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Trip Tips - Fanzine musical !

samedi 21 novembre 2009

Atlas Sound - Logos




On avait laissé Bradford James Cox avec son groupe Deerhunter, qui a récolté en 2008 un succès important avec Microcastle. Un disque indé-pop dans la grande tradition, et notamment dans la lignée de My Bloody Valentine. Disque particulièrement homogène, Microcastle se déroulait avec une ferveur et une simplicité qui n’avaient d’égales que son évidence mélodique, et devrait se retrouver parmi les meilleurs travaux de la décennie – gardien de cette flamme là, celle des marginaux pour qui la musique est le véhicule du bonheur juvénile, de la sensation plutôt que de la confrontation. On retrouve sur Logos ce flottement qui caractérise l’écriture de Cox ; peu de torsions et de détours, peu de complications aussi ; finalement peu de surprises mais une vraie réussite.

La principale force de cette musique est son honnêteté, sa fidélité. Elle se développe lentement tandis que Bradford Cox gagne ses galons de vrai talent de la scène indépendante – ces fameux « indés » qui à l’excellente approximation qui pullulaient dans les années 1990. Aujourd’hui, les territoires musicaux occidentaux continuent de s’élargir, tandis que la scène New-Yorkaise fait en moyenne cinq bonnes découvertes par an – avec l’intrusion maîtrisée de sonorités africaines par Yeasayer, Akron et quelques autres - ou que la californie en appelle aux chants incantatoires et autres vibrations chamanes pour réanimer les Doors dans des formes infernales. Dans ce climat, l’aventure Cox peut paraître désuette, si ce n’était sa farouche – à défaut d’être vraiment remarquable – excellence. Ses héros : Ricky Wilson de The B-52’s et Laura Carter du groupe d’Athènes les Bar B-Q Killers.

 On le devine à cette révélation, l’atout de Cox est sa sensibilité ; il apprécie la musique des autres d’une manière totalement singulière, ce qui lui permet de régénérer ses influences avec ce même genre de sensibilité discrète et appliquée. Atlas Sound n’aurait pas pu mieux se nommer tants sa diversité est marquée. Projet qui est l’occasion pour Cox d’expérimenter davantage qu’avec le quintet Deerhunter, dont le son est désormais reconnaissable, Atlas Sounds est la somme des influences du mélomane et la preuve de ses aptitudes de musicien. Logos fait aussi montre du tempérament particulièrement ouvert et pacifique de Cox, qui n’hésite pas à inviter des amis chanter et occuper plus ou moins de champ artistique au cours de l’aventure – Walkabout, avec Noah Lennox, est presque complètement un morceau de Animal Collective, par exemple – mais constitue encore un sommet de candeur heureuse dans ce disque malicieux.

C’est par malice que Cox avance, en pleine lumière, quelque part plus engageant que Stephen Malkmus, chanteur de Sparklehorse dont le son ressemble beaucoup à ce qu’on entend ici. Seulement, Logos est ouvert et chaleureux, spontané et charnel – Cox empruntant au folk sensuel ce qu’il ne trouve pas dans sa propre intimité (Attic Lights). Sheila sonne comme un parfait morceau « indé », concis, et à la fois caressant et débraillé. Le titre le plus mémorable dans ce fouillis plutôt familier, c’est Quick Canal, neuf merveilleuses minutes en compagnie de Lætitia Sadier de Stereolab. C’est un morceau dont les bases se développent lentement, s’ouvrant sur un orgue rêveur et poussant l’auditeur vers le monde alternatif parfait, faisant disparaître ses craintes, ses appréhensions – parfois il nous semble entendre le son d’ouverture d’Echoes, le chef-d’œuvre de Pink Floyd. Bercés par les douces vibrations de cet indulgent sommet, on se demande ; que sera le prochain mouvement de Bradford Cox ? Logos, c’est le pas côté et l’élégance des chevaux sur l’échiquier. Mais c’est à Deerhunter, à la fois le roi et la reine de cette partie, d’annoncer le prochain coup.

Un disque gracieux, émouvant, équilibré, intelligent. Un travail qui permet à Cox de se déployer dans l’impitoyable monde de petits bricoleurs et de grands architectes, ceux qui sont, quel que soit leur échelle, remarquables.

  • Parution : 20 octobre 2009
  • Label : Kranky/4 AD
  • Producteur : Bradford Cox
  • A écouter : Quick Canals, Walkabout


  • Appréciation : Méritant
  • Note : 7.25/10
  • Qualités : poignant, varié

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