“…you can hear whatever you want to hear in it, in a way that’s personal to you.”
James Vincent MCMORROW
Qualités de la musique
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samedi 26 avril 2014
dimanche 13 avril 2014
THE AFGHAN WHIGS - Do To The Beast (2014)
O
sombre, pénétrant
rock alternatif
Do To Te
Beast n'est pas le genre d'album sur lequel j'ai envie de réfléchir
à froid. Ca
mènerait finalement à ne plus en parler. L'envie
mélodramatique du chanteur écorché
Greg Dulli est très bien
soulignée par cette musique orchestrée, interprétée par un plus
large ensemble qu'il y 20 ans, dans des ambiances qui se font parfois
explosives sans que
n'en ressorte vraiment de nécessité.
L'abondance de claviers, de percussions complexes
voire de cuivres
est révélatrice d'un jeu de cache-cache porté à son paroxysme.
Les
chansons démarrent sur le velours rouge, finissent souvent en
cacophonie mais ne sont
jamais meilleures que lorsqu'elles se
dissipent dans quelques notes de piano rhodes (Lost
in the Woods). Il
faut cerner à nouveau le personnage de Greg Dulli, ce qu'il a été
globalement depuis 25 ans pour trouver pleinement poignant ce disque,
entre l'album
rock
et la bande originale de son présent. Même si on
aimerait avoir à les éviter, plusieurs
grandes questions surgissent
tels des écueils qui réveillent les nostalgies des temps
passés
comme des feux sur un lac de bile. Qu'en est t-il de la voix ?
Elles est de plus en
plus entravée, et désormais mixée en deçà
de ce qu'elle a pu être. A l'image d'Algiers, la
plus belle chanson
de cet album, ce n'est une musique vitale que si on cherche à
remonter à contre-courant, à ébouriffer. C'est à dire, qu'il faut
l'écouter en restant absorbé.
Et juger par la deuxième partie de
l'album si Dulli a envie de nous dans son petit jeu ou si
son groupe
n'abreuve que sa propre mélancolie. These Sticks finit les choses en
beauté,
mais Black Love (1996) les avait terminées en grandeur avec une
chanson de plus de huit
minutes.
JIMBO MATHUS & THE TRI STATE COALITION - Dark Night Of The Soul (2014)
OO
élégant, attachant
rock
Découvrir Jimbo Mathus avec Dark Night of the Soul était
impressionnant. Le musicien un peu vaudou figurant sur la pochette ne
choisit pas de disparaître dans un nuage d'herbes et de présages,
mais apparaît plus enclin à écrire des chansons (plus de 40 ont
servi de base à l'album) personnelles que sa façon particulièrement
intense de chanter rendent déchirantes. Il n'utilise là encore que
peu de mots, mais les musiciens sont toujours plus justes et précis.
Peut-être
est-ce le fait d'avoir travaillé avec Valerie June sur Pushing
Against a Stone, mais Mathus devient plus percutant lorsqu'il prend
le chemin d'une rédemption sur Writing Spider. En quelques minutes
d'éblouissement, enfin seul avec ce dieu si cher aux américains,
quand ils finissent par entrer dans l'âge adulte. « Certains
disent que Jesus est la réponse. Que c'est Jesus qui peut vous
libérer. Je ne vais pas affirmer ou infirmer. Il a pris la faute
pour tout, même le pêché originel. J'ai pris la faute tellement de
fois sur des problèmes que j'avais. Mais j'ai relativisé...
Personne n'a demandé à naître, à se trouver là. Je ne fais que
regarder cette araignée, tisser son histoire sur le mur. »
Est-ce que ce sont vraiment les paroles de la chanson ? Ou le
fruit d'une énième conversation que notre journaliste est allé
attraper, en bon samaritain musical, pour donner des allures de
pasteur à notre Huckleberry Finn, qui n'a jamais été très pressé
de rejoindre la messe ?
Le
classicisme rock et les grands thèmes sont invoqués à la façon
vaudou, dans ce qui restera un sommet de la carrière de Mathus. Il
faut revenir à la chanson titre, où la prise de voix sonne
tellement juste et nuancée qu’on a à chaque fois l’impression
que Mathus la chante de nouveau pour nous. Plusieurs de ces
chansons sont d'ailleurs des premières prises, enregistrées comme
de simples démos. La puissance épique de White Angel, le groove
marécageux de Fire in the Canebrake ou la fureur de Burn the Ships,
qui fait ressembler son groupe au Crazy Horse (la même lâche
intensité) sont des moments qui ne s'oublient pas de sitôt. Et à
aucun instant on ne perd de vue que l'action se situe dans le delta,
nourricier en diable.
jeudi 10 avril 2014
SHEMEKIA COPELAND - Never Going Back (2009)
OO
groovy, communicatif, élégant
blues, funk, rythm and blues
Dans la vie, 'il est toujours trop tard et il est temps'. En tout cas, il n'est jamais
possible de revenir en arrière.
Shemekia Copeland sait toujours attirer votre attention avec
une classe
qui ne perd pas de son mordant depuis 1998 et la parution de Turn
The Heat Up.
Elle n’enregistre pas seulement des
albums pleins de style, mais
aussi d’humanisme. Plus trivialement, des disques que vous
gardez dans votre
lecteur mp3 et que vous réécoutez à chaque fois que vous êtes d’humeur à
vous
battre avec un salesman, un politician ou un advocate (celui du Diable, en
général) dans
un corridor aux plafonds hauts. (Important pour l’acoustique, les
hauts plafonds). Que vous
réécoutez quand vous arrivez au bout de votre
journée, de votre contrat, quand il s’agit de
supporter des gens qui à l’évidence
n’écoutent jamais de blues. Même sous
des abords aussi
doux que ceux du visage sur cette pochette (et le rendu assez
fade qu’elle provoque), c’est une
musique qui sonde tout de suite votre envie d'en découdre. Tout en vous détendant, avec le
très ouaté Black
Crow ou les funkys Born a Penny et Limousine.
Comme je l’avais remarqué d’abord sur 33 ½, paru en 2012 (et
sans doute encore meilleur),
les chansons vous saisissent, même lorsque votre
compréhension de l’américain reste
limitée ; Copeland a un talent pour décrire
les déceptions et les injustices d’une manière
qui redonne de l’élasticité à la
vie toute entière. Il suffit de ne pas se sentir déjà battu
d’avance.
La grosse claque, ici, c’est la présence de Marc Ribot (Tom
Waits…) en guitariste
providentiel
pour un boogie (Never Going Back To Memphis)
et d’autres morceaux qui remettent les
penseurs d’opérette (religieux par
exemple, sur Big Brand New Religion) à
leur place.
Cet album n’a sans doute pas de moments aussi dramatiques qu’avant,
mais grâce à un
groupe parfait, le message est mieux soutenu sur l’ensemble de
l’album.
samedi 5 avril 2014
JAMES COTTON - High Compression (1984)
OOOO
communicatif, intemporel
blues, rock and roll
Le rock déballe ce sentiment de ne pas être à la hauteur de ce que l'autre attend de nous.
Généralement l'être aimé, voire, dans les cas les plus tragiques, sa famille la plus proche. Le
regret, le remords, que le blues transmet avec le plus d'humilité et de générosité.
L'humour, la vivacité entre les mains d'un harmoniciste aussi extraordinaire que James Cotton,
font oublier les sujets graves. On danse, au son de sa voix rauque, qui date de quand il en
avait une. Elle est même la principale attraction de certaines de ces chansons.
Aujourd'hui, il n'en a plus, et il a peut-être produit en 2013 son testament, où on
l'entend vaguement croasser quelques mots, parfois, entre les attaques toujours fracassantes
de ses harmonicas.
A travers cet album, on devine que le blues est une musique moderne, sans couleur
particulière, révélatrice en ligne directe du sentiment qui l'habite. En 1984, ce disque
authentique était inespéré : les musiciens sont choisis pour faire le pont entre traditionnel et
contemporain, avec Pinetop Perkins au piano, et la production est épargnée des effets de
style qui on rattrapé le funk ou le rock à l'époque.
Un disque découvert grâce à la médiathèque de Nanterre.
Généralement l'être aimé, voire, dans les cas les plus tragiques, sa famille la plus proche. Le
regret, le remords, que le blues transmet avec le plus d'humilité et de générosité.
L'humour, la vivacité entre les mains d'un harmoniciste aussi extraordinaire que James Cotton,
font oublier les sujets graves. On danse, au son de sa voix rauque, qui date de quand il en
avait une. Elle est même la principale attraction de certaines de ces chansons.
Aujourd'hui, il n'en a plus, et il a peut-être produit en 2013 son testament, où on
l'entend vaguement croasser quelques mots, parfois, entre les attaques toujours fracassantes
de ses harmonicas.
A travers cet album, on devine que le blues est une musique moderne, sans couleur
particulière, révélatrice en ligne directe du sentiment qui l'habite. En 1984, ce disque
authentique était inespéré : les musiciens sont choisis pour faire le pont entre traditionnel et
contemporain, avec Pinetop Perkins au piano, et la production est épargnée des effets de
style qui on rattrapé le funk ou le rock à l'époque.
Un disque découvert grâce à la médiathèque de Nanterre.
vendredi 4 avril 2014
AGES AND AGES - Divisionary (2014)
O
communicatif, poignant
country rock, pop
Chaque chanson, chaque album raconte le choix crucial et quotidien qu'il faut faire d'être isolé
dans l'abyme de ses choix ou d'être avec les autres, dans un élan où tout est possible.
Divisionary fait, de manière limpide la démonstration de cette dernière situation, avec force
mélodies (Big Idea ! No Pressure !), sous les hospices réparateurs de mains frappées à
l'unisson. Un chanteur devrait toujours venir d'un endroit adopté par lui seul pour se poser là,
capable de rassembler ses inspirations en un message
clair. Tim Robbins a passé 10 jours dans le silence d'un centre de méditation Vipassana en
Inde, où il n'avait pas le droit d'écrire non plus. La voix trahit des souvenirs douloureux du
passé, comme sur Our Demons, mais c'est le simple plaisir de laisser les impressions de vie
remonter à la surface, avec toute la fraîcheur dont est capable ce genre de country rock, qui
prédomine. Et il y a un hymne indispensable en fin d'album, une chanson qui marche quel que
soit notre âge, notre condition, nos goûts en matière de vie : Divisionary (Do The Right Thing).
Tambourins, piano, percussions explosives, et chant en call-and-responses donnent une
épiphanie pop moderne. En attendant le deuxième et hypothétique album de ce groupe aux
voix entrelacées et juvéniles, Avi Buffalo, que Ages and Ages évoquent souvent...
PROTOMARTYR - Under Color of Official Right (2014)
OO
intense, sombre
post-punk, rock alternatif
Enregistré dans un froid glacial à Detroit, cet album est déjà une référence post-punk, avant
même qu'on puisse se le procurer. Son austérité de guitares tournoyante est traversée d'une
basse enlevée qui donne une rondeur inattendue aux morceaux. Les sentiments s'insinuent en
nous par à coups contradictoires, le groupe parvient même à faire oublier un peu qu'existent
The Fall ou No Age, par exemple. Ils nous encouragent à chaque minute à trouver non pas la
sortie, mais la clef qui nous fera comprendre cette oeuvre, la ville à laquelle elle se rattache, et
accepter tous les défauts d'hospitalité et les solitudes. Ils nous montrent des humeurs comme
des rues, entrelacées, interconnectées telles des sections rythmiques. Scum, Rise !, Come
and See et I'll Will TAke That Applause donnent à l'album une dernière moitié digne, l'une des
meilleures que l'on puisse imaginer pour un groupe qui souhaiterait faire une grande oeuvre
tout de suite, mais veut aussi aller réchauffer sa vie ailleurs.
tout de suite, mais veut aussi aller réchauffer sa vie ailleurs.
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