Parution | juillet 2012 |
Label | Mercury |
Genre | Rock, Scène du New Jersey |
A écouter | Handwritten, 45, Too Much Blood |
O | |
Qualités | efficace, communicatif |
A 4 albums de leurs débuts, The Gaslight Anthem ont clairement choisi de marcher sur les pas de leurs héros. Le chanteur Brian Fallon entretient une relation de respect mutuel avec Bruce Springsteen, et révère Pearl Jam, le grand groupe de rock américain qui suscita l’enthousiasme dès Ten (1991), leur premier album, et les impressionnantes Animal, Alive et Jeremy. Leur vocaliste Eddie Vedder écrivait des chansons poignantes et avait un charisme incroyable (même hors de scène, il suffit de le voir introduire Neil Young au Rock and Roll Hall of Fame pour s’en apercevoir) et tout le groupe semblait vouloir renouer avec les temps d’un rock FM avec du cœur et des tripes.
C’est pareil sur Handwritten ; les petites amies prennent du baby’ et du ‘honey’, et The Gaslight Anthem est resté au temps où les structures couplet-refrain-couplet refrain étaient la seule façon d’écrire une chanson. Pour commencer, le premier extrait de l’album, 45, évoque l’âge d’or du vinyle : « “Turn the record over / I’ll see you on the flip side”. La filiation avec Springsteen vient tout aussi naturellement : comme lui, The Gaslight Anthem cherchent leur inspiration auprès des travailleurs à col bleu dont le but dans l’existence est de rendre leur entourage plus heureux et de distinguer plus clairement la signification de leur présence en ce monde. Brendan O’Brien, le producteur, est aussi un maillon entre Fallon et Springsteen. Le tempo semble ralentir imperceptiblement sur Handwritten, le morceau-titre placé en deuxième position, et Fallon continue d’ouvrir la voie puissamment, sincère et sans détours. « Have you seen my hand ? So just look and shake.” « Have you seen my heart ? Have you seen how it bleeds ? » Rares sont les valeureux qui jouent avec le cœur dans la main tels que le font The Gaslight Anthem, alignant sans faiblir les hymnes – traversés de wooo-hoo, de ye-eeah et de shas-la-la - destinés à être repris en chœur dans les stades. C’est ainsi qu’ils ont une filiation assez évidente avec les Foo Fighters.
Aucune de ces comparaisons ne serait possible si Brian Fallon n’avait pas une voix à l’égal des chanteurs qui viennent d’être cités, reproduisant les schémas de Chris Cornel (Soundgarden) et évoquant même Tom Petty – quand ce n’est pas Kurt Cobain qu’il imite, sur une reprise de Sliver. Cette voix est l’élément le plus convaincant de l’album ; aussi efficaces qu’elles soient, sans cette voix, convaincue, intense, mise au premier plan, les chansons auraient pu sonner creux. Sa férocité occasionnelle garde le groupe dans une forme d’intensité émotionnelle et lui évite la balourdise. La chanson Handwritten, sorte de super-héroïne dont la vigilance vitale prépare et transcende le reste de l’album, revient chaque fois à la rescousse en faisant éclater de nouveau la bonne volonté. "What's your favorite song?/That's mine, I've been crying to it since I was young." L’album est parfaitement séquencé, trouvant son centre dans la power-ballade Too Much Blood et son riff particulièrement épais. "Are you scared this sounds familiar?" Visiblement, Fallon ne craint ni les impressions de déjà-vu, ni qu’on l’accuse d’avoir eu la main lourde ; cette attitude effrontée lui rend service.
Leur grosseur n’empêche pas le groupe d’avoir une certaine subtilité. Les paroles sur Handwritten semblent plus personnelles que jamais, et c’est peut-être ce que présageait le titre de l’album. Too Much Blood évoque la relation entre sa vie privée et son besoin d’évoquer des expériences personnelles pour continuer à alimenter les chansons du groupe. . “If I put too much blood on the page / And if I just tell the truth / Are there only lies left for you?” Une chanson que l’on peut replacer dans son contexte en se souvenant qu’au terme du précédent disque, American Slang (2010), Brian Fallon avait reconnu qu’il ne savait pas s’il serait capable d’écrire de nouveaux textes pour un futur album. Quant à Keepsake, son histoire d’enfance livrée à elle-même est rendue plus déchirante par la présence d’un harmonica. Cette attitude est un peu en retrait avec les 2 morceaux censés conclure l’album (c’est sans les 3 morceaux ‘bonus’ qui existent sur ma version de l’album) ; 2 chansons introspectives, Mae et National Anthem : cette dernière réflexive sur l’état d’une société peut-être découragée parce qu’elle en sait trop sur l’état du monde. Ce n’est peut-être pas le disque le plus direct de The Gaslight Anthem, qui a accusé des comparaisons avec The Replacements, mais c’est un album dont on ressort avec le sentiment positif qu’une grande simplicité est à l’œuvre, une simplicité qui pourrait concerner nos vies aussi.
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