OO
naturel/lucide
folk-rock/pop
« Je voulais m’investir entièrement dans les choses qui
sont importantes pour moi, et laisser tout le reste de côté. Le temps peut
diluer votre détermination et c’est entièrement votre décision d’empêcher
ça. » Travelling Alone est l’album de folk-rock le plus naturel d’une
chanteuse américaine reconnue notamment pour la clarté et la pureté de sa voix. C'est sa mise au point à l’approche de la
quarantaine. Plus que jamais, elle descend le chemin d’un folk-rock d’auteur
révérencieux dans la veine de Joni Mitchell, Dan Penn, Lucinda Williams ou
Carole King.
On voudrait croire que le thème de la solitude a été battu
et rebattu en chansons, mais c’est avant de se rendre compte que la solitude
est souvent vécue comme un état de fait, un sentiment subi et dramatisé. Au
contraire, la solitude qu’évoque Tift Merritt c’est une solitude productive.
Etre seul est un engagement, le fruit d’une réflexion sur ce qui importe à ses
yeux, les chansons. Les chansons ne sont pas la somme d’une certaine quantité
de solitude, mais des pensées vives et profondes, des personnages qui attendaient
de trouver leur histoire vraie. « Les choses superficielles me dépriment.
Ce n’est pas forcément lié à la vie moderne. Je pense qu’à chaque époque, il y
a toujours eut des distractions. » Une nouvelle chanson, Small Talk
Relations, parle de cela : toutes les petites rencontres sans profondeur
qui empêchent de véritables interactions d’exister. « Avec la distraction
arrive ce vide, cette solitude inhérents. Certaines personnes multiplient ces
rencontres sans conséquence qui leur procurent un regain d’énergie, mais dans
mon expérience personnelle ces relations sont vaines. »
Travelling Alone est aussi la somme de moments de félicité
en studio, enregistrés par Tucker Martine (Laura Veirs, Abigail Washburn, The
Decemberists). Merritt a décidé de s’entourer de musiciens brillants (Marc
Ribot…) mais capables de s’effacer pour mettre en avant sa voix – un peu moins
travaillée qu’auparavant. «Je me suis dit qu’il fallait que je devienne l’artiste
que j’ai toujours voulu être, et la personne que je souhaitais devenir étant
petite fille », confie-t-elle pour expliquer sa volonté de faire une
musique empreinte de la simplicité du quotidien. Sweet Spot est l’une des chansons
les plus accrocheuses de l’album, et raconte cette envie de devenir d’habiter
ses propres aspirations avec la plus grande sérénité : «I'm just looking
for that sweet spot/Where I can live the way that I want." « Cette
chanson décrit la sensation d’investir ce que vous faites de mieux, sans plus
chercher à forcer les choses. » La langueur pop la moins affectée du monde,
ici ou sur Too Soon to Go, c’est ce qui rend Tift Merritt le plus satisfaisante.
Et chaque musicien y donne le maximum de tendresse et de tripes. « Nous
voulions ce son dense, chaleureux, profond, riche, comme si vous vous trouviez
dans la même pièce que nous. » Ces chansons peuvent paraître trop
classiques à cause de la simplicité de leur approche, mais à travers chacune d’entre
elles Tift Merritt partage une passion des plus authentiques, une humeur
diffuse et engageante en même temps. Drifted Apart, en duo avec le Andrew Bird,
représente incarne parfaitement l’esprit de l’album. « Je voulais que
cette chanson se débarrasse de tout dramatisme – juste un homme et une femme,
très naturels, comme des amants sur le retour, qui ont fini de se battre. »
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