, il y a le "What a waste/You're so chaste/I can't wait to taste your face."
C’est difficile, on imagine, pour de tels penseurs du son de se convaincre que quelques accords soutenus peuvent vous donner la sensation de flotter et porter votre émotion. Sur Lights out for You, la tension s’apaise et il est plus difficile de trouver le ton juste.
C’est dès lors une bonne chose que les morceaux les moins bruyants du disque sont d’aussi bonne qualité que les imposant Reena, l’insistant Incinerate ou l’aggressif Rats. Pink Steam renouvelle de belle manière ce que le groupe fait de plus progressif, parvenant pourtant à ne dispenser que l’indispensable – le titre du morceau faisant, comme il c'est souvent le cas, référence à l’œuvre d'un écrivain : ici, Didie Bellamy. Il est de notoriété suffisante que l’on peut utiliser les notes des pochettes du groupe comme listes de nouvelles lectures, tant elles sont truffées de références.
What a Waste ou Reena nous convainquent que les Youth sont d’autant plus pertinents quant ils parviennent à condenser leur message, même s’il y a dans leur carrière de longues plages excellentes (Hits of Sunshine et Karen Koltrane sur A Thousand Leaves…). Ils retrouvent, en plus produit, les Tom Violence ou Shadow of a Doubt de Evol. Bien sûr, les temps ont changé, et il n’est plus nécessaire de laisser résonner les instruments comme dans un souterrain ou d’afficher la froideur sensuelle d’alors. Rather Ripped est un disque plus chaud que presque tout Sonic Youth. Même la progression rigoureuse de Pink Steam est envahie de lumière.
Do You Believe in Rapture est sans doute le morceau qui fait la différence, justifiant le plus la progression du groupe vers un son plus doux et attirant.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire