Parution : mai 2011
Label : RED Distribution
Genre : Rock alternatif, Psychédélisme, pop
A écouter : Circuital, Wonderful (The way i feel), Holdin’ on to Black Metal
7.25/10
Qualités : Psychédélique, soigné
Le premier album de My Morning Jacket, The Tennessee Fire (1999), avec ses images de leur état natal le Kentucky, ses silos à grains ; sa réverb, ses mélodies brillantes, la voix haute et fluide du chanteur Jim James, représentait tout ce que les Fleet Foxes leur ont arraché avec leur propre début en 2008. Alors qu’en 2008, le groupe a fait un virage plus rock et funk plutôt trop maniéré avec Evil Urges, il retournent à plus de naturel dans le rock n’ roll éthéré et la pop psychédélique de Circuital. Ce nouveau s’émancipe du reste de la discographie du groupe ; vibrant et libre (ils se réclament de Neil Young aussi bien que de Prince !), il combine des éléments familiers au son du quintet tout en s’épanouissant pleinement dans le présent.
Il profite de la participation du producteur Tucker Martine (Decemberists, Sufjan Stevens, Laura Veirs) qui, s’il a été embauché pour capturer la sensation du live, a habituellement de bonnes idées pour faire sonner le rock américain aujourd’hui avec les acquis d’hier ; ici, dramatique mais léger, aérien mais basé sur un groove irrésistible, et jamais inutilement complexe. Circuital, distingue My Morning Jacket des groupes du passé comme de leurs contemporains. Victory Dance, en ouverture, avec appel de cordes mystique et ambiance un peu sinistre, est surtout basée sur une mélodie de piano électrique dépouillée. De discrètes nappes spatiales apportent à la chanson une atmosphère originale. Le morceau-titre à venir ensuite s’épanouira dans les boucles, les virements, les rebondissements, ouvert et fermé par une mélodie entraînante qui semble réminiscence d’un ailleurs sur lequel il est difficile de mettre le doigt. Les guitares sur ce morceau sont superbes. Cette chanson ne sera pas trop longue de sept minutes pour presque parvenir à contenir toute l’essence du groupe.
Les autres chansons montrent My Morning Jacket capables d’écrire avec tout les sentiments qu’ils échouaient à faire éclore sur leur précédent disque, et écrivant deux de leur meilleures ballades dans le processus ; Wondeful (The Way i Feel), qui rappelle ce qu’ont pu faire Fleet Foxes sur Helplessness Blues (2011), et Movin Away qui ressuscite un peu John Lennon (l’américain politiquement indésirable, pas le Liverpudlien) sous forme de valse déchirante. Le groupe s’amuse aussi, dans des titres aussi personnels que réussis ; Hold on to Black Metal – qui combine cuivres, chœurs féminins puis enfantins, guitare funk avec les atours toujours hantés du groupe - ou You Wanna Freak Out. Les chansons contiennent toutes des secrets du succès du disque ; proposant à chaque fois une articulation qui nous amène à la suivante, se concevant dans un mélange sentimental où la nostalgie existe toujours sans dominer. Circuital est construit à la manière d’un voyage initiatique pour quarantenaires, mais il est heureusement tout aussi appréciable à vingt ou à trente. Outta my System raconte un peu cela, tout en mettant au passé prise de drogues et vols de voitures : « Si tu ne vis pas dans le présent et que tu n’essaies même pas/Tu es en chemin pour la crise de la quarantaine ». Il est pourtant davantage question ici de crise musicale que personnelle : My Morning Jacket ne sont plus le futur groupe culte du temps de At Dawn (2001) ou It Still Moves (2003), ni non plus encore des prédateurs mainstream – ils se battent, avec une audace bienvenue, pour une place dans le paysage musical américain.
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