OOO
intemporel, apaisé,
Folk
Michael Hurley a toujours détonné, enregistrant ce qui fut considéré par un journaliste influent le 'plus grand album de folk rock de l'ère rock' en 1976, Have Moicy !. Au terme d'une longue carrière parsemée d'albums confidentiels, Bad Mr. Mike le voit finir la route avec une tendresse immense. La participation de Josephine Foster rappelle leurs points communs ; cette capacité à jouer un folk entièrement selon leurs propres règles, à sembler issus d'une autre époque, et à apprécier de réenregistrer leurs chansons au fil des années, les réinterprétant pour savourer leur impact sur le temps présent. On retrouve sur cet album les instruments de prédilection de Hurley, en premier lieu la guitare qu'il a toujours jouée de manière expérimentale, laissant les cordes chuinter avec moins de retenue que le plus ancien bluesman, et produisant des accords si particuliers. Mais aussi le banjo, le piano Rhodes et l'harmonium, mis à l'honneur dans le passé sur une chanson telle que Lonesome Graveyard, si mes souvenirs sont bons. Ici, sur The Moon Song, il donne l'impression qu'un cycle s'achève, que la musique fait des ronds, des courbes et des méandres, des vallons, afin d'offrir à ce disque le plus beau des couchers de soleil. C'est le crépuscule d'une grande œuvre américaine.
Malgré la fatigue vocale et l'envie de minimalisme, rien de ce que fait cet homme n'est anecdotique ; pour la simple raison qu'il insuffle toujours une fantaisie, se permet une lenteur qui en sublime chaque articulation, comme chez Foster. Certaines de ces chansons (Question sur Sweetkorn, album de 2002 fortement recommandé, par exemple) nous marquent par leur humour délayé, retrouvé chez Bill Callahan. Boone & Jocko a la fraîcheur d'un fruit bien mûr. Beasley's Release est l'une de ces rengaines qui semblent avoir toujours existé. Depuis quand l'a t-il composée ? Combien de fois l'a t-il enregistrée ? L'a t-il vraiment écrite, ou existe t-elle depuis les années 1920 ? Mystère. Elle est mieux à sa place que jamais ici : Hurley y évoque sa rencontre probable avec la mort, un de ces jours. Encore quelques notes précises et arrêtées, depuis le haut du mur sur Dragging the Indian. Une dernière tentative de charmer le serpent, avant de se faire arracher à la campagne éternelle et à la loyauté de quelques amis.
http://www.juno.co.uk/products/michael-hurley-bad-mr-mike/612345-01/
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