OO
vintage, fait main, poignant
folk, country
Tom Brosseau n'apporte pas seulement sa fragilité presque androgyne, ni même la puissance douce amère, voire ambiguë, de ses chansons bavardes, mais aussi l'impression de fabriquer à partir de vieilles rengaines. C'est le son d'un songwriter qui ne cherche pas à séduire, et dont la voix semble à la fois être la beauté et la malédiction. Elle hante parfaitement les vieilles mélopées, nous confinant sur Roll Along With Me, par exemple, à l'obsession. Le rythme en deux temps évoque les trains dans les chansons de Johnny Cash, mais il y a un flou. 'Perfect' n'est qu'un mot dans le titre de cet album, car c'est son imperfection qu'on apprend à aimer, sa façon dépouillée que l'on doit apprivoiser. Et que dire, par voie de vieux enregistrements de country de type Sun Records, de la guitare ondulante de Tell Me Lord, un de ces chansons subjuguant, dépoussièrent une magie que l'on croyait connaître, mais qui dans les pages de la musique populaire actuelle semble avoir été brûlée. Pareil pour la country rockabilly qui joue son numéro sur Take Fountain. Brossau semble évoluer dans un monde isolé, victime d'enregistrer sa musique dans une époque qui l'ignorera si facilement, par manque de temps. Bien plus long que son précédent album, le tout aussi intriguant Grass Punks (2014, sur lequel, après coup, je me suis aperçu que We Were Meant to Be Together était peut-être son coming out), Perfect Abandon nous plonge au coeur d'une rêverie toujours incomplète. C'est comme de se laver les mains d'une eau qui laisse une autre tâche de sorcellerie sur la peau, dont on ne peut
jamais se débarrasser complètement. C'est le prix à payer pour goûter à un passé aussi lointain. Même l'harmonica rêche sur Goodbye, Empire Builder ne sonne pas vraiment de ce monde.
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