Au final, Love This Giant, se
rapproche, sans surprise, davantage d’un album des Talking Heads
que de Strange Mercy, le dernier St Vincent. Cette suprématie d’un
groove funky qui n’a pas vieilli joue en faveur de l’album, et
permet au duo de révéler encore davantage leur approche commune de
la musique. Leurs excentricités, leur façon méthodique, leur
exactitude, leurs approches stratégiques de l’écriture et leur
talent à extraire l’émotion du processus même de création
musicale sont des forces conjurées avec un plaisir si palpable à la
création de Love This Giant que l’album surpasse la somme de ses
talents comme celle de ses moments d’étrangeté et de grâce.
Byrne semble revitalisé par l’expérience.
Même s’il ne dépasse jamais
vraiment les frontières de la formule établie il y a longtemps, I
Bet On Sky, plus court et donc plus digeste que son prédécesseur,
explore doucement de nouveaux tempos, de nouvelles textures, et
s’écoute avec plaisir, ne serait-ce que pour sa dynamique. De
longues ballades électriques à la mélancolie intense, ponctuées
en fin de face (sur le vinyle) par les compositions plus urgentes de
Lou Barlow bassiste au demeurant qui apporte, ni plus ni moins, sa
touche ‘Sebadoh’ (un groupe qu’il a contribué à créer dans
l’intervalle) pour changer épisodiquement le ton d’I Bet On Sky.
Leur musique vous hypnotise plutôt que
de vous assommer, et vous plonge au coeur de la bataille qui se joue et qui consiste sur le papier
pour l'un des deux protagonistes à harasser l'autre, à le pousser
dans ses derniers retranchements. Ce n'est que lorsque le duo joue
pour de vrai, comme ici, que viennent interférer, de surcroît, des
esprits venus d'un autre monde, ou alors une tempête de cerveaux
télékinétiques .
Leur grosseur n’empêche pas le
groupe d’avoir une certaine subtilité. Les paroles sur Handwritten
semblent plus personnelles que jamais, et c’est peut-être ce que
présageait le titre de l’album. Too Much Blood évoque la relation
entre sa vie privée et son besoin d’évoquer des expériences
personnelles pour continuer à alimenter les chansons du groupe. .
“If I put too much blood on the page / And if I just tell the truth
/ Are there only lies left for you?” Une chanson que l’on peut
replacer dans son contexte en se souvenant qu’au terme du précédent
disque, American Slang (2010), Brian Fallon avait reconnu qu’il ne
savait pas s’il serait capable d’écrire de nouveaux textes pour
un futur album.
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