OO
nocturne, contemplatif, lucide
synth pop
Leur rock éthéré, calibré mais selon leurs propres rites, ne fait plus tout à fait le même effet. Après le très accrocheurs Time Between et le balancement huilé du réussi If I Were to Lie viennent des moments qui ressemblent à des improvisations tardives, comme des réflexions après coup, décrivant des sensations trop vraies pour vraiment être retranscrites avec des 0 et des 1 lancés sur le bitume refroidi. Idéal pour déambuler dans les rues d'une grande ville la nuit. They Dream, donc, se réécoute toujours avec une légère appréhension. Les sirènes de la réalité sont altérées a la moitié de la chanson, menée tambour battant, quand le groupe s'offre sa première parenthèse de solitude, qu'on serait tenté de décrire comme 'bien méritée'. Le prédécesseur de ce disque avait la densité d'une équation difficile à résoudre. Les guitares de la contemplative The Sun and the Moon and the Stars ne font que nous perdre un peu plus, et on entend surtout les mots 'once in a lifetime', comme un écho à l'angoisse des vies calibrées chez les Talking Heads. Chaque blip sur Demon provoque une sensualité presque agressive que I Love You, It's Cool (2012) avait à peine suggérée. Ils titillent le vide, celui, créatif, de New York à l'époque où la finance a remplacé le rêve ? Les choeurs, réels ou fantasmés ensuite sur Way Off, sont une bonne trouvaille. N'appartenant à aucun genre réel, ce disque revendique le droit de laisser flotter des humeurs que l'on ne peut pas toujours rassembler. Ce n'est pas toujours facile, comme le sublime le refrain de Memory Heart.