O
audacieux, pénétrant, soigné
avant pop, expérimental
(suite de la chronique de Laura Jean) « Notre Laura a aussi découvert Jenny Hval, une chanteuse et compositrice norvégienne à la voix incroyable. Laura essaie d'imaginer ce que ferait Polly Jean Harvey si elle sortait un disque aujourd'hui. Cela pourrait ressembler à cet album, sauf la pochette, aussi laide et obscure que les interprètes sont lumineuses, dans toute leur blondeur scandinave. J'ai emprunté l'album à Laura, qui en tire une étrange force ces derniers jours. Elle a compris que Berben ne s'en prendrait plus à elle avait des albums tels que celui-ci. C'est sans doute plus efficace, et plus agréable que si elle se mettait à s'habiller comme les romantiques ténébreux. En réalité, je ne l'imagine pas du tout ainsi, elle est trop spontanée. C'est la recherche d'un album castrateur à la Polly Harvey qui lui a fait trouver celui-ci. Un album à deux voix, avec piano et électronique, cela pourrait sentir le concept, mais on se retrouve avec une simplicité et une luminosité inspirées de Kate Bush. Les voix des deux chanteuses ne font qu'une, même dans leur singularité – celle de Hval est capable des note les plus hautes mais aussi de gronder – elles se complètent, viennent du même endroit, se succèdent et se rejoignent comme au fond d'un tunnel désert, où l'on entend 'air s'engouffrer. I Have a Darkness touche à cette évidente noirceur que l'on attendait logiquement, à laquelle l'album à la fois sombre et aérien, nous avait préparés sans nous inquiéter. Après ça, A Sudden Swing est l'un de ces moments de réconfort et de séduction qui jalonnent cette œuvre riche de quinze morceaux.
C'est une musique réfléchie, mais
pas en retrait. Elle contient l'absence de compromis, le féminisme,
une étrange forme de dignité, et une éclatante preuve de talent.
La voix plus égale de Susanna, autre chanteuse norvégienne, apporte
implicitement un équilibre à cet album : elle n'est pas
effrayée de rejoindre Jenny Hval dans ces explorations plus à vif,
comme si le piano triomphant de Wild Dog, son album de 2012, trouvait
un moyen d'aller jusqu'au bout de son lyrisme lancinant, plus personnage qu'instrument. La dévotion de Susanna à la musique la plus organique et ouverte, voire mystérieuse, fait
merveille ici. La meilleure collaboration de l'année ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire