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samedi 3 décembre 2016

NICOLAS PAUGAM - Aqua Mostlae (2016)




OO
ludique, original, frais
Pop française tropicaliste

"En 2008, j'ai 40 ans. J'écris mes premières chansons en français tout en écoutant, paradoxalement, des artistes brésiliens (….) Milton Nascimiento, Tom Zé et Jorge Ben. » Nicolas Paugam a été régulièrement remarqué, un article par ci, un prix par là. Mais le public ne l'a pas souvent trouvé, voilà. Pourtant si on aime les parcours d'orientation, les jeux de piste, les traversées de l'équateur, la nature de là-bas, on devrait accueillir Nicolas Paugam bras grands ouverts. Le temps de les ouvrir, de faire un pas, il est déjà ailleurs. Aqua Mostlae, fluide, contient ses danses, récurrences, et beaucoup de diversité. Une des premières choses auxquelles il nous fait retourner : le chansonnier britannique Robert Wyatt, qui sans surprise, fait partie des inspirations. L'envie de retrouver une certaine balance des années 60, courageuse en se montrant précieuse, là où les menaces politiques sont combattues avec une légèreté poétique. 

C'est un rêve ou tout semble « trop facile ». Ses influences littéraires* et musicales libèrent Paugam qui 'joue avec les sons ' et qui 'teste'. Aqua Mostlae surprend et éloigne du chemin par ses arrangements, ses directions délicates, sans temps mort. Le lyrisme de La Fièvre est soutenu par le chant de Nelly Dvorak, avec des éclats de romantisme que l'on retrouve aussi plus loin « Je me réveillais, transi, combattant les morsures de ma mémoire vive comme la neige pure. » Il accumule de la clairvoyance, se fait poète de la transversalité naturelle. « Les animaux sont des cousins[...]/Où les dieux sont multipliés/on les retrouve dans des béliers». Sa simplicité est pleine de tangages, l'incertitude se défend de mots dérisoires, autrement il sait qu'ils peuvent trop aisément évoquer la mort, la solitude, la liberté. Il n'a pas peur. Il ne faut pas se défendre trop gravement, mais mimer l'émerveillement. On n'est jamais ni libre, ni seul, et quand on est mort il n'y a rien après.


Païole Koja mais à l'honneur les influences jazz, Django Reinhardt et Robert Wyatt, à renfort de percussion (le cajon). Toujours Aqua Mostlae amuse par tous les ressorts de l'imagination toujours bien mariée au souvenir, au sentiment. Les Serpents de l'Arkansas, il y a des chœurs exotiques, un solo de clarinette de Sylvain Hamel, une batterie jazz tout en syncope, et un vrai groove des ïles. La Merveille des Merveilles décentre toujours plus le discours. Paugam est incapable de délivrer une pensée triste sans amuser, sans nous adresser un clin d’œil, sur Tu vois pas pas qu'on s'aime pas. Les arrangements s'épanouissent progressivement, fruits d'un longue imprégnation des mélodies d'ailleurs. Cordes parfaitement au service de la tournure que prennent ces chansons étonnantes, ravitaillées d'un mélange sans égal.

*Gombrowicz, dont le hasard veut que j'ai lu Les Envoûtés juste avant d'écouter ce disque. Nicolas peut t-il m'en conseiller un autre ?

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