OO
ludique, communicatif, audacieux
psych rock, blues rock
Des éléments de culture locale dans
un disque rock donnent dans le meilleur des cas l'impression d'une
envie indéfectible de s'adresser à tous les êtres humains, en
dépit de la frontière tracée par un régime militaire dictatorial.
C'est au Pérou en 1969. Traffic Sound n'est pas un groupe générique,
et ils ne tentent pas vainement d'appeler à un public le plus large
possible. Leur culture sonne comme de l'énergie pure, qui a abattu
les frontières dès l'origine, avec une intuition et une inspiration
qui semble en appeler à tous les pays opprimés par des régimes
d'enfermement de la culture. Ils sont l'appel de l'aventure, des
expériences psychiques. D'ailleurs Meskhalina offre, dans ce dernier
registre, un hymne inattendu à la nation Inca en proposant d'en
vanter le cactus hallucinogène.
Sur Virgin, propulsé par le plus
important label de musique péruvien, MAG, ils déploient leur propre
'révolution', avec une attitude unique, qui valorise bien plus que
certains de leurs pairs anglais la cohésion de groupe. Que ce soit
les sons latins ou simplement leur approche, ils recyclent les
meilleurs sentiments de communion de la world music au service d'un
son presque purement anglo-saxon, à la fois psychédélique et
focalisé. Les rythmes indolents portés par le saxophone de Jean
Pierre Magnet sont rendus à des rivages oniriques, et traversent
tout l'album. On ne sera pas étonné de découvrir que ce groupe
s'est fait la main dans un premier album, Bailar a GoGo, inspiré par
le blues rock des Doors, de Cream, de Iron Butterfly. Une suite de
neuf minutes, Yellow Sea Days, est l'occasion d'une fresque
rocambolesque vivifiante et enjouée ou le piano, les interjections,
les cris sauvages nous préparent à la véritable mue en maître
lézard du chanteur Manuel Sanguinetti dans le morceau suivant, un
blues enfiévré exactement dans la veine de Jim Morrison.
D'ailleurs, on croirait entendre deux groupes jouer simultanément,
et non un seul. C'est une constante dans cet album qui frappe par
l'impression qu'un vaste hangar bourré d'instruments a été alloué
à son enregistrement. Simple est empreinte d'un charme tout sixties.
C'est une musique évidemment faite pour porter loin, et pour
s'ancrer profond. Des chœurs tribaux, des solos abrasifs, et les
percussions se pavanant au premier plan sont le propre de Traffic
Sound.
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