Voir aussi la chronique de A River Ain't To Much To Love (2005)
Voir aussi la chronique de Sometimes i Wish we Were an Eagle (2009)
Voir aussi les paroles de Dongs for Sevotion (2000)
Over the course of his prolific career, Bill Callahan has wrapped himself in an almost Hamlet-like enigma. Is he really a tortured soul, destined to be plagued by violent memories, fear of death, and an overly potent imagination? Or is he just a master of disguise, a man with such a proficiency in the language of human emotion that he can draw hopes, dreams, fears, and defeats from the well of human experience, and seamlessly weave them together into a work all his own? I don't know. But I do know that Callahan has cemented his place among America's finest dongwriters.
Matt LeMay, dans sa chronique de Dongs for Sevotion, pour Pitchfork.
Agé d’une vingtaine d’années, Bill Callahan commence à enregistrer, de manière très expérimentale, utilisant des instruments de mauvaise qualité et un lecteur quatre pistes. Peut-être influencé par le groupe Jandek, qu’il admirait, il crée des sons dissonants qui ont donné lieu à des cassettes et son premier album Sewn to the Sky (1990). Il dit avoir utilisé des techniques lo-fi (recours à un sous mixage pour obtenir un son plus cru) non en raison d’une préférence esthétique, mais parce qu’il n’avait pas d’autre possibilité pour faire de la musique. Pavement et Guided By Voices font partie des formations qui se sont inspirées de ses travaux d’alors. Une fois signé avec Drag City, il a commencé à utiliser des studios d’enregistrement et une plus grande variété d’instruments. De 1993 à 2000, les albums de Bill Callahan au sein de Smog – qui est davantage un projet solo qu’un véritable groupe - deviennent de plus en plus maîtrisés. Dans cette période, il a enregistré deux albums avec le producteur Jim O'Rourke et John McEntire de Tortoise, et a collaboré avec Neil Hagerty. Wild Love, en 1995, qui développe la palette musicale au tour d’un songwriting toujours minimaliste, marque un tournant dans la carrière de Callahan ; des chansons comme Bathysphere semblent annoncer de nouvelles ambitions. Bathysphere reste encore aujourd'hui l’un des morceaux fétiches de l’artiste en concert.
C’est alors que son style émerge complètement. Son chant est caractérisé par sa voix de baryton et un style ouvert sans être trop émotif. C’est l’une des voix les plus singulières et réconfortantes de la chanson américaine d’aujourd’hui. Refusant méthodiquement d’adopter une attitude de séduction, il a tendance à éviter l’approche couplet-refrain favorisée par de nombreux compositeurs contemporains, préférant une forme moins appuyée sur la répétition mélodique et lyrique. Les thèmes dans les paroles de ses chansons se portent sur les relations humaines, la vie sauvage, les animaux auxquels il s’identifie. Les critiques ont généralement trouvé sa musique très introvertie. La musique de Bill Callahan est en réalité emprunte de joie fugace et hantée d’humour noir.
Avec Red Apple Falls, en 1997, Callahan prouve encore que l’utilisation avec parcimonie de certains instruments suffit à provoquer une certaine fascination. Le résultat est alors à ce moment le plus proche de la « pop gothique » que certains journalistes ont imaginée – et que l’utilisation parfois surprenante de chœurs de chérubins a peut être stimulée. Des pièces comme Red Apples et Inspirational excitent la curiosité, ressemblent à de la sorcellerie. En réalité, c’est à chacun d’y voir ce qu’il veut. C’est en tout cas loin d’une musique racoleuse, c’est le pur reflet d’un artiste que la reconnaissance du plus grand nombre n’intéresse pas beaucoup, même s’il parvient à accoucher de classiques comme, à cette époque, I Was a Stranger. Son humeur change pourtant sur Knock Knock (2000), disque qui, malgré sa pochette assez ratée, reste à ce jour l’un de ses travaux les plus populaires. Il parvient à varier les ambiances et à proposer les très rock’n roll Held et Cold Blooded Old Times.
Après Dongs of Sevotion (2000), disque au moment duquel Callahan profite d’un regain de popularité – grâce notamment à la teneur déconcertante des ses paroles -, il a commencé de revenir à une instrumentation légèrement plus simple et dépouillée, tout en conservant le style d’écriture plus cohérent qu’il avait développé au fil des ans. Ce changement se manifeste dans des albums tels que Rain on Lens, Supper, et A River Ain't Too Much To Love.
Les chansons de Smog sont souvent basées sur des structures simples et répétitives, constituées d'un simple motif répété pendant toute la durée du morceau. Cet aspect linéaire évoque un travelling de cinéma, glissant lentement sur des visions immobiles, cherchant à révéler ce qui demeure invisible au premier abord. Cela permet au chanteur de porter tout le pouvoir dramatique de ces pièces sur la narration, dans des chansons où chaque couplet pousse plus loin l’exploration, l’expérience souvent empirique de Callahan, et développant souvent en quelques minutes un fort sentiment dramatique autour d’images simples et magiques. Certains ont même vu Callahan leur apporter des révélations ; comme celle que la mort peut arriver n’importe où, n’importe quand... Même si cela semble ne pouvoir concerner que des personnes déjà installables, il est certain ques quelques-unes de ses chansons savent se glisser au fond de votre tête et ne plus vous lâcher.
A River Ain’t To Much to Love, qui contient des morceaux comme Say Valley Maker et Rock Bottom Riser, reste l’un de ses disques les plus accomplis. L’émotion s’y fait transparente. Joanna Newsom, très ambitieuse et talentueuse musicienne (elle joue notamment de la harpe) de la côte ouest américaine, partage alors sa vie.
Son nouveau disque, Sometimes i Wish we were an Eagle, est celui pour lequel il a engagé le plus de moyens à ce jour ; il a nécessité davantage de musiciens en cession, davantage de temps, mais Callahan a remarqué qu’il le méritait bien, après tout ce temps passé sous le signe du dénuement. Le résultat est un disque qui contient des pièces inégalées, comme The Wind and the Dove, Too Many Birds ou All Thoughts are Prey for Some Beast. Pour la première fois, Callahan semble avoir tenté de capitaliser un peu de sa singularité.
Tout au long de sa carrière, Callahan est resté fidèle au label Drag City, dont il fait aujourd’hui partie des vétérans, aux côtés de Silver Jews ou Bonnie « Prince » Billy.
Discographie
Sous le nom de Smog
Sous le nom de Smog
1990 : Sewn to the Sky
1992 : Forgotten Foundation
1993 : Julius Caesar
1995 : Wild Love
1996 : The Doctor Came at Dawn
1997 : Red Apple Falls
1999 : Knock Knock
2000 : Dongs of Sevotion
2001 : Rain on Lens
2003 : Supper
2005 : A River Ain't Too Much to Love
Sous son propre nom
2007 : Woke on a Whaleheart
2009 : Sometimes I Wish We Were an Eagle
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